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Tournai : nouveaux liftings urbains en vue !

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Les chantiers refleurissent avant même le début du printemps !

L'échevin des Travaux les a présentés, No Télé et la presse locale nous les ont fait découvrir, de nouveaux travaux de voirie débutent en ce mois de février. Les automobilistes tournaisiens vont devoir, à nouveau, composer avec de nombreux aléas de circulation durant les prochains mois et même les prochaines années. Il ne nous reste plus qu'à positiver et à se dire, qu'à force de déviations, visiteurs et habitants de la cité des cinq clochers vont finir par connaître les moindres recoins de la ville.

L'ilot Becquerelle, le quai Dumon et le quai Saint-Brice.

Ce vendredi 5 février, des panneaux ont été déposés indiquant qu'il sera interdit de stationner (et même de circuler) à partir de ce lundi 8 sur le quai Saint-Brice, entre le pont Notre-Dame et le quai Dumon. Il s'agit du début de la première phase de revitalisation de l'ilot Becquerelle et du quai Dumon. Le sous-traitant d'Ores va commencer par poser les impétrants. Les promeneurs les plus observateurs auront remarqué que, depuis belle lurette, de longues canalisations en PVC avaient été déposées le long de l'Escaut, à proximité de l'immeuble de l'intercommunale Ideta.

Le chantier consiste en l'aménagement du site du quai Dumon à partir de la rue Joseph Hoyois jusqu'au début du quai Saint-Brice ainsi que celui de la place du Becquerelle et son prolongement jusqu'au carrefour formé avec les rues des Jardins et de l'Epinette.

Le long de l'Escaut, une promenade similaire à celle qui a été créée sur la rive gauche sera aménagée en pierre bleue, les arbres actuels dont certains sont malades disparaîtront au profit d'essences moins hautes, des bancs et un espace vert sépareront le lieu dévolu à la promenade de celui destiné à la circulation automobile.

Avec une portion moins large qu'actuellement, la circulation automobile se fera sur un revêtement composé de pavés placés en queue de paon, un système de pose beaucoup plus résistant que celle de pavés alignés en quinconce. Les espaces de stationnement seront réalisés au moyen des pavés traditionnels actuels réutilisés après leur enlèvement.

L'ilot Becquerelle et son square central seront réaménagés, l'assiette de la voirie sera surélevée, une copie du buste de Le Ray, volé il y a quelques décennies, sera posée sur la colonne de pierre trônant au milieu de cet espace vert et le hêtre, arbre classé, sera conservé. Le revêtement du trottoir le long de l'immeuble Ideta sera réalisé en pierre bleue, un matériau qui compose déjà le sous-bassement du nouveau siège de l'intercommunale.

Toute médaille ayant son revers, c'est à nouveau le stationnement qui va trinquer et dix emplacements seront supprimés. Une politique insidieuse qui invite, une fois encore, les éventuels chalands à se rendre, de préférence, dans les zones commerciales de la périphérie.

Le chantier devrait se terminer, sauf aléas résultants d'une météo défavorable, dans le courant du printemps 2016. Les autorités communales ont bien précisé qu'il ne faisait pas partie des travaux d'élargissement du fleuve. 

Une modification importante dans l'intra-muros.

Entre les mois de septembre et de novembre, une entreprise a réalisé, à chaque entrée de ville, un revêtement muni d'une limitation de vitesse à 30 km/h et des panneaux ont été placés. Cette limite a été décidée en collège et ensuite votée au conseil communal de décembre. Il reste à obtenir l'accord du ministre régional à qui le dossier a été transmis. Celui-ci devrait parvenir prochainement. Dès lors, dès le franchissement de la ceinture des boulevards, la vitesse de 30 km/h sera effective partout en ville. Les automobilistes auront aussi intérêt à ne pas perdre de vue qu'au sein du quartier cathédral rénové, les rues étant des "espaces partagés", la limite est déjà abaissée à 20 km/h. A voir certains conducteurs descendre la rue de l'Hôpital Notre-Dame, on doute que cette obligation soit connue de tous ! 

La rue de Barges.

Le chantier de rénovation des rues entourant le nouveau Centre hospitalier régional se poursuit. Au cours de ceux-ci, un égout non répertorié situé juste sous l'évacuation existante a été découvert. Cela arrive bien souvent lorsqu'on creuse le sous-sol de cités anciennes, toutefois, une surprise désagréable attendait ceux qui l'ont mis à jour, le conduit n'était pas asséché, de l'eau y circulait. D'où vient-elle, où va-t-elle ? Pour trouver une réponse à ces questions, des sondages ont été être entreprises, c'est la raison pour laquelle, la partie centrale du boulevard du roi Albert à sa jonction avec le boulevard Lallaing a été éventrée, une excavation qui réduit le passage des véhicules. Il est trop tôt pour affirmer que cet écoulement d'eau dans le sous-sol soit à l'origine des fissures apparues depuis quelques temps au niveau des immeubles du boulevard du roi Albert, situés à proximité de ce carrefour.

L'avenue des Peupliers.

Cette avenue relie le vieux Chemin de Willems à la rue Saint-Eleuthère. Le Chemin des Peupliers, aménagé en avenue asphaltée, il y a près de cinquante ans, n'a pas supporté l'augmentation de la circulation apparue au cours de ces deux dernières décennies. de plus, les arbres qui la bordaient ont disparu et leurs racines ont miné le sous-sol. De nombreux nids de poule se sont formés, et ont, régulièrement, été rebouchés au moyen d'asphalte à froid, ce qui ne peut-être qu'une solution provisoire. On nous annonce qu'à partir du mois de mars, la couche supérieure sera rabotée sur cinq centimètres et qu'un nouveau revêtement hydrocarboné sera posé.

L'écluse de Kain.

Haut lieu de promenades durant la belle saison, les berges situées à proximité de l'écluse de Kain, sur la rive gauche de l'Escaut, présentent désormais un visage totalement modifié. L'année dernière, on a procédé à l'abattage des grands arbres qui depuis des lustres se miraient dans l'Escaut, rendant l'endroit bucolique, et on a démoli la petite maison de l'éclusier. Les portes de l'écluse ont été changées et, désormais, on réalise, derrière le zoning commercial de Froyennes, un barrage d'une plus grande largeur (12 mètres au lieu de 8). A la fin des travaux, la nouvelle chute d'eau, destinée à mieux réguler le débit du fleuve, sera munie de deux turbines qui fourniront le courant électrique nécessaire à alimenter les installations éclusières et dont le surplus pourra même être réinjecté sur le réseau avec un équivalent estimé à la consommation de 150 ménages. Le paysage a perdu tout son charme, l'argument économique a malheureusement, une fois encore, "vandalisé" un de ces lieux poétiques appréciés par les amoureux de la nature. Preuve encore que la poésie n'a jamais nourri son homme, encore moins le portefeuille des patrons et administrateurs de sociétés à qui nos dirigeants font toujours la part belle !

La chaussée de Lannoy.

Depuis plus de deux mois, un chantier de pose d'impétrants (câbles électriques) est en cours entre la fin de la rue Saint-Eleuthère et Froyennes. Depuis la mi-décembre, on a creusé d'imposants trous à la jonction de l'avenue des Peupliers et de la rue Saint-Eleuthère. On ne peut pas encore annoncé la fin de se chantier qui nécessite la plus grande prudence dans la traversée de Froyennes !

La halte nautique du quai Taille-Pierre.

Des travaux devraient débuter avant la fin de cette année, ils seront les prémices du grand chantier de mise à gabarit de l'Escaut qui se poursuivront par le remplacement du Pont-à-Pont, l'élargissement du fleuve au niveau du quai Saint-Brice dans sa section entre le Pont-à-Pont et le pont Notre-Dame et enfin par la transformation du Pont des Trous, un projet auquel les Tournaisiens seront attentifs s'opposant à du grand n'importe quoi.  

Les constructions immobilières.

Celle-ci se multiplient et à terme plusieurs centaines de logements seront disponibles dans le centre de Tournai ou les proches faubourg.

Rive droite, quartier du Château.

La résidence "Saint-Nicolas" située à l'angle de la rue du Château et de la rue Robert Campin est terminée, dans un immeuble ancien, totalement rénové, huit appartements sont mis en location.

Entre le Pont des Trous et la clinique Notre-Dame, un projet titanesque de complexe immobilier devrait voir le jour dans les mois à venir. La demande de permis de bâtir a été récemment introduite. En lieu et place de l'ancien Comptoir Charbonnier sur le quai Sakharov et d'une série de garages dans la rue des Magasins, un promoteur proposera une résidence de standing et une résidence étudiante de 127 kots sur le quai ainsi que des maisons à la rue des Magasins, le tout avec garages.

On annonce également un autre projet de résidence en lieu et place de l'ancien garage Lintermans également sur le quai Sakharov entre la rue de l'Arsenal et la rue du Château.

Rive gauche, quartier de la Madeleine.

Les travaux se poursuivent en ce qui concerne le complexe immobilier qui s'élève à l'emplacement des anciennes usines Allard entre le quai des Salines et la rue de l'Ecorcherie.

Rive gauche place de Lille.

On procède à la démolition de deux immeubles situés juste au pied de l'église Sainte-Marguerite. Aux n° 21 et 23 se trouvaient jusqu'il y a peu une librairie désormais transférée dans l'immeuble voisin et un restaurant maghrébin qui rouvrira ses portes à la fin des travaux. Assister à la démolition de ces immeubles, sans grand cachet architectural, il faut bien l'avouer, engendre cependant une certaine nostalgie. Ces deux immeubles étaient des rescapés des bombardements de mai 1940 et août 1944. A ce titre, ils font partie de la sauvegarde et de la mise en valeur des ensembles immobiliers tournaisiens ayant échappé aux destructions de mai 1940. Tout comme pour le "Relais de Poste" de la rue de la Madeleine, tout comme pour "l'Hôtel du Singe d'Or"à la rue de la Tête d'Or ou "l'Hôtel de Corde"à la place Paul Emile Janson, on assiste, non pas à une rénovation mais à une destruction afin de reconstruire des bâtiments neufs et sans âme. Le m2 d'habitation est tellement rentable à notre époque. 

Rive gauche, faubourg Saint-Martin.

La résidence "Jean Cousin" propose deux immeubles totalement terminés. La première phase est occupée à 100%, la seconde est en cours d'occupation, il reste 50 % des logements à vendre.

La résidence "Les Jardins d'Ere" située à l'angle de la chaussée de Willemeau et de la rue Jean Cousin est pratiquement terminée. Elle comprend onze appartements.

Sur la plaine des Manœuvres, la résidence "La Corne Saint-Martin" prévoit cinq phases de travaux, deux sont terminées l'une est occupée à 90 %, l'autre à 70 %;

(sources : No Télé, "Le Courrier de l'Escaut", "bulletin n°120 de l'asbl Pasquier Grenier" et recherches personnelles).

S.T. février 2016.


Tournai : expressions tournaisiennes (348)

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Imaches d'ein futur possipe !

Comme d'puis bin lommint, i-n'aveot pos ein bleu tchienquanç'que j'ai déquindu, hier, l'rue Saint-Martin. J'tranneos presque pasque l'vint d'bisse souffleot in rafales, dins l'rue des Cap'liers, in passant l'leong d'no vielle cathédrale. Au leon, eine battante conte ein mur claqueot et eine ferniête qu'on aveot oblié d'serrer li répondeot. J'ai intindu, du côté du Pichou Saint-Piat, ein tchien faire l'leu, seûr'mint acore ein malhureux qu'on aveot laichétout seu. L'vieux peont Noter-Dame erlévé et tout rouillé n'aveot pus vu, d'puis d'z'ainnées, passer pa d'zous li ein baquet. A l'fontaine de l'plache Crombez, i-n'aveot pus d'ieau, i-aveot eine éternité qu'on lui aveot copél'chiffleot. A midi, in face de l'incienne banque Nationale, in plein mitan de l'rue Royale, on areot pus jeuerà cartes, au rami ou bin à l'batalle.

Dire qu'i-a d'jà asteur chinquante ans qu'nos édiles, aux Bastieons, inaugureot'ent l'pus grand complexe commercial d'no ville. L'bourguémette, dins eine brillante involée, i-aveot proclamé : mes amisses, ceulle réalisatieon va faire l'richesse de no cité. I-feaut ête honnête, dins les prumiers momints, on a vu arriver ichi bramint d'gins, des auteos on pouveot in garer pus d'quate mille et ch'éteot gratuit contrair'mint au centre-ville. Du queop, pa l'autoroute et les boulevards, des gins veneot'ent d'partout et dins l'nouvieau temple de l'consommatieon i-dépinseot'ent beauqueop d'sous. Pa d'vant ceulle réussite, comme César, Rudy i-a dit : "Veni, Vidi, Vici", i-areot mieux fait d's'raminvrer de : "Vox populi, vox Dei". On li aveot pourtant dit que l'centre-ville i-alleot morir mais ces meots n'l'aveot'ent jamais impêché d'dormir.

Pasque l'mote elle a bin vite passé, pasque pou l'meonte i-féaut toudis de l'nouvieauté comme pou ein infant, i-n'a pos fallu ein an pou qu'des clients étringers on in truèfe jusse acore la mitan. Pindant c'temps là, dins ceulle euphorie, les p'tits magasins de l'ville, les gins les ont obliés, alors, sans bruit, dins l'indifférince d'tertous, les boutiques qu'on aveot toudis connues, eine à eine, leu porte i-ont serrée. L'bourguémette i-a dit : "ch'est ein mauvais momint à passer, vous allez vir, béteôt tout va orcommincher, pou que les visiteus n'pinse'tent pos que les maseons elles seont abandeonnées, i-a pos d'problème, dins les vitrines, on va mette des publicités" ! Si i-aveot été Tournisien i-areot su "qu'i-n'féaut jamais répeonte d'ein biéau jour s'i-n'est oute".

