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Tournai : la population a choisi et... maintenant ?

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Chronique d'un dimanche ordinaire et doux.

Le dimanche 25 octobre 2015 restera probablement marqué dans les annales comme un dimanche ordinaire, pourtant, à cette date correspond cependant la première consultation populaire jamais organisée dans la cité des cinq clochers.

On a remarqué à cette occasion que cette consultation était considérée comme un exercice de démocratie par les uns ou comme un vote superflu par les autres. Depuis toujours, la population a été obligée, par la Loi, de laisser le choix de ce qui était bon ou mauvais pour la cité entre les mains des seuls élus. Le vote que nous émettons lors des élections communales, régionales, provinciales ou fédérales donne un blanc seing à ceux qui ont été portés au pouvoir.

Consulter la population est un pas vers une démocratie participative à condition, bien sûr, qu'on n'interroge pas les gens pour un oui ou pour un non. Le législateur semble d'ailleurs avoir accordé ce nouveau droit en faisant la fine bouche et en créant des balises qu'on pourrait interpréter comme marquées par un manque d'honnêteté intellectuelle.

Le taux de participation.

Prenons le fait du dépouillement. Celui-ci n'a lieu que si 10% de la population a émis un avis. Ce n'est pas foncièrement honnête et en voici la preuve :

la ville de Tournai compte 69.210 habitants. Selon la loi, il faut donc  que 6921 votes soient exprimés pour que le dépouillement devienne effectif. Si ce nombre n'est pas atteint, les bulletins passent tout simplement aux oubliettes. Dans ce nombre sont comptés les moins de 16 ans qui ne peuvent voter ainsi que les éventuels interdits. Si on tient compte de ces éléments, on voit apparaître un nombre réel de 57.541 personnes pouvant participer à la consultation. Or 10 % de ce nombre représentent 5.754, fameuse différence ! On constate donc que le législateur a voulu mettre la barre le plus haut possible pour espérer échapper au dépouillement ! A lui de nous prouver le contraire !

Ce dimanche, 11.366 Tournaisiens se sont déplacés dans les bureaux de vote de la ville et des villages formant le Grand Tournai. Ce taux de 16,42 % de la population est calculé sur la totalité des Tournaisiens (même ceux qui sont interdits de vote parce qu'ils n'ont pas la capacité juridique). Si on calcule le taux de participation par rapport aux inscrits, on obtient maintenant 19,75%. C'est ce chiffre plus représentatif que nous retiendrons donc.

La bouteille à moitié vide ou à moitié pleine ?

Comme nous ne voulons pas entrer dans des considérations bassement politiciennes, nous dirons donc qu'un Tournaisien sur cinq (20% des inscrits) a donc pris la peine de se déranger, un dimanche matin, pour faire entendre sa voix, juste le jour où il pouvait dormir une heure de plus en raison du passage à l'heure d'hiver.

On peut considérer ce nombre comme important étant donné que le vote n'est pas obligatoire mais on peut aussi agiter le fait que 80% des inscrits n'ont pris la peine de se déranger (les absents ont toujours tort). Il est néanmoins important de rechercher les raisons de cet absentéisme, elles sont multiples.

On pourrait concevoir que parmi les 53 % de Tournaisiens qui habitent les villages, le problème du lointain Pont des Trous n'était pas d'un intérêt primordial, ce ne fut, semble-t-il, pas le cas.

On doit considérer que depuis l'annonce de cette consultation, de nombreuses voix discordantes se sont élevées dans différents milieux.

Il y a tout d'abord eu certains élus et non des moindres qui, sans faire une campagne avouée, ont distillé leur aversion pour cette consultation. Le coût de 150.000 euros leur paraissait outrancier pour une ville désargentée. Ils se sont enfermés dans cette logique ! Au fond d'eux-mêmes, peut-être ne voulaient-ils pas revenir sur le choix fait "en catimini" par le Collège (pour rappel, à l'unanimité celui-ci avait choisi la solution en résille d'acier) mais surtout, ils ne voulaient pas faire le jeu d'adversaires politiques qui, il faut bien le dire, avaient réalisé une magnifique volte-face sentant que leur position aurait été, très certainement, mal appréciée des Tournaisiens. Certains ont donc dit : "Je ne me rendrai pas à cette consultation" donnant ainsi à leurs supporters et à leurs proches un message à peine subliminal de s'abstenir !

Il y a eu ensuite ces déclarations du directeur des Voies hydrauliques sur les antennes de No Télé annonçant que le choix pour la solution en résille avait été marqué par le collège, que le certificat de patrimoine avait déjà été obtenu et que si les Tournaisiens faisaient au autre choix, ils risquaient de perdre des millions. Cette forme de chantage dictatorial de la part d'un haut fonctionnaire tenu à un devoir de réserve a eu des effets pervers, dans un sens comme dans l'autre. Ses propos ont, dans un premier temps, même été confirmés par son Ministre Maxime Prévot qui ne souhaitait pas revenir en arrière. Ces deux interventions ont donc eu pour but de faire croire aux Tournaisiens que les dès étaient jetés et que la consultation n'aurait aucune valeur, à quoi bon dès lors, se déranger ! Samedi soir, j'ai personnellement entendu des personnes dire sur la Grand-Place: "Je ne vais pas voter, tout est déjà fait, c'est comme toujours". il est vrai que ce même Maxime Prévot, alors bourgmestre de Namur, avait donné un bien mauvais exemple du respect du choix de ses concitoyens ! C'est la démocratie qu'on foule du pied au nom d'intérêts supérieurs !