Ov'là commint tout cha a qu'minché !

Comme les salaires et les pinsieons, pa l'gouvernemint, i-aveot'ent ête bloqués et qu'les banques elles ne donneot'ent pus d'intérêts, vous l'comperdez, les gins i-ont eu moinse d'liardsà dépinser. Comme les tasques elle n'arrêteot'ent pos d'aurminter, comme l'index i-continueot à meonter, les gins i-ont fait cheinture et i-n'ont pus rien acater. Béteôt, dins les rues on n'a pus vu d'auteos, les Tournisiens, pou aller à l'ouvrache, i-aveot'ent ersorti leu véleo. Comme la SNCB elle éteot complèt'mint dirigée pa des flaminds, on a pu queompter les trains pou Tournai su les deogts d'eine main. Ainsin, no riche cité au passé royal elle est cait dins l'sous-développ'mint total.

On a d'abord vu disparaîte dins l'orte : les marchands d'meublier, les instituts d'bieauté, les horlogers-bijoutiers, les fleurisses, les marchands d'sorlets, les restaurants, les bouchers, les marchands d'légueumes et les boulingers. Ch'est biête mais i-n'resteot pus que, les marchands d'toubaque (pourtant l'paquet d'cigarettes i-éteot à chinquante eureos), les pharmac'ries, les cabarets... et les caberdouches d'Dodeo. D'puis toudis, ch'est auprès d'eine file de joie ou bin dins l'bière qu'ein heomme i-va oblier s'misère. Les jocqueux, dins les rues et su les plaches, d'mindeot'ent l'mindicité et si on orfuseot d'leu deonner, i-n'hésiteot'ent pos à buquer.

Après deux ou treos ainnées, les vitrines inoccupées éteot'ent rimplies d'arnitoiles et dins les pièches les sorisqueureot'entà perte haleine. "On n'est pos cras à léquer les murs", adeon tous les carteons, tous les papiers leu serveot'ent à faire banquet. Dins l'rue d'Hôpital, l'terrain du cinéma Palace i-éteot dev'nu ein tréoà rats dusque v'neot'ent, pa chintaines, s'aliminter les cats. I va sans dire que tout cha dégageot eine telle naque qu'i-n'a pu eu perseonne dins les rues d'no ville pou vir parel spectaque. Comme dins l'temps au Texas,Tournai est dev'nue eine véritape cité fantôme seul'mint laichée aux rats, aux cats, aux tchiens et aux arones.

Pou espérer acore vife eine paire d'ainnées hureux, pou les maseons d'ortraite on a vu partir bramint d'petits vieux et, pou ête pus près d'leu traval, les jeones seont partis d'meurer à l'capitale. Comme l'ville elle n'éteot presque pus habitée, on a bin seûr vu grandir l'insécurité. Dins les quartiers, on n'veyeot pus ein seul policier d'puis qu'aux Bastieons i-z'aveot'ent été transférés. Assis su eine cayère, d'puis là-vas, i-surveilleot'ent l'cité intière grâce à des caméras.

D'puis toudis, "l'bonheur i-est fait pou l'z'hureux et l'malette pou les brimbeux". Les malates n'éteot'ent pus que des carilleons d'ossiéaux, on les intasseot pa dizaines dins les couloirs des hôpitaux. Au p'tit matin, pa d'vant ein morcieau d'pain rassis, on n'oseot même pus ouvère eine gazette, de l'rache qu'on aveot l'esquite de vir qu'ein amisse aveot pris l'quémin d'Mulette.

In passant près du Peont des Tréos, j'ai ormonté l'col de m'palteot, jusse au momint dusque j'alleos intré dins l'gardin d'la Reine j'ai été, tout à n'ein queop, réveillé pa l'veox de m'feimme :

"Milliards, mais quoisqu'i-s'a passé que t'as été ainsin aussi agité" ?

"J'ai du treop minger hier au soir ou bin j'ai fait ein rêve prémonitoire !".

In leong et in larche, j'li ai raqueonté quoisque, pindant ceulle nuit, i-m'éteot arrivé.

"Bé mon Dieu, combien d'feos j'te l'ai d'jà dit, espèce d'andoule, de ne pus aller au conseil communal acouter toutes les cacoules !".

"Ch'est pos des carabistoules, à c'que te dis te d'vreos faire attintieon, te vas vir la foule qui va béteôt arriver ichi aux Bastieons !". Te sais, ch'est comme à Mons pou l'réputatieon d'nos autorités, l'nouvieau magasin qu'on a fini d'construire, i-cait à... point nommé.

Comme David Vincent, dins "les Invahisseurs" du temps passé, j'saveos que l'cauchemar i-aveot d'jà comminché.

(lexique : imaches : images / possipe : possible / lommint : longtemps / i-n'aveot pos ein bleu tchien : littéralement il n'y avait pas un bleu chien, ce qui signifie : il n'y avait personne / quanç'que : lorsque / déquinte : descendre / tranner : trembler / l'rue des Cap'liers : la rue des Chapeliers / l'leong : le long / au leon : au loin / eine battante : un volet, panneau en bois qu'on rabat pour protéger la fenêtre / eine ferniête : une fenêtre / serrer : fermer / l'pichou Saint-Piat : fontaine munie d'une statue située au pied de l'église Saint-Piat érigée en hommage à la chanson wallonne / faire l'leu : faire le loup / acore : encore / laicher tout seu : laisser seul, abandonner / erlévé : relevé / pa d'zous : dessous / ein baquet : un bateau / coper l'chiffleot : couper le sifflet, ici couper l'arrivée d'eau / in plein mitan : au beau milieu / jeuer : jouer / l'batalle : la bataille / asteur : maintenant / l'bourguémette : le bourgmestre, le maire / mes amisses : mes amis / les prumiers momints : les premiers moments / bramint : beaucoup / du queop : du coup, dès lors / pa d'vant : devant / s'raminvrer : se souvenir / morir : mourir / les meots : les mots / pasque l'mote : parce que la mode / toudis : toujours / on truèfe : on trouve / jusse : juste / ceulle : cette / vir : voir / béteôt : bientôt / orcommincher : recommencer / i-n'féaut jamais répeonte d'ein biéau jour si n'est oute : littéralement il ne faut jamais répondre d'un beau jour s'il n'est fini, ce qui signifie : les prédictions sont hasardeuses / qu'mincher : commencer / les pinsieons : les pensions (en Belgique : les retraites) / les tasques : les taxes / aurminter : augmenter / faire cheinture : faire ceinture, se priver / acater : acheter / aller à l'ouvrache : aller à son travail / ersortir : ressortir / queompter : compter / les deogts : les doigts / ainsin : ainsi / caire : tomber / l'meublier : le mobilier / les sorlets : les chaussures / biête : bête / l'toubaque : le tabac / les pharmac'ries : les pharmacies / les caberdouches : les cabarets louches / les jocqueux : les chômeurs / orfuser : refuser / buquer : frapper, taper / les arnitoiles : les toiles d'araignées / les pièches : les pièces / les soris : les souris / on n'est pas cras à léquer les murs : littéralement on n'est pas gras à lécher les murs, ce qui signifie : pour bien se porter, il faut bien se nourrir / adeon : donc / ein tréo : un trou / dusque : où / les chintaines : les centaines / l'naque : l'odeur, le parfum / l'spectaque : le spectacle / véritape : véritable / les arones : les araignées / vife : vivre / les jeones : les jeunes / ête bin seûr : être bien sûr / eine cayère : une chaise / l'bonheur i-est fait pou l'z'hureux et l'malette pou les brimbeux : littéralement le bonheur est fait pour les heureux et la malette (le sac de toile du pauvre) pour les mendiants, les misérables, ce qui signifie : bonheur aux riches et malheur aux pauvres / ête ein carilleon d'ossieaux ou ête ein moncheau d'os : n'avoir que la peau sur les os / ouvère : ouvrir / de l'rache : littéralement de la rage, signifie tellement / avoir l'esquite : avoir peur / l'quémin d'Mulette : le chemin de Mulette, appellation donnée au cimetière du Sud à Tournai / l'palteot : le paletot, le manteau / l'gardin d'la Reine : le jardin de la Reine / tout à n'ein queop : tout à coup / l'veox : la voix / in leong et in larche : en long et en large, dans le détail / quoisque : ce que / acouter : écouter / les cacoules : les mensonges / les carabistoules : les carabistouilles, les calembredaines, les histoires à dormir debout)

S.T. février 2016.

Tournai : la lente évolution de la rue des Chapeliers.

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Dans le cadre de la rubrique "la lente évolution de...", la rue Perdue (18.11), la place Reine Astrid (19.11), la place de Lille (25.11), la rue Saint-Martin (2.12), la place Paul-Emile Janson (10.12) et la rue de la Tête d'Or (26.1) ont déjà été évoquées. Ce jour, nous partons à la découverte de la rue des Chapeliers.

Une des rues commerçantes de la ville.

La rue des Chapeliers se situe entre le parvis du beffroi et le piétonnier qu'on avait appelé, à sa création à la fin des années septante, la "Croix du Centre". Cette large voirie est bien souvent confondue avec la rue Soil de Moriamé qui est son prolongement, le long du chœur de la cathédrale, vers la place Paul-Emile Janson.

Lorsqu'il écrivit son ouvrage "Tournai, Ancien et Moderne", Bozière disait d'elle "qu'elle était la rue marchande par excellence, une rue toute bordée de boutiques dont les étalages couvrent complètement les façades, non d'objets de luxe, de mode, d'élégante fantaisie, mais de bons et solides vêtements à l'usage du peuple de la ville et des campagnes. Les jours de marché principalement, notre rue des Chapeliers présente une physionomie gaie, animée, tumultueuse qui rappelle le mouvement des grandes villes".

De la "Lormerie"à la rue des Chapeliers.

On la trouve déjà sous le nom de "Lomerie", au XIIIe siècle dans un acte de vente daté de 1240, elle existe toujours sous ce nom dans le cartulaire de l'Hôpital Notre-Dame en 1314. La "Lormerie" désignait le travail des cloutiers, éperonniers et selliers. Ces "lormiers" occupaient donc la rue au cours de la période qui précéda le XVIIe. C'est en effet, en 1631, qu'on retrouve dans le même cartulaire "une rente sur une maison sise à la Lormerie autrementdit rue de Chapeliers". Les lormiers ont peu à peu été remplacés par des fabricants de chapeaux. A cette époque, la partie de droite de la rue appartenait au chapitre de la Cathédrale et était dépourvue d'habitations.

Dans son ouvrage "L'Habitation Tournaisienne, architecture des façades", paru en 1904, Soil de Moriamé nous présente les maisons qui subsistaient à l'époque :

Au n° 1 : maison bâtie en 1734 ayant pour enseigne "la Pomme d'orange" (NDLR : enseigne qu'elle a conservéejusqu'à aujourd'hui),

Au n° 13 : Maison construite vers 1750.

Aux n° 23, 25 et 27 : maisons à deux étages bâties en 1677, en style renaissance tournaisienne, en pierres et briques, fenêtres à croisillons en pierre, avec arc de décharge dont le tympan est rempli par une pierre sculptée, en éventail. Toitures saillantes reposant sur des consoles sculptées. Fenêtre centrale, de dimensions ordinaires, entre deux fenêtres très étroites.

Au n° 31, la maison porte l'enseigne : "La Culotte rouge".

Le n° 33 porte l'enseigne : "Le dragon".

Le n° 41 possède bien des particularités, sous cette maison s'étendent trois étages de cave. La première sert à la maison moderne, la seconde, à laquelle on peut arriver directement de la rue, par un escalier de 22 marches, constitue une crypte superbe, ressemblant en tous points à celle de l'évêché, moins grande, mais plus soignée comme construction. Elle remonte à l'époque romane, au XIe ou XIIe siècle. La longueur totale de cette crypte est de 10 mètres, sa largeur de 8 mètres. Sous cette cave, il en existe une troisième dont l'accès n'est pas possible. Cette crypte semble avoir appartenu à l'ancienne monnaie du chapitre, bâtiment existant à cet endroit au XIIe siècle".

Au XVIIe siècle, on trouvait, en cette rue, les enseignes "le Roi David", "le Morion d'Or", "le Bras d'Argent", "leBon Pasteur". Au XIXe, elles avaient été remplacées par "la Bonne Fermière", "la Fileuse", "le Dragon vert" ou "leSoldat laboureur".

Une profonde mutation.

Le site de la rue des Chapeliers va être profondément modifié durant les années trente. L'opération de dégagement de la cathédrale va consister en la démolition des petites maisons basses situées à l'arrière du chœur de Notre-Dame permettant ainsi d'élargir la rue. A cette époque, le tram y passait. En 1935, l'administration des Postes décident de construire un nouvel Hôtel des Postes, vers le bas de la rue, en face du magasin Sarma dont l'entrée principale est située à la rue Soil de Moriamé mais dont un second accès se trouve dans la rue des Chapelier même.

En 1940, les bombardements vont détruire toutes les habitations situées entre la poste et le parvis du beffroi. Un groupe de quatre ou cinq maisons basses situées vers le haut de la rue, le long de la salle capitulaire, de la sacristie et des salles du Trésor de la cathédrale va miraculeusement échapper à la destruction (NDLR : rénovées,elles existent toujours), alors que celles qui se trouvaient à l'emplacement qui sera plus tard celui la Caisse d'Epargne de Tournai avant d'appartenir au CPH seront également rasées.  

Une renaissance.

tournai,rue des chapeliers,lomerieLa guerre terminée, on reconstruisit les bâtiments en respectant les gabarits. La rue des Chapeliers, située sur l'axe important reliant la gare à la porte Saint-Martin, à double sens de circulation, retrouva cette animation dont nous parlait déjà Bozière au milieu du XIXe siècle. De plus, le samedi matin, elle était envahie par des centaines de chalands se rendant du marché général de la Grand-Place à celui aux fleurs de la place Paul-Emile Janson et aux fruits et légumes et à la volaille de la place Saint-Pierre.  

A nouveau, la rue était bordée de maisons de commerce ayant pignon sur rue : le magasin de chaussures Shoe-Post, la Poste, les maisons de confection Favril et Jules, le magasin de jouets Ménart, le magasin des Trois-Suisses, les cadeaux pour listes de mariage Lecrinier, la maison Pitance, l'horlogerie-bijouterie Lemaître, le spécialiste des vêtements de pluie Impersport, la maroquinerie Delobbe, la maison d'alimentation générale Maurice  Ménart-Planque, la librairie-papeterie VictorMasse-Fourez, le spécialiste du chapeau R. Duhamel, le fleuriste Leuridan, le café de la Pomme d'Orange, le café la Bancloque, la maison de confection Toufait, la mercerie Delwarde...

L'euphorie allait durer près d'un demi-siècle jusqu'en 1999 et la tornade du mois d'août. Celle-ci provoqua des dégâts relativement importants à la cathédrale et les responsables de la Province du Hainaut, propriétaire du bâtiment religieux, commandèrent un audit à des architectes et experts afin d'estimer l'étendue de ceux-ci. Celui-ci révéla catégoriquement un fait qu'on supposait déjà depuis deux ou trois décennies : l'instabilité du chœur gothique de la cathédrale, bâti sur un remblai.

Une situation comparable à celle connue durant l'après-guerre.

La première mesure qui fut adoptée par les autorités communales fut tout naturellement l'interdiction de la circulation autombile dans la rue des Chapeliers afin d'éviter que le passage répétitif des véhicules n'ébranlent davantage une structure fragilisée au cours des siècles. Pour assurer une protection des passants, on plaça une clôture de protection le long du trottoir allant de la rue Soil de Moriamé au Vieux Marché aux Poteries. Rapidement, dans les années qui suivirent l'érection de cette muraille en bois, les commerçants virent dégringoler leur chiffre d'affaires. Les clients se détournaient de cet axe jadis très fréquenté, depuis deux décennies le magasin Sarma (qui fut la première "grande surface" commerciale à Tournai) avait fermé ses portes. Il fut remplacé par une surface néerlandaise. Certains commerçants déménagèrent, d'autres fermèrent purement et simplement leur porte. Le soir, la rue des Chapeliers, ressemblait un endroit perdu, en plein centre-ville, comme si un couvre-feu y avait été décrété.   

tournai,rue des chapeliers,lomerieOn tenta bien une première réouverture à la circulation à partir de la rue de Paris mais... peu de temps après se profilaient les travaux de rénovation de la voirie dans le cadre du projet cathédral. Des commerces qui étaient venus occuper les bâtiments laissés libres tels les restaurant "la Fontaine", "le Marie-Gasparine" (du nom d'une des cloches de la cathédrale) ou "le Bistrot de la Cathédrale" fermèrent, à leur tour, leur porte.

Une deuxième réouverture s'avéra tout aussi temporaire car la découverte, l'année dernière, d'un égout susceptible de provoquer des effondrements de voirie, au niveau du parvis du beffroi, interrompit, une nouvelle fois, le semblant de circulation qui avait repris. tournai,rue des chapeliers,lomerie

Actuellement, la rue des Chapeliers est empruntée par des piétons qui semblent hâter le pas. Un bar d'accueil pour personnes en difficulté, un magasin de vente de lunettes, un bureau d'une mutualité, un traiteur, un opérateur de téléphonie, "Yentl", un magasin de confection, un bar et deux restaurants tentent, vaille que vaille, d'y maintenir une certaine animation. La Poste a quitté les lieux et son bâtiment est désormais occupé par une enseigne de vêtements pour jeunes, des appartements de standing ont été réalisé à l'étage,  tandis que le transfert du centre de Tourisme vers la place Paul-Emile Janson a créé une grande vitrine vide qui n'attire plus les touristes.

La rue des Chapeliers peut envisager une nouvelle animation mais pour cela, il faudra peut-être attendre la fin des travaux de la cathédrale et ce n'est pas demain la veille.  Les Tournaisiens ont néanmoins hâte de réinvestir ce qui était jadis un haut lieu du commerce de la cité des cinq clochers.

(sources : "Tournai, Ancien et Moderne" ouvrage de A.F.J Bozière paru en 1864 chez Adolphe Delmée, éditeur - "Tournai sous bombes, 1940-1945" ouvrage d'Yvon Gahyde paru en 1984, Société Royale d'Histoire et d'Archéologie - "L'habitation tournaisienne, architecture de façades" de Soil de Moriamé paru en 1904 et recherches personnelles.

Documents photographiques n° 1 photo remise par Melle J. Driesens - 2 et 3 : collection personnelle de l'auteur).

S.T. février 2016.

Tournai : cinq clochers, un fleuve, des dissensions !

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Quand l'inquiétude fait progressivement place à la colère !

Tournai escaut années vingt.jpgPlus on approche de la date fatidique du début de ce chantier prévu pour la fin de cette année, plus le sujet alimente les conversations des différents milieux tournaisiens. Lequel ? Tout simplement, celui de l'élargissement del'Escaut dans sa traversée de Tournai. Un projet qui empoisonne la vie tournaisienne depuis des décennies puisqu'il était déjà à l'ordre du jour, il y a quarante ans, lorsque Raoul Van Spitael, un bourgmestre qu'on appréciait ou pas mais qui voyait avant tout l'intérêt de sa ville, décréta qu'il était hors de question de la défigurer par un chantier titanesque. Bien que n'étant pas tournaisien, il savait que le centre-ville commençait à peine à voir disparaître les traces du second conflit mondial. Il imposa donc la solution de l'alternat, les bateaux ne se croisant plus dans la traversée de la cité des cinq clochers. Commerçants et habitants lui furent, pour cela, reconnaissants.

Depuis lors, bien de l'eau a passé sous les ponts tournaisiens et, il y a quelques années, ce qu'on croyait enterré a refait surface à l'image d'un sous-marin qui aurait attendu, patiemment tapi dans les profondeurs du fleuve. Le service des voies hydrauliques du SPW a remis au "goût du jour", ce vieux rêve caressé par des industriels soucieux de faire transporter un maximum de matières pondéreuses au moyen d'un minimum de bateaux en utilisant des engins de transport aux tonnages de plus en plus élevés. Il a suffi que le gouvernement français exhume une idée plus que centenaire de connexion fluviale avec les ports hollandais, appelée "Seine-Nord", pour que la Région Wallonne saute sur l'occasion et sur les subsides européens afin d'obtenir sa part du gâteau ! En cela, il n'y a rien d'anormal !

Ce projet est-il nécessaire ?

1966 Tournai quai Taille-Pierre.jpgIl faudrait être idiot pour le nier. C'est malheureusement une attitude bien ancrée en chacun d'entre nous, nous souffrons tous, sans vouloir l'admettre du phénomène NIMBY (Not In My Back Yard, en français "pas dans mon arrière-cour"). Sommes-nous à ce point des autistes qui s'ignorent pour toujours refuser tout changement dans notre environnement ? Si tout le monde souscrit à l'idée d'une production électrique sans le risque inhérent aux centrales nucléaires, personne n'est prêt à accueillir des éoliennes même à plus d'un kilomètre de son habitation, on se déclare pratiquement propriétaire du paysage. L'homme doit néanmoins tout faire pour protéger les témoignages de son passé mais il se doit aussi de prévoir les évolutions futures. Sans progrès, une civilisation court à sa perte ! La sagesse nécessite cependant d'obtenir, constamment, un juste milieu entre ces deux thèses qui semblent, à première vue, totalement opposées !

Qui ne peut ou ne veut comprendre que tout ce qui sera transporté par la voie d'eau ne le sera plus par la voie routière fait preuve de mauvaise foi et les utilisateurs journaliers de la voiture sont les premiers à être concernés puisqu'ils se plaignent régulièrement de l'envahissement des routes et autoroutes par des camions de plus en plus imposants en provenance de l'Europe entière. Plus de matières transportées par le fleuve, signifiera moins de camions sur les routes et cette situation nouvelle sera synonyme de plus de sécurité routière, de moins de dégâts aux infrastructures et de moins de pollution engendrée par la circulation automobile.

Pourquoi alors ce projet n'est-il pas accepté par une majorité de Tournaisiens ?

2011 Tournai  sur l'Escaut.jpgLe projet d'élargissement de l'Escaut à Tournai a peut-être été, volontairement (nous ne pouvons nous empêcher de le penser), mal présenté aux habitants de la cité des cinq clochers. On semble, en effet, avoir focalisé les défenseurs du patrimoine sur le seul et unique problème du Pont des Trous. L'arche centrale de cette ancienne porte d'eau présente, en effet, une largeur de 11m20 et les convois fluviaux qui sont appelés à le franchir, à l'avenir, auront une largeur légèrement supérieure. Un élargissement du vieux pont médiéval est donc inéluctable, personne ne peut le contester, il faut savoir aider le progrès si on veut que des emplois soient conservés, si on ne veut pas devenir une région ressemblant à une réserve de vieilles pierres. Toutefois, il est vite apparu que les décideurs n'avaient pas la fibre tournaisienne et que, depuis Namur ou ailleurs, ils semblaient se moquer pas mal de notre héritage des temps anciens. En sont ils jaloux, sont ils ignares ou travaillent ils uniquement au service de lobbies ? Mieux vaut ne pas se poser la question, la réponse nous amènerait, une fois encore, bien des désillusions ! En tout cas, ils ont présenté quatre projets, du plus mal ficelé au plus dithyrambique (on parlait au départ de ne conserver que les deux tours classées, de ne faire qu'une seule arche ou tout simplement de réaliser un fantôme de l'ancien pont en résine d'époxy pour y mettre une touche de modernisme).

La pression citoyenne ayant attiré l'attention de nos élus, on sait qu'il y a eu ce référendum organisé par une majorité qui semblait, malheureusement, avoir retourné sa veste, elle qui, à l'unanimité, avait auparavant voté le projet tel qu'il avait été présenté, n'attirant même pas l'attention des promoteurs sur une réaction toujours possible des Tournaisiens attachés à leur cité. Pour comprendre cela... il aurait fallu d'abord aimer Tournai plus par des actes concrets que par des déclarations orales d'amour !  

Le résultat du référendum et la décision prise par le Ministre Prévot de respecter le vœu des Tournaisiens étant, espérons-le, acquis, on a alors analysé, en profondeur, les implications du chantier au centre-ville.

Faut-il parler de soumission et de trahison ?

Il n'y a toujours que des bornés pour ne jamais changer d'avis et il y a aussi des girouettes pour sentir le vent venir. Mon analyse n'est pas de fustiger l'une ou l'autre attitude. Elle veut simplement faire appel à la raison. Au cœur de celle-ci, je ne me porte pas en supporter des uns ou en opposant des autres ! Ce dossier est suffisamment sérieux pour faire fi de toute mesquinerie.

tournai,elargissement de l'escautLes voies hydrauliques ont toujours présenté le projet comme étant dimensionné pour le passage de bateaux de classe Va, soit d'une longueur de 110 mètres maximum et d'une largeur de 11m40. Pour que ceux-ci puissent circuler, sans danger, dans la traversée de la ville, il s'avère nécessaire de faire sauter le goulot représenté par le quai Saint-Brice et élargir l'Escaut, à cet endroit, d'environ 4 mètres, laissant une largeur de quai d'environ 10 mètres. C'est celaqui a été présenté à l'origine, en 2013. On ne sait quelle mouche a soudainement piqué les architectes et les experts des voies hydrauliques (si ce n'est d'autres chants de sirènes... que celles de bateaux) pour déterminer désormais qu'il faut élargir de huit mètres, laissant ainsi aux riverains du quai une largeur de 5m85 à l'endroit le plus étroit. Cela sous-entend que ce sont des péniches de classe Vb (180m de long) qu'on veut voir passer, à l'avenir, sur le fleuve mais on n'a pas voulu le dire en espérant que le projet passerait comme une lettre à la poste. Il n'y a rien de pire que de tromper les citoyens en les prenant pour des imbéciles ! Toute action amène une réaction inversement proportionnelle... (on connait la chanson). Tout cela sans que notre administration communale, soit mise dans le secret, soit ayant analysé le projet en diagonale, ne trouve à redire, comme totalement soumise aux ukases de la Région Wallonne. Une soumission flagrante qui n'a pas échappé aux observateurs attentifs.

Pour avoir travaillé, durant de nombreuses années, dans un immeuble situé le long de l'Escaut, je signalerais aux "experts" de la Région Wallonne qu'actuellement, comme le confirme le journal l'Avenir dans son édition du 15 février, des péniches de 105 et 109 m, avec une largeur de 10m passent déjà régulièrement par Tournai. Le journaliste évoque "l'Egilodan" et le "Poska". J'ai aussi connu le "Pasadena" dont l'homme aux commandes manœuvrait avec art et dextérité sous le Pont des Trous et à hauteur du quai Saint-Brice alors que sa vision était partiellement limitée par le pont Notre-Dame et la passerelle. Si cela était si difficile, il y a longtemps que ces bateliers auraient évité la cité des cinq clochers.

Le dossier s'est enrichi d'un nouveau chapitre, il y a quelques jours, lorsque la première échevine de Tournai a rencontré un groupe d'opposants au projet lors d'une réunion dite "secrète" mais que la presse s'est empressée de divulguer, ayant reçu l'information grâce à un vent favorable. Voici l'acte de la trahison dans l'opéra Escaut ! 