Il y a également une association ayant pignon sur rue à Tournai qui a fait campagne pour un contournement, rejetant les deux propositions présentées. Beaucoup de personnes ont trouvé aberrant que pour garder le Pont des Trous dans sa structure actuelle, certains faisaient le choix de jeter, une nouvelle fois, la population dans des travaux d'un coût exorbitant avec des expropriations et destructions d'habitations à la clé. Leur rêve devenait avant tout un cauchemar pour beaucoup de Tournaisiens.

Il y a eu certains architectes de la région qui étaient, à juste titre, déçus de ne pas avoir été consultés tout comme ils ne furent point pour l'aménagement du quartier cathédral. Qui sont donc ces dirigeants tournaisiens ou wallons qui délaissent les leurs en pensant qu'ils n'ont pas la capacité de grands architectes étrangers ! Beaucoup ont d'ailleurs mis en exergue l'indigence des projets, un choix peut-être voulu pour atteindre un coût minimaliste ! Pour se faire entendre, ils demandaient de rejeter cette consultation !

Il y a eu une campagne d'un parti prônant la pierre qui a peut-être eu le don d'énerver les personnes neutres ou les sympathisants des autres partis.

Enfin, il y a le désintérêt devenu chronique de la part du Tournaisien pour tout ce qui est organisé dans sa ville, il suffit de voir le peu de succès rencontré par les cortèges des Amis de Tournai, la Halle Gourmande, la procession historique, les foires aux manèges de mai et septembre qui font le désespoir des forains, la braderie, les cirques, les concerts au parc qui ont disparu, le football qui faute de supporters risque de disparaître... A croire que Tournaisien n'est heureux que devant sa console de jeux ou son ordinateur.

Comme on le voit, tous les éléments étaient réunis pour donner à cette consultation un goût amer que certains ont décidé de vomir en ne se rendant pas aux urnes.

Les résultats.

Comme je l'ai écrit, plusieurs fois sur ce blog, j'ai privilégié la solution en pierre parce que, comme le découvrent soudainement nos édiles, celle-ci est l'ADN de notre région, parce que cet ouvrage, une des trois dernières portes d'eau d'Europe du Nord, est, depuis l'origine, érigé dans ce matériau, parce que, tout en n'étant pas opposé au modernisme, je ne veux pas que ce dernier vandalise un témoignage du passé.

Aussi sur le coup de 15 heures, j'ai été heureux d'apprendre que près de 20% de Tournaisiens n'avaient pas écouté le chant des sirènes et avaient montré qu'ils "étaient là". Avec 16,42 % de participation par rapport au chiffre total de la population, le dépouillement pouvait avoir lieu. Qu'allait-il néanmoins en sortir ?

A 19h, une émission spéciale sur No Télé nous donnait le choix des Tournaisiens :

Sur 11.366 votants, il y avait étrangement 19 votes blancs, 1.442 bulletins considérés comme nuls dont 730 portant un double non, un vote recommandé par ceux qui n'étaient pas d'accord avec les solutions présentées. Il y avait 978 (9,85 %) de votes en faveur de la résille et 8.946 (90,15%) en faveur de la pierre. Pour ces deux questions posées, la conclusion n'était pas difficile, il n'y avait pas photo !

Et maintenant ?

Le Président du Conseil communal, Rudy Demotte a annoncé que ces chiffres seraient présentés en réunion de Collège échevinal ce matin et lors de la séance du Conseil communal ce soir. Il a déclaré qu'il porterait ensuite le choix des Tournaisiens au Ministre Prévot, dès le lendemain. Peut-on arguer que 80% des Tournaisiens ne se sont pas exprimés, non, comme dans toute élection, celui qui ne se déplace pas ne doit jamais contester le choix de ceux qui ont voté.

Que va faire le Ministre de la Région wallonne ? Il serait mal venu pour les siens qu'il balaye ses résultats alors que le CDH a lui-même été parmi les trois partis qui ont réclamé l'organisation  de cette consultation populaire.

Le temps presse car, il faut demander une nouvelle étude, peut-être répondre au souhait de ceux qui voudraient voir des écoles d'architecture de Tournai intégrées à celles-ci dans un grand concours international, obtenir un nouveau certificat de patrimoine et signaler la modification aux pouvoirs subsidiant. Y aura-t-il une réelle volonté politique de respecter le choix des Tournaisiens ? Mettra-t-on le prix pour cette nouvelle donne ? L'avenir nous le dira !

(S.T. octobre 2015).


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