Un accord ayant été signé, à Namur, entre les représentants de la ville de Tournai, dont faisait partie la première échevine et les responsables du projet, quelques jours auparavant, les autres partenaires signataires considérèrent cette initiative comme une véritable trahison. L'accord (et ses implications pour Tournai) ainsi porté au grand jour, tout le beau château de cartes élaboré dans des bureaux namurois, bien à l'écart de la population tournaisienne, allait-il s'écrouler et les mensonges des uns et des autres allaient ils être mis sur la place publique ? Cette nouvelle diffusée sur No Télé provoqua l'ire du Ministre Maxime Prévot, tout acquis comme il se doit de l'être à la cause de ses propres fonctionnaires du SPW qui sont omnipotents dans le domaine et snobent les associations tournaisiennes qui voudraient se faire entendre et obtenir des précisions. Dans une capitale wallonne qui, par le passé, a souvent  aussi snobé la Wallonie picarde, on n'imaginait peut-être pas une levée de boucliers des "Infants d'Tournai" qui ont démontré, une fois encore, que "Les Tournaisiens sont là".

Ma conclusion personnelle.

L'élargissement de l'Escaut est nécessaire si on ne veut pas être, à l'avenir, le parent pauvre évité par le monde économique qui a besoin de cette voie d'eau. On ne peut dans ce dossier adopter une attitude rétrograde mais le (mauvais) jeu joué par les responsables le SPW (division voies hydrauliques) et par le bureau d'ingénieurs en charge de la partie technique du dossier est hautement critiquable, ces gens semblent avoir dissimulé des réalités, méprisant les Tournaisiens qui auraient juste à subir les énormes inconvénients de ce chantier et ses conséquences désastreuses pour les riverains du fleuve tout en se taisant.

Dans la gestion de dossier, nos dirigeants locaux ont semblé, aux yeux de très nombreux tournaisiens, comme anesthésiés, acceptant le tout sans broncher ! Rien n'est perdu pourtant si sagesse et bonne volonté puissent enfin émerger dans ce dossier capital pour le visage futur de la cité des cinq clochers. Les points de vue des uns et des autres peuvent être rapprochés : l'avenir du Pont des Trous a été tranché avec l'avis des Tournaisiens par référendum acquis en toute dernière extrémité, le Pont-à-Pont et le halte nautique ne posent pas de réels problèmes si ce n'est ceux inhérents au chantier, on pourrait tout simplement décider de conserver une largeur comprise entre six et dix mètres sur le quai Saint-Brice (compromis) ou alors faire publiquement son mea-culpa et oser dire aux Tournaisiens que les bateaux de classe Va ne sont qu'une solution provisoire et qu'on pense déjà à la classe Vb pour le bien économique de Tournai (pour ne pas recommencer les travaux dans dix ou vingt ans) et de la Wallonie entière.

Dans ce dossier, il est temps d'arrêter la valse des girouettes et la Muette de Portici, il est temps aussi que la Région wallonne fasse preuve de nettement moins d'arrogance et joue, enfin, franc-jeu.

Composé de rebondissements, de réunions secrètes, d'élaborations de double-plans, de soumissions incompréhensibles, de trahisons dans un couple, fusse-t-il politique, ce dossier "Escaut" comporte désormais toute la matière nécessaire à l'écriture d'un excellent roman. Je rappellerais simplement à celui qui serait tenté par l'écriture que le titre "Main basse sur la ville" a déjà été utilisé par Raffaele La Capria et a servi de scénario à l'excellent film de Francesco Rosi en 1963.     

Ce jeudi 18 février, à 18h, une réunion est organisée au Foyer Saint-Brice à Tournai sur le thème : "Soyons clairs, questions à nos représentants". On espère cette fois que chacun sortira enfin du bois et qu'il n'y aura pas de langue de bois !

Dans l'attente, vous êtes invités à consulter le site : http://voies-hydrauliques.wallonie.be/ élargissement de l'Escaut, vous y verrez les plans et la projection virtuelle de la traversée de Tournai rénovée.

(photos anciennes : Courrier de l'Escaut, autres document : collection de l'auteur)

S.T. février 2015.

Tournai : expressions tournaisiennes (349)

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Ein bieau p'tit ménache, eine vie (presque) sans neuache.

"Si t'veux rintrer, t'vas commincher pa ortirer tes sorlets !". Ch'est pa ses meots qu'Fifinne m'a accueilli verdi dernier. I-feaut dire que v'nant de l'rue Royale, j'éteos passé pa l'quai Saint Brice, dusqu'à causse des travéaux d'Ores, l'bédoule, su tes pieds, elle est gratis.

"Je n'vas pos rester lommint, j'n'ai pos beauqueop d'temps, Edmeond i-est là ?"

"Ahais, te vas dins l'pièche de d'vant, i-est assis dins l'fauteul, i-jeue ave l'cat, quoisque te veux, les biêtes aiment bin ête insanne".

Ch'est ainsin que, tout douch'mint, à pied d'cauchette, j'sus allé m'assir près de l'ferniête.

"Bé, te veos ichi comme j'sus arringé, Fifinne, elle est acore ein feos bin débaltée. Elle fait d'jà s'nettiache de Pâques, d'puis au matin elle n'arrête pos d'erloqu'ter. Quanç'qu'elle m'a dit qu'elle aveot b'soin de s'délicoter, j'ai bin compris que j'alleos passé eine mauvaisse journée. Elle creot que l'printemps i-est arrivé, pasque'i-n'a pus d'gélée, elle pinse que ch'est l'fin d'l'hiver, elle a intindu à l'radio qu'i-areot des vieaux d'mars qu'i-alleot'ent caire".

"Bé, on n'a pos eu d'hiver, l'prouèfe, hier su l'cassis de l'cuisine, in plein solel, i-aveot des mouques à viante et j'ai même vu eine sotérielle, après-dîner, i-aveot ein picreon dins no campe" qu'elle a dit Fifinne in passant l'wassinque inter nos gampes.

"Fais attintieon, les picreons, ch'est dingereux ces machins-là, on a dit que te pouveos attraper l'Zyrka et l'koukounia"

Je sus intervenu dins l'conversatieon pou faire eine leugère rectificatieon :

"je n'pinse pos que ch'est comme cha qu'on dit, mais ch'est pos grafe, on t'as quand même compris".

"Pou l'zirka, i-a pos d'mal, i-feaut surtout faire attintieon pou les feimmes impanch'lées et pou ti, i-a bin lommint que c'temps-là i-est oute. Et si des feos l'picreon t'foutreot aussi l'rache, chez ti, on n'va seûrmint pos vir l'plache".

Ceulle réfexieon n'a vraimint pos plu à Fifinne, comme eine inragée elle est accourue de l'cuisine :

"Comminche pa orlever tes choles, vieux bruant, si te n'veux pos avoir d l'ieau su l'bas de t'mareonne".

"Vingt milliards, après ch'est fini, on va pouvoir infin ête à no n'aisse" qu'i li a d'mindé Edmeond qui commincheot à la trouver mauvaisse.

Fifinne n'a pos répeondu et elle est partie nettier l'salle de bain.

On parleot d'puis eine beonne demi-heure quanç'que elle est arrivée nous orjointe.

"On sint bin qu'on n'a pus vingt ans, j'sus tout dégringuée".

Edmeond pou l'consoler li dit :

"I-est beon, va, l'pus greos i-est fait, asteur, te vas pourvoir d'meurer derpeos".

"L'pus greos i-est fait ! bé, j'viens seul'mint de qu'mincher !"

"Je l'sinteos, cha va 'cor ête eine pièche in siept actes et chinquante-deux tableaux? Bé, i-n'fait pos sale ichi, te n'as qu'à faire eine crute et eine sèque et l'appartemint i-s'ra comme nouvieau".

"He bé, pou in sortir eine parelle, ch'est qu't'es eine véritape pique-à-z'ouel. D'min au matin, j'va dématir les linos pasque quanç'que te traînes tes pieds, te riches tout l'orvêt'mint d'sol, et cha d'minde d'l'huile de bras pou les inl'ver"

"Bé, t'exagères toudis, i-n'a pos eine riflure su l'parquet".

"In attindant, saim'di au soir, j'vas acore ête scran pasque j'comminche à sintir m'n'âche, lindi, j'ai eine banse de lincheà buer et mardi cha s'ra l'orpassache".

"Adeon, mercredi, l'ouvrache i-s'ra terminé et ainsin on pourra aller pourméner ?".

"Mercredi... j'vas faire mes glaches, on n'veot béteôt pus vir à travers pasque quanç'que t'orwettes au cassis te mets t'freont su l'vite et ch'est tout cras, on veot même l'trace de deogts. Les esperts i-devreot'ent vn'ir ichi pou inquêter, les empreintes, i-n'areot'ent pos d'misère à les orlever".

"Bah alors, on sortira jeudi !".

"Neon, pasque j'deos faire mes arginteries, cha fait pus d'ein an que j'ne les ai pus astiquées, on n'se veot pus d'dins et verdi prochain, j'fais m'saim'di. Si te veux que cha va pus vite te prinds eine répourette, te la passes su l'meublier et surtout te n'oblies pos d'inl'ver les nounous".

"On n'peut même pus sortir pou aller boire eine pinte !".

"Ch'est pos grafe, après tout, ch'est carême. L'sémaine d'après, te sortiras au carnaval, d'toutes façeons, te n'deos pos t'masquer pou ti foute l'equite aux gins. Asteur, te peux toudis printe eine brouche et aller broucher l'guernier, pou l'orpintance de tout ce que t'm'as dit, j'te l'ai d'jà dit, je n'sus pos l'méquenne mi ichi".

"I-a pos à dire, j'sus att'lé comme te l'veos, i-est bin seot, l'ceu qui marie deux feos ?".

Mes deux gins, cha fait chinquante-siept ans qui seont mariés, ch'a été eine vrai queop d'foudre quanç'qui se seont rincontrés. Chinquante-six ans et onze meos qui battieltent si on queompte trinte jours pou l'lune de miel et pourtant i-seont toudis seots l'ein d'l'eaute : si i-d'a ein qui cait malate, l'eaute i-est aux chint queops et quanç'que ch'est fiête aux cheonq clotiers, on les veot porméner bras d'zeur, bras d'zous pa les rues d'no cité. Ch'est l'ortourà l'maseon qui, alfeos, pose problème.

(lexique :  ein ménache : un ménage / ein neuache : un nuage / commincher par ortirer les sorlets : commencer par retirer les souliers / pa : par / verdi : vendredi / dusque : où / l'bédoule : la boue / lommint : longtemps / l'pièche : la pièce / jeuer ave l'cat : jouer avec le chat / insanne : ensemble / les cauchettes : les chaussettes / s'assir : s'asseoir / l'ferniête : la fenêtre / ête débalté : être déchaîné / l'nettiache : le nettoyage / erloqu'ter ou orloqu'ter : nettoyer le sol à l'eau / s'délicoter : se dégourdir, avoir le besoin de remuer / les vieaux d'mars : les giboulées (on dit aussi les gruéaux d'mars) / caire : tomber / l'prouèfe : la preuve / l'cassis : le chassis / l'solel : le soleil / l'mouque à viante : littéralement la mouche à viande, grosse mouche bleue / l'sotérielle  : la sauterelle / l'picreon : le moustique / l'campe : la chambre / l'wassinque : la serpillière / leugère : légère / ête impanch'lée ou impanch'loutée : être enceinte (terme populaire) / ête oute : être terminé / l'rache : la rage / l'plache : la place / orelever tes choles : relever tes jambes / un bruant : un paresseux / l'mareonne : le pantalon / ête à no n'aisse : être à notre aise / nettier : nettoyer / orjointe : rejoindre / ête dégringuée : être démolie / asteur : maintenant / d'meurer derpeos : rester tranquille, être au repos / qu'mincher : autre mot pour commencer / passer eine crute et eine sèque : faire un nettoyage sommaire, humidifier et sécher le sol / parelle : pareille / ein pique-à-z'ouel : une personne qui a mauvaise vue / dématir : faire luire / richer : griffer / l'orvêt'mint : le revêtement / eine riflure : une égratignure / ête scran : être profondément fatigué / eine banse de linche à buer : une manne à linge à lessiver / l'orpassache : le repassage / aller pourméner : aller promener / les glaches : les glaces / vir : voir / orwettier : regarder / l'cassis : le chassis / l'vite : la vitre / été tout cras : être sale, gras / les deogts : les doigts / orlever : relever / les arginteries : les argenteries / astiquer : faire luire, rendre propre / saim'di : samedi / eine répourette : un chiffon pour prendre les poussières / l'meublier : le mobilier / oblier : oublier / les nounous : les chatons, sorte de duvet composé de poussières qui s'amoncelle sous les meubles / grafe : grave / foute l'esquite : faire peur / toudis : toujours / eine brouche : une brosse : broucher : brosser / l'guernier : le grenier / l'orpintance : le repentir / ête l'méquenne : être la servante / ête att'lé : être arrangé / ein queop d'foudre : un coup de foudre / les meos : les mois / queompter : compter / caire malate : tomber malade / ête aux chint queops : être au cent coup / les cheonq clotiers : les cinq clochers, on nomme Tournai la ville aux cinq clochers, ceux de la cathédrale Notre-Dame / bras d'zeur, bras d'zous : bras dessus, bras dessous / l'ortour : le retour / alfeos :parfois);

S.T. février 2016.   

Tournai : dernières nouvelles : effondrement !

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Nous nous réjouissions lorsque la presse nous a annoncé, cette semaine, que la façade néo-classique de la librairie Lenglez, sur la place de Lille, serait conservée. Et effet, depuis ce jeudi, elle se dressait, munie d'un étançon, comme un dernier témoin des deux maisons qui se situaient, au pied de l'église Sainte-Marguerite, depuis bien longtemps.

Hélas, passant sur la place, ce matin, on a pu constater que les rafales de vent de cette nuit avaient eu raison d'elle et qu'il n'y avait plus, à la place, qu'un mont de gravats.

Durant l'après-midi, les techniciens de la firme "Technord" sécurisaient les lieux en ce qui concerne les différents câbles qui couraient tout le long de cette façade.

Voilà un événement qui va simplifier la reconstruction de l'ensemble !

Mais pourquoi cette haute façade n'était-elle étançonnée que par une poutre métallique du côté de la voie publique et non soutenue sur sa face interne ????

S.T. février 2016.

Tournai : la lente évolution de la rue de l'Yser

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2016.02 rue de l'Yser (2).jpgAu centre-ville, la rue de l'Yser, une voirie pavée en pente relativement prononcée relie la Grand-Place à la rue Tête d'Argent. D'une longueur d'environ deux cents mètres, depuis bien longtemps, elle fait partie des rues commerçantes de la cité des cinq clochers. Actuellement, elle tente de survivre à la crise. Contrairement à ses consœurs situées dans le quartier cathédral, elle n'a pas été directement impactée par les chantiers qui ont chassé le client vers les zones commerciales périphériques. La problématique du stationnement payant avant tout et la concurrence des magasins installés à Froyennes ou aux Bastions ont certainement été à l'origine de la désertification commerciale puisqu'à l'heure actuelle, près de 50% des commerces qui la bordent sont à remettre.

Un peu d'histoire.

Jusqu'à la fin du premier conflit mondial, elle portait le nom de rue de Cologne. L'historien Hoverlant avait avancé l'hypothèse que cette appellation lui était venue du fait que des marchands originaires de la ville allemande s'y étaient établis dans le courant du XIIe siècle. Toutefois, dans des actes du XVe siècle, on évoque des maisons sises rue de Coullongne et au XVIIe siècle, elle y est nommée rue de Couloigne. Son nom provient plus probablement d'une puissante famille tournaisienne. Au couvent des frères Mineurs, au quai Taille-Pierre, se trouvait la sépulture de Johan de Coulongne le Spanier nous révèle Bozière.

En 1452, trois Normands, se disant fabricants d'anneaux de cuivre, louèrent une chambre à l'hôtellerie de la Rose qui se trouvait dans la rue de Coullongne. Il s'avéra que les trois hommes étaient surtout des fabricants de fausse monnaie. Condamnés, ils souffrirent les pires supplices. L'un d'entre eux, nommé Gérard, fut bouilli dans une chaudière posée sur un four de maçonnerie, au près à Nonain, les autres subirent la même peine à Maire et à Bruges.

En 1625, un nommé Jean Gérard y acheta une maison à l'enseigne du "Chevalier Rouge".

La porte Ferrain est une des sept portes de la seconde enceinte de la ville. Elle était située au bas de la rue de Coulogne, près d'un puits. Ses deux tours servaient à la fois de prison et de magasin renfermant la provision de blé de la ville.

Tournai rue de l'Yser 7  cartouche tour Ferrain.jpgDeux cartouches présentes sur la façade du numéro 7 de la rue de l'Yser rappellent laTournai rue de l'Yser 7 cartouche Hurlu arbalétrier.jpg présence de celle-ci mais aussi du fossé ou s'entrainaient les Arbalétriers situé à hauteur de l'actuelle rue Perdue.

En 1539, le gouvernement demanda aux Consaux de faire démolir la porte Ferrain. Cette démolition eut lieu quelques années plus tard.

 

 

Vers 1838, nous dit Bozière, vivait en cette rue un jeune tapissier du nom de Ficher, sa passion pour la musique et son talent pour la composition en firent un des compositeurs distingués dans le domaine de la musique sacrée. Ses messes chantées remportèrent de nombreux succès lors de leur interprétation en la cathédrale, hélas elles tombèrent dans l'oubli avec la mort prématurée du jeune homme.

Un fait divers tragique marqua l'histoire de la rue de Cologne. il se déroula le 17 mais 1892. Au n°34 se trouvait la teinturerie de Georges Sachse-Spatz. Vers 15h30, une violente explosion détruisit le bâtiment provoquant la mort du propriétaire et brûlant gravement deux aidants. Ceux-ci furent transportés chez le bandagiste Dechaux qui les soigna en attendant l'arrivée d'un médecin. (voir le récit de ce fait divers dans l'article : "Ce jour-là, le 17 mai 1892" paru sur le blog en date du 12.3.2014, pour y arriver, il suffit de taper le titre dans la case "recherche" située dans la colonne de droite).

Parlant de la rue de l'Yser, au milieu du XIXe siècle, Bozière la décrivait comme étant bordée de beaux magasins affectés plus particulièrement à la vente des étoffes de luxe, de lingerie et au commerce de quincaillerie.

 

Les commerces au XIXe siècle !

Peut-être Bozière a-t-il connu ces maisons réputées à l'époque qu'étaient Le Magasin du Timbre économiquejaune au n°1, Le coiffeur pour hommes et dames Jean au n° 7, l'imprimerie et lithographie Rimbaut-Tricot au n° 12, la Maison H.Dechaux-Dechaux, bandagiste et aiguiseur de rasoirs et de ciseaux au n° 13, le coiffeur, posticheur et parfumeur Charles Bouchart au n°14, l'école professionnelle de Coupe et Couture pour Dame tenue par Mme Carbonnelle au n°15, la Poêlerie du Hainaut J. Bayet-Monnier, la Maison Vilers et Clotilde Dupré,épicerie, au n°28, la Maison Hennart-Derasse, soieries, fourrures, dentelles au n° 30, l'ancienne Maison Veuve Pottiez- Georges Hartung aussi reprise sous le nom de M. Vaernewyck-Jeuniaux, fabrique de couronne en métal, perles, porcelaine ou fleurs artificielles au n° 31, la teinturerie à vapeur Sachse-Spatz au n°36, le chausseur Bonnier au n°40. Pratiquement toutes ces enseignes ont disparu durant la première partie du XXe siècle.

Un nouveau départ.

Après le second conflit mondial, on reconstruisit tous les immeubles, en effet, il ne restait plus une maison debout après les bombardements allemands de mai 1940.

Durant le XXe siècle on vit apparaître, au fil des ans, de nouvelles enseignes : le café-restaurant- friterie de la Petite Nef tenu par Edmond Soyer (détruit en 1940), le traiteur Cobut, les meubles Marlier-Lechantre, la Maison G. De Meire, spécialiste du textile, les chaussures Tivoli, la Ganterie et Chemiserie Bruxelloise, la teinturerie Vitaneuf au n°13, la Maison Favot, spécialiste des articles en cuir, le bureau du journal publicitaire A-Z, le café Le Moderne, Pipabulle, magasin pour enfants, Expo-Place, le magasin Elity, l'agence de Voyages Laurent, le Sony-Center Gillot, la décoration Spiridon, la librairie de la Place, le magasin Geneviève Lethu , une fleuriste, la Boutique Francine. Il y avait toujours l'armurerie Hauvarlet au n°1 et la poêlerie Bayet-Monnier au n°28. Air du temps, on vit même s'ouvrir, il y a déjà plus d'une décennie, une maison de rendez-vous baptisée le "Mirroir duTemps" (sic !) un lieu qui défraya un jour la chronique lorsqu'une personne tira un coup de feu dans la vitrine, heureusement, sans faire de victime. Client insatisfait, conjoint trompé ou concurrent dépité, le fait divers a jusqu'ici conservé son secret ! Toutes ces maisons ont disparu.

Depuis sa rénovation qui date des années quatre-vingt, elle accueille, au cours d'un dimanche du mois de septembre, la "braderie des enfants".

2016.02 rue de l'Yser (1).jpgA l'heure actuelle, parmi la petite trentaine de commerces qui y avaient jusqu'alors pignon sur rue, une douzaine de ceux-ci sont fermés et certaines vitrines sont même louées pour faire de la publicité, entretenir une impression de dynamisme et, surtout, ne pas donner un aspect abandonné si néfaste pour les maisons voisines. On sait qu'au point de vue économique, le vide appelle le vide ! Il reste encore trois restaurants, une brasserie-friterie, un snack, une agence de tiercé, une crêperie, un magasin de vêtements de seconde main pour dames, une imprimerie sur tissus, une enseigne très connue de vente de laine, deux magasins d'articles de fantaisie, une agence de voyages, un magasin de confection, un magasin de sacs et sacoches et l'inévitable magasin de nuit... mais, ce qui est vrai aujourd'hui ne le sera peut-être plus demain !

(sources : "Tournai, Ancien et Moderne" de A-F-J Bozière, ouvrage paru en 1864 - "Tournai sous les bombes" d'Yvon Gahyde, ouvrage paru en 1984 - la presse locale "Le Courrier de l'Escaut" de 1892, les programmes du Royal Théâtre WallonTournaisien des années 1904, 1912, 1923, 1934, 1935 et 1964 - recherches personnelles. Les documents photographiques sont de Mme R. Rauwers réalisés en  février 2016).

Tournai : expressions tournaisiennes (350)

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Tirer les conclusieons !

Ov'là d'jà l'treos chint chinquantième luméreo d'expressions tournaisiennes. Adeon, cha fait près d'siept ainnées que j'viens ainsin vous parler, tous les saim'dis, du patois d'no cité.

Aujord'hui, pou fiêter ceulévén'mint, j'vas ichi vous confier ein secret jusqu'asteur bin wardé, j'sais bin que cha va faire perte bin des illusieons à des gins, ein peu comme quanç'qu'on anneonche à ein infant que Saint-Nicolas ch'est no mopère et no mamère : Edmeond et Fifinne i-n'existent pos, i-seont seul'mint l'âme des vrais Tournisiens, d'ces ménaches qu'on rinconte aux quate coins de l'ville toudis in fiête ou bin, quanç'que cha n'va pos, tirant l'tiête. Des gins tout simpes qui save'tent c'que ch'est l'meot ouvrer, des gins qu'on intind berler dins l'ruache quanç'qui seont débaltés, des gins qui save'tent acorerire plein leu panche, des gins qui vive'tent insanne leu vie intière et des gins qui ont l'cœur su la main et qui donnereot'ent leu quémisseà ein pus malhureux qu'eusses, aux paufes qu'i-n'ont rien.

Les perseonnes du bieau meonte les ravise'tentalfeos d'travers pasque : "Mon Dieu, ma chère, quand ils parlent, ils l'entassent, ils rient pour des riens et leur parler est vulgaire !".

Ahais, ch'est comme cha qu'on dépeint ces gins-là. On veot toudis l'palle dins l'ouel de s'visin et pos l'patinse qu'on a dins l'sien.

On a tertous, ein jour, connu dins no rue ou no rulette, des Edmeond et des Fifinne, mi j'in conneos bramint et à eusses comme aux eautes j'ai tindu la main. Ch'est à leu maseon que j'ai été querre l'matière prumière pou mes artiques du saim'di.

Adeon, aujord'hui, Edmeond et Fifinne i-veont s'ortirer su l'pointe des pieds, i-veont partir comme i-seont v'nus tout à n'ein queop. In lisant les commintaires de m'blog, i-ont vu que l'histoire de leu vie n'attireot pus l'attintieon des gins. Edmeond i-m'a dit :

"Je pinse qu'on comminche tout douchett'mint à foute l'barpeà tes lecteurs, orwette i-n'in a pus ein qui laiche ein commintaire quanç'que te parles d'nous eautes".

J'n'ai pos voulu li deonner raiseon, mais ch'est vrai, j'l'aveos ormarqué d'puis belle lurette. Comme li, j'creos que l'fichelle elle est usée. Pourtant i-a d'puis lommint eine lectrice qui m'écrit des commintaires directemint su l'adresse mail et ein eaute qui m'écriveot qu' i-aveot bin du lari quanç'qu'i-pouveot lire cha, dins l' après-deîner, l'saim'di. Bin souvint, les meots utilisés pa Edmeond et Fifinne ameneot'ent l'raminvrance de ceusses intindus, pa ces gins, chez des amisses et connissances, dins leu jeune temps. Ch'est in pinsant à eusses deux que j'ai continué à aller vir Edmeond et Fifinne pindant l'sémaine.

J'aveos imaginé que dins l'blog "Visite Virtuelle de Tournai", ch'éteot pétête important d'savoir commint les gins parleot'ent dins no cité. Les statistiques elles seont là, "expressions tournaisiennes" est l'artique qui est l'pus "snobé" des deux ou treos qui seont écrits chaque sémaine. Alfeos, Skynet oblie même de l'anneoncher pasqu'i-s'méfie du texte que l'ordinateur de service i-n'comprind pos !

A l'plache, j'ai décidé d'm'erposer et j'vas aller m'pourméner ave des amisses pou vir les bieautés d'no cité avant qu'elle ne soiche évintrée !

Je dédie ces trois cent-cinquante numéros d'expressions tournaisiennes à René Godet, membre de la Royale Compagnie du Cabaret Wallon Tournaisien, qui m'a amené à apprivoiser notre patois et qui m'a encouragé à participer au concours Prayez. Amoureux de notre parler, il savait soutenir les particuliers qui le défendaient sans jamais les snober !

(lexique : ov'là : voilà / l'luméreo ou l'liméreo : le numéro / adeon : donc / siept : sept / ceul : cet / asteur : maintenant / wardé : gardé / quanç'que : lorsque / l'mopère : le père / l'mamère : la mère / les ménaches : les ménages / quate : quatre / toudis : toujours / simpes : simples / ouvrer : travailler / berler : crier / l'ruache : le quartier / débaltés : déchaînés / rire plein s'panche : faire bonne chère à rire / insanne : ensemble / l'quémisse : la chemise / eusses : eux / les paufes : les pauvres / l'meonte : le monde / raviser : regarder / alfeos : parfois / ahais : oui / vir l'palle dins l'ouel du visin et pos l'patinse qu'on a dins l'sien : voir la paille dans l'œil du voisin et pas la poutre qu'on a dans le sien / l'rulette : la petite rue, la ruelle /  bramint : beaucoup / querre : chercher / les artiques : les articles / s'ortirer : se retirer / tout à n'ein queop : tout à coup / commincher : commencer / foute l'barpe : barber / orwettier : regarder / laicher : laisser / ormarquer : remarquer / l'fichelle : la ficelle / lommint : longtemps / avoir bin du lari : avoir bien du plaisir / l'raminvrance : le souvenir / pa : par / pétête : peut-être / anneoncher : annoncer / l'plache : la place / s'erposer : se reposer / pourméner : promener / elle ne soiche : elle ne soit).

S.T. février 2016.


Tournai : la lente évolution de la rue de l'Hôpital Notre-Dame

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Le rue de l'Hôpital Notre-Dame tire son nom de l'institution hospitalière dénommée "Hôtellerie de Notre-Dame" ou "Charité du Gué" qui y existait, probablement, dès le IXe siècle. A partir du XIIIe siècle, ce lieu de soin fut desservi par la congrégation des sœurs de l'Hôtellerie. Cette institution sera remplacée fin du XIXe siècle, par l'Hôpital Civil construit au boulevard Lalaing qui regroupa, déjà, certaines maisons de soins comme, également, les hôpitaux de Marvis et de la Planque. Cette rue rénovée récemment dans le cadre du projet cathédral est située sur l'axe principal qui relie la gare à la Grand-Place, elle fait jonction entre la place Paul-Emile Janson et l'Escaut à hauteur du pont Notre-Dame.

La rue à travers le temps.

1970 Tournai travaux pont Notre-Dame.jpgAu moyen-âge, cette voirie menait au vieux "wez", nom donné alors aux abreuvoirs pour animaux, ce qui lui amena l'appellation de "rue du Vieux Wez". Au XIXe siècle, dans un hôtel particulier situé à peu près au milieu de la rue, y habita la famille Crombez dont un des fils, Louis, sera bourgmestre de la ville de 1872 à 1883. En 1856, les trois frères Crombez (Louis, François et Benjamin) mirent cet hôtel familial à disposition du corps des volontaires-pompiers tournaisiens afin d'y installer leur arsenal. Lorsque l'hôpital Notre-Dame ferma ses portes, les bâtiments furent destinés à accueillir l'Académie de Dessin créée le 1er avril 1757 et située alors à Grand-Garde, elle prendra par la suite le nom d'Académie des Beaux-Arts.

Le cinéma Palace.

Avec l'arsenal des Volontaires-Pompiers et l'Académie des Beaux-Arts, voici la troisième institution tournaisienne située dans cette rue relativement animée : le cinéma Palace. En 1912, les bâtiments de l'école primaire supérieure située au n°17 de la rue de l'Hôpital Notre-Dame avec entrée secondaire à la rue de l'Arbalète sont vendus pour 50.000 francs à la société allemande Hanséatic pour la construction d'un cinéma. celui-ci ouvrira ses portes le 25 août 1913. Repris après la première guerre par Julien Carpreau, il passera très vite sous la direction de Michel Vanden Broecke, un pâtissier de formation qui deviendra le "roi du spectacle "à Tournai, y organisant des soirées de music-hall, de théâtre, des bals et même des rencontres de boxe. Il accueillit les plus grandes vedettes de l'époque : le chanteur parisien Mayol, l'actrice Colette Darfeuil ou les héros cinématographiques, aujourd'hui oubliés, Double-Patte et Patachon.

Durant le second conflit mondial, Michel Vanden Broecke, mieux connu sous le nom de Chelmy, sera victime des bombardements de Bruxelles, ville où il avait émigré. C'est la famille Evrard qui était devenue propriétaire du bâtiment. Par succession, c'est leur fils Germain Evrard, dénommé "Germain du Palace" (NDLR :voir l'article que nous lui avons consacré), un garçon, malheureusement, intellectuellement limité, qui devint le propriétaire. Les gestionnaires seront Mr et Mme Deblir. Le 16 mai 1940, le bâtiment fut détruit par les bombardements mais rapidement reconstruit. Les Deblir seront responsables du cinéma et en deviendront propriétaires à la mort de Germain Evrard en 1972. En 1976, le cinéma sera racheté par la famille Carpentier qui, après une brève fermeture, le transformera en Multiscope Palace, cinq salle remplaceront l'unique salle d'alors. Une trentaine d'années qui virent parfois la foule faire la file sur le trottoir lors de la projection de films à succès passèrent. Le dimanche 20 décembre 2005 sera celui de la dernière séance (si bien décrite dans une chanson d'Eddy Mitchell). Ce jour-là, le nom de Palace va disparaître du paysage cinématographique tournaisien pour renaître sous la forme du "Complexe Imagix" situé le long du boulevard Delwart.

Une mutation beaucoup trop lente.

2005 Tournai rue de l'Hôpital Notre-Dame.JPGDurant la seconde guerre mondiale, certaines parties de la rue furent relativement épargnées, ce qui explique que des bâtiments anciens y sont encore visibles. Hélas, la rue de l'Hôpital Notre-Dame, jadis commerçante et animée, se meurt. Est disparu le café "Le Phare", situé à l'angle du quai Notre-Dame, qui fut tenu dans les années soixante par Eudore Godart et son épouse, un coiffeur-perruquier, attaché au service de la revue annuelle du Cabarat Wallon Tournaisien. A fermé sa porte, le café "Le Vertigo"à l'angle de la placette du Bas Quartier (aussi anciennement dénommé l'Entracte), rasés le restaurant "ChezPietro" qui avait succédé à un magasin d'encadrement, le cinéma Palace et les anciens locaux du Courrier de l'Escaut. Même le corps des Pompiers allait quitté son hôtel pour un nouvel arsenal situé dans la rue Perdue. Il ne subsiste actuellement qu'un terrain vague entre la rue de l'Arbalète et la place Paul-Emile Janson. Le trottoir d'en face n'a rien à envier : la pharmacie "Multi-Pharma", ancienne Maison des Mutualistes, a été transférée, la salle de jeux a fermé ses portes après avoir connu un drame lors du meurtre d'un jeune homme, le magasin de laines pour canevas est devenu une maison particulière...

Il reste une commerce de torréfaction de café dont l'enseigne s'intitule "Aux scènes bibliques". Le bâtiment est, en effet, décoré de sculptures en haut relief représentant des scènes tirées de la Bible comme la Samaritaine, l'enfant prodigue, le jugement de Salomon... Il reste également le "Beau Bar", un bar fréquenté par des personnes en difficulté ou ayant des difficultés à s'intégrer dans la société, un salon de coiffure, une armurerie, l'école des Beaux-Arts avec son extension pour les cours du soir dans l'ancien couvent situé en face et quelques maisons particulières occupées par des étudiants qui leur donnent l'impression de maisons inoccupées où pendent, aux fenêtres, des draps ou couvertures en guise de rideaux.

A l'angle du quai du Marché aux Poissons, l'immeuble appartenant aux Voies Hydrauliques est occupé, au premier étage par le pontonnier chargé de manœuvrer le pont, est le seul endroit qui donne une impression de vie, le soir.

L'avenir ???

La rue vient donc d'être rénovée au même titre que les autres voiries du quartier cathédral. Mise en sens unique vers l'Escaut depuis sa réouverture à la circulation, les rares automobilistes qui l'empruntent ignorent et surtout feignent ignorer que la vitesse y est limitée à 20km/h, le panneau annonçant un espace partagé entre véhicules et mobilité douce le signalant pourtant. Certains feignent aussi ignorer que les stationnement des véhicules n'y est pas autorisé et squattent les parties légèrement surélevées symbolisant l'idée des trottoirs anciens. On voit souvent des chauffeurs, principalement ceux de services de livraisons expresses, la descendre sans relever le pied. Il faut dire à leur décharge que la rue de l'Hôpital Notre-Dame donne actuellement l'aspect d'une large voirie sans vie, comparable a celui des rues au temps des dimanches sans voiture. Rien n'est fait non plus pour la rendre attractive, ce ne sont pas les trois bacs fleuris (!) posés face à l'Académie des Beaux-Arts et parfois bien bousculés qui peuvent, un tantinet, l'égayer. La fermeture du lieu d'enseignement artistique et des deux ou trois commerces qui y subsistent durant le week-end et lors des vacances scolaires amplifie même cette morne impression.

Dans quelques semaines débutera le chantier de construction d'un immeuble à appartements à l'emplacement de l'ancien siège du Courrier de l'Escaut, on nous annonce un rez-de-chaussée commercial. Encore faut-il qu'un commerce durable vienne s'y installer sinon il faudra encore louer les lieux à un magasin de nuit !!!! Pendant ce temps, le terrain vague où s'élevaient jadis le cinéma Palace et le restaurant Chez Pietro rappelle les images du Tournai d'après-guerre et de ses ruines.

(sources : "Tournai, Ancien et Moderne" de A-F-J Bozière, ouvrage paru en 1864, "Tournai sous les bombes", ouvrage d'Yvon Gahyde paru en 1974, "Tournai, les Toiles oubliées" ouvrage de Max Hovine sur les cinémas tournaisiens paru en 2006, recherches personnelles - documents photographique 1 : presse locale, document 2: collection personnelle).

S.T. février 2016.

Tournai : la mobilité en question !

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A notre époque, se déplacer en ville autrement qu'à pied relève parfois du parcours du combattant. On circule mal et aux heures de pointe, on ne circule pas du tout, on rencontre des problèmes pour stationner, on doit faire face à de nombreux chantiers, bref, on a envie de fuir la ville et... ses commerces.

Tournai n'échappe pas à la règle, la ville est envahie par les automobiles, les camions, les transports en commun et y trouver une place pour stationner relève d'un coup de chance comparable aux possibilités de faire un six au Lotto.

Depuis des années, des spécialistes de la mobilité ont cru trouver des systèmes pour assurer la fluidité du trafic et le stationnement des véhicules. Hélas, on semble n'avoir trouvé que des solutions bancales portant en elles de futurs problèmes.

Quelle est la situation aujourd'hui dans la cité des cinq clochers ?

Le code de la route stipule que la vitesse des véhicules est limitée à 50km/hà partir du panneau reprenant le mot "Tournai" sur fond blanc jusqu'au moment où on rencontre un même panneau barré de rouge. La vitesse est donc limitée sur toutes les voies d'accès à la ville (chaussée de Lille depuis la sortie d'Orcq, chaussée de Douai dès la sortie d'Ere, chaussée de Lannoy dans la suite de la traversée de Froyennes, chaussée de Renaix depuis laVerte-Feuille, chaussée de Saint-Amand à partir de la clinique IMC ou chaussée d'Audenarde dès la traversée du village de Kain jouxtant la ville ...). Une voie d'accès fait exception à la règle, l'avenue de Maire (chaussée de Courtrai) où des panneaux autorisent d'y rouler à un vitesse limitée à 70km/h jusqu'au rond-point de l'Europe. Combien de conducteurs respectent cette injonction ? Il n'est pas rare de voir des automobilistes jouer à "saute-mouton" en slalomant entre les véhicules pour gagner une ou deux places. Conduite arrogante de gens immatures, diront certains, attitude déplorable de gens pressés partant trop tard pour un rendez-vous, répliqueront d'autres !

Tous les boulevards formant la ceinture de Tournai sont limités à 50km/h, une large frange de conducteurs connaissant pourtant bien la ville feint ignorer cette obligation, tandis que les conducteurs étrangers considèrent qu'ils peuvent y rouler comme on le ferait sur un périphérique.

Dans peu de temps, une limitation généralisée à 30km/h va concerner l'entièreté des rues de la ville, le panneau ad-hoc et le marquage au sol qui ont été placés à chaque entrée de ville n'attentent plus que l'avis de la Région Wallonne confirmant cette décision prise en conseil communal, à la fin de l'année 2015. La presse nous annonce l'entrée en vigueur de cette mesure vers la mi-mars.

Attention, cette limitation ne sera pas d'application dans certaines rues du quartier cathédral qui sont déjà et resteront limitées à 20km/h. Il s'agit là d'un espace partagé avec les modes de déplacement doux (piétons, vélos...). On pense notamment à la rue de l'Hôpital Notre-Dame. Elle n'annulera donc pas ce qui existe !

La voirie intra-muros.

Ceux qui empruntent quotidiennement les rues de la cité des cinq clochers l'ont constaté, le revêtement pavé, parfois en mauvais état, truffé d'affaissements ou de nids de poule, n'incite guère à la vitesse, principalement ceux qui sont soucieux d'éviter des dégâts à leur véhicule. On pense notamment à la rue Saint-Martin, à la Grand-Place, au quai Sakharov, à la placette aux Oignons, à la rue Royale, à la rue de la Madeleine ou encore des Jésuites. Cela n'empêche pas certains automobilistes d'essayer de "voler" par-dessus les pavés et, en raison de leur vitesse, refuser la priorité aux piétons engagés dans un passage protégé.  

Depuis la prise de pouvoir de l'automobile, on perdu de vue qu'une ville est avant tout un lieu de rencontres, de promenades, de flânerie, un lieu où on peut faire du shopping ou du tourisme à l'aise. Pour l'attractivité du centre-ville, il est grand temps que le piéton en reprenne possession tout en se sentant en sécurité.

Il est temps que les véhicules de transit cèdent la place aux personnes qui souhaitent véritablement se rendre au centre-ville

Les rues suivantes ont été mises en mode piétonnier : le parvis du beffroi, la rue des Chapeliers, la rue de Paris, la rue Soil de Moriamé, l'esplanade de la place Paul-Emile Janson, une partie de la place Saint-Pierre, la ruelle d'Ennetières ont rejoint le piétonnier appelé jadis de la "Croix du Centre", c'est-à-dire la rue Gallait, la rue dela Cordonnerie et la rue des Puits Wagnon. C'est donc le véritable cœur commercial et touristique de Tournai qui est ainsi offert aux promeneurs.

Ces rues sont accessibles entre 5 et 10h, le matin, pour l'approvisionnement des magasins et les emplacements de parking y ont été effacés. Il n'est cependant pas rare de tomber nez-à-nez avec des véhicules qui y circulent ou de voir d'autres stationner, sans vergogne, en dehors des zones prévues à cet effet. Les automobilistes profitent de la non-remontée de l'un ou l'autre potelet destiné à fermer la rue (parfois même détruits par ceux qui veulent forcer le passage) pour se faufiler et jouer les innocents lorsqu'ils sont pris en flagrant délit.

Hélas, les commerçants tournaisiens n'ont pas compris qu'ils avaient été à l'origine de leur malheur actuel, le jour où ils ont sollicité l'échevin d'alors afin de trouver une solution à la problématique des nombreuses "voitures-ventouses" qui stationnaient durant toute la journée face à leur magasin. La solution fut rapidement trouvée, pour une meilleure rotation des véhicules, on instaura le stationnement payant limité dans le temps. Comme partout ailleurs, on vit alors fleurir les horodateurs. L'engrenage fatal était enclenché ! Le stationnement payant a repoussé les véhicules-ventouses vers les autres rues de la ville au grand dam des riverains qui ne trouvaient plus de place pour stationner leur véhicule à proximité de leur habitation. On a donc créé la "zone bleue" tentaculaire qui s'est étendue progressivement jusqu'à la ceinture des boulevards.

Comme on a donné aux riverains la possibilité d'acheter une carte afin de pouvoir stationner, en toute impunité, durant toute l'année près de chez eux (à condition qu'ils y trouvent une place de libre), comme on a étendu cette possibilité aux personnes travaillant en ville, comme on a multiplié les emplacements réservés aux personnes à mobilité réduite (et ce n'est qu'une juste décision), on s'est vite retrouvé devant le problème initial ! A la seule différence que des agents d'une firme privée parcourent désormais les rues de la cité, du matin au soir, afin de placer délicatement une "taxe" de 15 euros par demi-journée aux distraits qui ont "oublié" d'approvisionner le bandit-manchot ou de placer leur disque derrière le pare-brise.

tournai, circulation, stationnement, horodateurs, Pendant ce temps, aux confins de la ville, à l'Ouest comme à l'Est, on a vu se développer des zones commerciales périphériques qui sont entrées en concurrence directe avec le petit commerce du centre-ville. La clientèle y trouve de vastes parking gratuits à deux pas du lieu de ses achats. Faut-il encore aller tourner dans la ville afin de trouver une place pour garer son véhicule ? Faut-il encore stresser en regardant sa montre pour ne pas dépasser le temps autorisé de stationnement ? Faut-il augmenter le budget consacrés aux commissions de quelques euros qui vont enrichir une caisse communale qui nous taxe déjà au maximum de ce qui est permis. Dans une période crise, chacun regarde au petit bénéfice et délaisse le commerce du centre-ville qui périclite.

Conclusion.

La mobilité est un problème. Tant que l'homme n'aura pas compris qu'on lui a donné deux jambes pour marcher, tant qu'on n'aura pas construit des parkings de dissuasion gratuits aux abords de la ville, tant que de lourds véhicules continueront à traverser la ville au lieu de la contourner, tant que les TEC poursuivront leur politique de faire passer des bus articulés dans des rues qui ne sont pas prévues pour un tel charroi, tant que nos gestionnaires communaux ne se rendront pas réellement compte du problème dans son ensemble, tout ce qui est relevé dans cet article restera, hélas, d'actualité.

S.T. février 2016.

Tournai : la commémoration du premier conflit mondial.

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La ville de Tournai poursuit la commémoration du centenaire de la guerre 1914-1918. Le 24 août 2014, c'est le sacrifice des soldats Vendéens venus défendre la cité des cinq clochers qui fut rappelé au cours d'émouvantes cérémonies qui se déroulèrent au tertre du souvenir. A cette occasion, les Ecrivains Publics de Wallonie Picarde firent également paraître l'ouvrage : "Au nom de tous les miens 14-18", un recueil de témoignages de descendants de soldats qui participèrent à la "Grande Guerre".

L'année de Gabrielle Petit et de la résistance à l'ennemi.

Tournai Gabrielle Petit (1).JPGLe thème qui nous accompagnera tout au long de l'année 2016 sera : "la résistance". Il s'articule autour de l'héroïne tournaisienne Gabrielle Petit, arrêtée pour espionnage et fusillée par les Allemands, le 1er avril 1916. (voir l'article que nous lui avons consacré en tapant son nom dans le cadre "recherches" de la colonne de droite).

Une première exposition.

Le 23 mars, à 18h00, il sera procédé au musée de Folklore au vernissage de l'exposition intitulée : "Les Lettresmanuscrites de Gabrielle Petit". 

Lucien Jardez, ancien conservateur du musée, aujourd'hui disparu, avait rassemblé quelques objets lui ayant appartenu et des lettres écrites de sa main lors du conflit. Dans un décor reconstitué par Mme Nicole Demaret et son équipe, ces éléments seront visibles tout comme le sera une reconstitution de la cellule où elle fut emprisonnée avant d'être fusillée ou encore la plaque commémorative apposée sur sa maison natale au Luchet d'Antoing. La salle située dans l'ancienne école Saint-Grégoire prendra, désormais, le nom de "salle Lucien Jardez", en souvenir de celui qui se dévoua pour maintenir vivace le folklore de la cité des cinq clochers.

Une journée du souvenir.

C'est tout naturellement le vendredi 1er avril, date à laquelle l'espionne tournaisienne est tombée sous les balles allemandes en 1916 qu'aura lieu la cérémonie commémorative.

Elle débutera par un office religieux, à 9h15, en l'église Saint-Brice.

A dix heures, sur la place Clovis, face au monument, en présence des autorités communales, des représentants des sociétés patriotiques et de la population tournaisienne conviée à se souvenir de ces moments sombres de notre Histoire, débutera la cérémonie civile : lecture de la lettre de Gabrielle Petit par Yola Her du Conservatoire de Tournai, chant à Gabrielle Petit interprété par E. Wallon, professeur de chant au Conservatoire, pose de coquelicots dans la vasque située au pied de son effigie, discours de Mme Desclée, responsable de l'asbl "Femmes en Milieu rural", de Mme Mireille Winberg, Présidente du Comité National Gabrielle Petit et de Mr. Rudy Demotte, bourgmestre de Tournai. La cérémonie se poursuivra par le dépôt de gerbes, l'exécution par l'Harmonie des Volontaires Pompiers du "Last Post" et de "la Brabançonne" et la présentation du totem explicatif pour les visiteurs.

A onze heures, à la place Paul-Emile Janson, au Centre de Tourisme : mot d'accueil et lecture de la dernière lettre de Gabrielle Petit par Mme Nicole Demaret, Conservatrice du musée de Folklore, spectacle musical "Récits de vies1914-1918" par les élèves du Conservatoire sous la direction de Mme Yola Her suivi du verre de l'amitié.

La contribution des élèves de l'Athénée Jules Bara.

Le 14 avril, à 18h30, en la chapelle de l'Athénée, rue Duquesnoy, sous la direction de Mme Sabrina de Cuyper, les élèves présenteront le spectacle : "Jeunes en guerre 14-18". Une histoire racontée par des jeunes de notre époque qui se penchent sur le premier conflit mondial. L'histoire d'Oscar Godart servira de fil rouge à un récit qui évoquera la vie, durant la guerre, de Jean Agache, abbé brancardier, de William Mitschké et abordera également le personnage de Gabrielle Petit. En quatre parties, il nous transportera dans un parcours de l'avant-guerre à l'après-guerre en passant par la mobilisation et le conflit proprement dit.

Devoir de mémoire oblige, ce spectacle sera présenté en interne aux élèves de cinquième et de sixième ainsi qu'aux élèves des écoles primaires invités à venir le découvrir le 13 avril.

L'exposition des Femmes Prévoyantes Socialistes.

Elle se tiendra du vendredi 29 avril au samedi 7 mai, à l'Hôtel de Ville de Tournai, dans le hall face au Salon de la Reine. Elle sera accessible du lundi au samedi. Elle aura pour thème : "Femmes dans la Grande Guerre". 

Les organisatrices ont voulu montrer le rôle que tinrent les femmes durant le premier conflit mondial. Qui étaient-elles ? Où étaient-elles ? Que faisaient-elles ? Elles ont pour nom : Marie-Marthe Spruyt, Jeanne Delaunoy, Marie van den Steen de Jehay, Louise Thuliez, Emilienne Moreau, Yvonne Vieslet, Hélène dutrieux mais aussi Elisabeth de Belgique, Edith Cavel, Marie Curie, Gabrielle Petit, Louise de Bettignies, Eugénie Buffet, Mistinguett... et bien d'autres. L'exposition permettra aussi de revoir une partie de celle qui fut proposée par les écrivains Publics de Wallonie Picarde au Centre de Tourisme en août et septembre 2014.

Tournai Gabrielle Petit (2).JPGDeux journées seront consacrées à une visite des lieux de mémoire de Tournai (monument Gabrielle Petit, tertre des Vendéens...) en petit train touristique.

Le spectacle du Conservatoire de Tournai.

Le samedi 28 mai à 20 heures et le dimanche 29 à 18h, en la salle Jean Noté de la Maison de la Culture, le Conservatoire de Tournai présente "ziste !", spectacle musical sur un scénario des Ecrivains Publics de Wallonie Picarde évoquant les résistances de la vie, d'avant la naissance à la mort ! Orchestre, chœurs d'enfants et comédiens formés au Conservatoire nous emmèneront dans un balade sur le thème des résistances. Il s'agit du dernier spectacle qui sera présenté à la maison de la Culture, celle-ci fermant ensuite ses portes pour les travaux de rénovation. 

L'exposition du Cercle d'Histoire de Tournai.

Celle-ci se tiendra en octobre et novembre, dans un lieu à déterminer, nous aurons l'occasion de la présenter ultérieurement.

La mémoire.

Il est à noter également que des Tournaisiens ont accepté de jouer le rôle de "passeur de mémoire". A ce titre, ils visiteront les écoles afin d'évoquer des figures locales qui jouèrent un rôle important au cours de la première guerre mondiale. Décrire la guerre que nos aïeux ont vécue, c'est permettre d'apprécier plus encore la paix dans laquelle nous vivons, même si tout n'est pas toujours parfait !

Ceux qui découvrent le blog et que cela intéresse, peuvent relire les articles consacrés au Major Médecin Léon Debongnie et au général de Villaret. il suffit de taper ces deux noms dans le cadre "rechercher".

(photos : Mélanie Devaddere).

S.T. février 2016.

Tournai : travaux en cours et programmés

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Comme les fleurs dans les champs et les jardins, avec les beaux jours qui s'annoncent, des dizaines de panneaux relatifs aux chantiers poussent, à nouveau, sur les routes et dans les rues de la cité des cinq clochers.

Quai Saint-Brice, quai Dumon et Becquerelle.

Le chantier a débuté, il y a trois semaines. Dans un premier temps, une firme a été chargée de la pose des impétrants ce qui a nécessité la modification presque quotidienne des sens de circulation, la fermeture de rues ou la création de déviations temporaires. A partir de ce lundi 14 mars, la circulation dans le quartier devrait être totalement impactée.

2005 Tournai la rampe du Pont de Fer.jpgEn effet, l'arrêt et le stationnement des véhicules seront totalement interdits dans la rue du Château dans la section comprise entre le quai et la rue du Limousin. A partir de cette date également, il ne sera plus possible de descendre le Pont de Fer vers le quai Dumon. La circulation se fera à double sens sur la rampe venant du quai Sakharov. Au bas de celle-ci, un rond-point sera installé pour fluidifier le trafic et tenter d'éviter les nombreux embouteillages qui pourraient se produire aux heures de pointe.

Pour rappel, ce chantier durera jusqu'au printemps 2017.

Avenue des Peupliers.

Les automobilistes qui empruntent cette voirie ont constaté, depuis longtemps, que le revêtement se dégradait de plus en plus, on ne compte plus les nids de poule et il faut parfois slalomer entre ceux-ci pour éviter des dégâts aux véhicules.

Ce 11 mars, la firme chargée du chantier de rénovation est venue poser les barrières de chantier et la signalisation. Le stationnement sera interdit durant toute la durée du chantier et, selon nos sources, la circulation se fera sur une demi-portion de route.

Le chantier devrait débuter ce 14 mars.

Si les travaux du quai Dumon sont annoncés sur le site officiel de la Ville, le présent chantier n'a fait l'objet d'aucune information officielle. Il faut dire que le chantier qui a concerné la place Saint-Pierre depuis le 23 mars 2015 et qui est terminé depuis belle lurette y est toujours renseigné. Un site informatique, c'est un + apprécié de la population, à condition qu'on songe à le mettre à jour et à y apporter les informations utiles pour le citoyen !

Chaussée de Lannoy à Froyennes.

La pose d'impétrants entre le carrefour de la rue Saint-Eleuthère et la chaussée de la Blanche, à la limite de Templeuve, a débuté en novembre 2015. Les travaux sont toujours en cours et, à certains endroits, pour la sécurité des ouvriers, la circulation est régulièrement réglée par des feux tricolores permettant le passage alternatif des véhicules. Ce qui entraîne parfois de sérieux ralentissements sur cette chaussée fort fréquentée aux heures de pointe.

Chaussée de Courtrai à Ramegnies-Chin.

Pour le compte du Tec, une firme est chargée de construire un embarcadère en demi trottoir pour les bus face à l'école Saint-Luc. La prudence est de rigueur à un endroit qui a connu par le passé de nombreux accidents parfois mortels.

Le chantier est normalement prévu jusqu'au 30 avril.

Travaux de rénovation de façades à la rue Saint-Martin.

Des travaux de rénovation des façades des immeubles de l'ilot des Primetiers sont en cours dans le prolongement du chantier du Conservatoire. A cet effet, des échafaudages munis de toiles plastifiées ont été placés en empiétant légèrement sur la voirie mais surtout en réduisant la vue pour les véhicules qui doivent tourner vers la Grand-Place.

Travaux de la rue de Barges.

Cet important chantier nécessité par l'ouverture prochaine des nouvelles installations du Centre Hospitalier Régional avancent bien. La rue de Barges est totalement interdite à la circulation, la déviation des véhicules s'effectue par la rue Vauban pour rejoindre la rue de la Citadelle. Il faudra encore prendre patience pendant quelques semaines avant de pouvoir emprunter la nouvelle voirie.

Rue Général Piron.

Au bas de la rue Général Piron, on poursuit les travaux de construction du parking destiné aux membres du personnel du CHWApi. A la vitesse à laquelle avance ce chantier, il serait étonnant qu'il soit terminé pour la date de regroupement des différents services sur le site Union. A la décharge des ouvriers qui y travaillent, on ne peut pas dire qu'ils soient nombreux et ils doivent quand même réaliser une surface de plus de cent places de parking.

Quai Donat Casterman.

On a procédé, dans une première phase, à l'enlèvement des rails de l'ancienne voie ferrée amenant les marchandises à l'entrepôt des douanes. La seconde phase sera la réalisation d'une voie pour les cyclistes dans le cadre du Ravel qui longe l'Escaut.

Interrogations.

Il faudra un jour que l'échevin des travaux nous expliquent pourquoi, à Tournai comme un peu partout en Wallonie d'ailleurs, les chantiers s'éternisent à ce point et où disparaissent les ouvriers chargés de les réaliser pendant quelques jours ou quelques semaines. Une même entreprise soumissionne peut-être pour plusieurs chantiers qui se déroulent simultanément et le nombre de ses ouvriers n'est pas extensible. S'il faut encore s'en convaincre, il suffit de voir l'extrême lenteur du chantier de l'autoroute entre la frontière française et Froyennes, on risque de croire que la planification et le respect de celle-ci n'est pas une des priorités ou une compétence des décideurs politiques de notre belle région.

S.T. février 2015 .

 

Tournai : la lente évolution de la rue du Cygne

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Situation.

1960 Tournai La rue du Cygne.jpgLa rue du Cygne relie le carrefour dit des "Quatre Coins Saint-Jacques"à l'Escaut et au Pont de Fer. En petits pavés, d'une longueur légèrement inférieure à deux cents mètres, elle est principalement à caractère commercial même si, comme dans d'autres rues de la cité des cinq clochers, elle voit, depuis ces dernières années, le nombre de vitrines vides augmenter. On en dénombre actuellement une demi-douzaine.

photo ci-contre : la rue du Cygne dans le courant des années soixante (presse locale)

Un peu d'histoire.

Au XIIIe et XIVe siècle, on l'appelait "le Caingle" et même "Cingula" dans les écrits religieux encore rédigés en latin, nom qui évolua en "le Chaingle" durant le XVe siècle. Le mot roman "chaingle" ou "changle" signifie sangle ou ceinture. On peut donc en déduire que son nom résulterait de la localisation, juste à l'extérieure de l'enceinte gallo-romaine qui formait la ceinture de la cité. Pour mieux se représenter cette ligne fortifiée, il suffit de relier, par un tracé imaginaire, le Fort Rouge situé dans la rue Perdue à la tour du Cygne située dans l'impasse du même nom, tout en tenant compte qu'au bas de la rue de l'Yser se trouvait la "porte Ferrain". L'existence d'une autre tour a d'ailleurs été démontrée, dans le prolongement de cette ligne fictive, lors de la réalisation de travaux de fondations du siège d'Ideta sur le site de la clinique Saint-Georges, sur la rive droite.

Dans certains écrits, elle prend même le nom de "Basse-Chingle" : "un taillandier (NDLR : personne qui exerce le commerce de ciseaux, cisailles, sécateurs...) vend une maison en la rue de la Basse-Chingle en 1603" (Acte de l'époque).

Pour être complet, citons l'historien Adolphe Hocquet qui rattache l'origine du nom de la rue à un hôtel qui s'y serait trouvé jadis et qui avait pour enseigne "Au Chine" !

Les historiens relèvent l'existence d'un immeuble à l'enseigne du "Rouge Chevalier" et, en 1548, de l'hôtel de "laNef d'Or". En 1550, "le dénommé Pierre Cornet, brasseur, achète la brasserie du Croissant, située en la rue de la Chingle et une maison séant en la ruelle dicte ruelle du Croissant sans issue, tenant à la dite brasserie"  (NDLR : nom donné alors à l'impasse de la rue du Cygne).

En 1829 nait dans la rue du Cygne un certain Simon Antoine Victor Decallonne. Il est le fils d'un maréchal-ferrant. Après son mariage en 1868 avec Marie-Elise Liagre, il installe son atelier d'imprimerie à la rue Claquedent avant de transférer définitivement ses activités sur la Grand-Place.

Avant de partir s'installer à l'avenue de Maire, Antoine Déplechin qui exerce le métier de plombier y vient s'établir en 1861.

Le 12 juin 1981, la banque André Joire qui jouxte le cinéma des Variétés est victime d'un hold-up perpétré par trois individus qui s'emparent d'un butin estimé à 1.300.000 francs belges (environ 32.225 euros). Depuis quelques semaines, des organismes financiers tournaisiens connaissaient pareille mésaventure. On apprend que le 29 septembre de la même année, le cerveau de ces attaques a été abattu dans un bar de Turin. Il s'agissait d'un truand italien probablement abattu par ses complices.

Une rue où fleurissaient les maisons de commerce.

Tournai le Pont de Fer avant 1940.jpgEn 1871, on y trouvait au n° 22, le sellier bourrelier L. Avaerts, au n° 24, le coiffeur-perruquier A. Joblet et au n° 26, l'horloger E. Berwouts. Au début du XXe siècle, ces trois maisons ne formeront plus qu'un seul magasin d'ameublement à l'enseigne : "A la Tentation".

Vers l'année 1900, on découvrait également au n° 2, le café Au Lion Belge tenu par la Veuve Hennebeuse (NDLR : ce café apparaît sur la gauche de la photo ci-contre), au ° 4, le quincailler A. Henneuse, au n° 6, la charcuterie Schillebeek-Tanghe, au n° 8, les denrées coloniales G. Moerman, au n° 10, les denrées coloniales et tabacs-cigares A. Louw, au n° 12, une profession indépendante, le docteur J. Abrassart, au n° 14, la banque André Joire et Cie. Entre le n° 14 et le n° 16 s'ouvrait alors l'impasse de la rue du Cygne. Aux n° 16 et 18, la maison d'ameublement Vve Marlier-Lechantre, au n° 20 le coiffeur pour dames E. Godart, Les N° 22 à 26 concernaient le magasin d'ameublement "A La Tentation", au N° 28, la marchande de parapluies VveRouchy, au n° 30, le chausseur Coisne-Gheylens, au n° 32, les articles pour selliers, bourreliers et carrossiers des fils Barthélémy Gheylens, un vaste bâtiment qui faisait le coin de la rue du Cygne et de la rue de Courtrai portant l'enseigne "A la Grande Fabrique". Dans le courant de la première partie du XXe siècle, on trouvait encore, au n° 13, Le "New Sports House" tenu par Charles Duhaubois qui s'installa par la suite sur la Grand-Place et au n° 35, "l'hôtel de la Petite Nef" tenu par Edmond Soyez, rappel de l'hôtel de la Nef d'Or dont on trouve une trace dans un acte de 1548.

En 1904, on note que la maison Marlier-Lechantre, fondée en 1854, comporte quatre magasins qui se situent 8, 16, 17 et 18 rue du Cygne. leur publicité annonce "4 grands magasins du Mérite Industriel" ! Tandis qu'au n° 30, la maison "Au petit Bénéfice" tenu par O. Demeyer à remplacé le marchand de parapluies Rouchy.  

 Cependant l'immeuble qui va attirer les foules, dans la rue du Cygne à partir de 1913, sera le cinéma des Variétés.

Le cinéma des Variétés.

Le 8 avril 1914, un permis de bâtir est introduit pour la construction d'un bâtiment à usage de Brasserie-Cinéma à l'emplacement des maisons démolies de la rue du Cygne qui portaient les n° 22, 24 et 26. Un second permis sera introduit, un peu plus tard, pour la construction de dépendances du cinéma et la sortie d'une maison d'habitation au niveau de l'impasse de la rue du Cygne.

L'ouverture du cinéma des Variétés se fait le dimanche 16 janvier 1916,  dans une ville occupée par les Allemands. Une inspection du 23 février 1916 nous éclaire sur la disposition des lieux. Au rez-de-chaussée : 432 places (349 prévues sur l'enquête de commodo et incommodo), dans la galerie de l'étage 192 (au lieu des 150 prévues). La poursuite de l'activité est néanmoins autorisée, l'intransigeance dans ce genre de contrôle ne semblait pas de mise durant la première guerre mondiale.

En 1920, les caves du cinéma sont aménagées pour y créer un dancing. La façade du bâtiment était de style Louis XVI rococo, le rez-de-chaussée étant composé de quatre arcades, l'une d'elles donnant accès à la salle de bal par un escalier visible de l'extérieur.

En mai 1940, le cinéma devenu propriété de Mme Veuve Ceuppens qui l'avait acquis avec son époux en 1931, sera totalement détruit par les bombardements allemands comme la totalité des bâtiments de la rue du Cygne. Au cours de ceux du 16 mai 1940, une personne y perdit la vie, Mme Maria Comblez avait 75 ans. Dès la fin de la guerre, la propriétaire s'attela à la reconstruction et la réouverture eut lieu le 19 octobre 1951. En 1975, sous la direction de Mr. Julien Colleit, on transforma la salle unique en deux salles au confort moderne avec son dolby stéréo permettant la projection de fils en "sensurround" (Tremblement de Terre, La bataille de Midway). Hélas, au début des années nonante, la situation financière se dégrada au point que le Tribunal du Commerce déclara la faillite d'office du cinéma. En juin 1993, le cinéma des Variétés fermait ses portes ne pouvant plus rivaliser avec son rival de toujours, le Multiscope Palace. Il avait connu un très grand succès de foule avec la projection du film E.T. en 1982 (NDLR : c'est une des dernières fois qu'on vit des files de spectateurs sur le trottoir). Il avait terminé sur un autre film à succès : "Les Visiteurs".

La situation actuelle :

Le cinéma fermé, une grande partie de sa clientèle cessa de fréquenter la rue. De fort animée qu'elle était le soir et les week-ends, la rue du Cygne devint un lieu de passage et de promenade durant le jour. L'immeuble fut transformé en un magasin d'articles électro-ménagers tout d'abord, en un vaste magasin de vêtements et chaussures dénommé la Factory ensuite.

A peu près au même moment, la banque André Joire (au n° 18) fermait sa succursale de Tournai et était remplacée par un magasin de haute-couture pour dames à l'enseigne Hedwig, d'autres magasins allaient progressivement disparaître : le magasin de chaussures "A la Mule du Pape", le luthier Kerkhofs, la taverne Ibis (visible sur la photo 1), le magasin Toubois avec sa façade à colombages rappelant les immeubles alsaciens ou normands, la bijouterie Franck, la boulangerie pâtisserie remplacée tout d'abord par un magasin d'articles pour amateurs de motos et ensuite par la parfumerie Deuquet, la maison Gheylens, le café-friterie des Variétés, Alphamed, produits paramédicaux (occupant l'immeuble Toubois, il a été transféré au début de l'année 2016 dans la zone commerciale d'Orcq en raison des facilités de parking pour les livraisons et la clientèle), le garage Fiat, la Maison Guillaume, vins et spiritueux, les chaussures Coisne, le magasin de radios et télévisions Léon Blondez, le magasin Kelvinator Crahait à l'angle de la rue de Courtrai, la Maison G. Delacenserie au n° 19, le magasin de vêtements pour homme D'hondt-Van Peteghem, le magasin de luminaires, l'agence de voyages située à l'angle de la rue de Courtrai dans les anciens établissements Gheylens etc ...

Comme un peu partout en ville, peu à peu, la rue du Cygne a été touchée par le phénomène de la fermeture des commerces même si quelques vieilles enseignes tentent néanmoins de résister ! Grâce, entre autres, à trois restaurants (An-Nam, En Cas de Faim et les Epicuriens), un horloger-bijoutier (Delrue 1904), un magasin de tissus d'ameublement (Au Voile Suisse), une parfumerie (Deuquet), un opticien (Maison Améry), un magasin de haute-couture (Hedwig), un commerce de vêtements..., on trouve encore des passants pour faire du lèche-vitrine malgré la bonne demi-douzaine de vitrines vides.

(sources : "Tournai, Ancien et Moderne" de A.F.J. Bozière, ouvrage paru en 1864 - "Tournai, les toiles oubliées" de Max Hovine, ouvrage paru en 2006, "Biographies Tournaisiennes des XIXe et XXe siècles" de Gaston Lefebvre paru en 1990  - "Tournai sous les bombes" d'Yvon Gahide ouvrage paru en 1984, -le journal "Le Courrier de l'Escaut" différentes éditions et recherches personnelles).

S.T. mars 2016.

  

Tournai : expressions tournaisiennes (351)

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L'pus tournisien des ménaches nous orvient !

Détournemint d'feonds (*) !

Après l'ortrait d'Edmeond et Fifinne, au meos d'féverrier, beauqueop d'commintaires et d'mails m'ont été invéyés. J'n'areos jamais pinsé qu'i-areot eu autant d'gins in foufelle à l'anneonche de ceulle (mauvaisse) nouvelle.

Adeon, rincontrant nos deux amisses, jeudi dernier quançque j'sus allé au marché de l'plache Crombez, j'ai profité de d'leu d'minder si j'pouveos acoreécrire ce qu'on diseot inter nous quançque j'alleos les vir.

Cha n'a pos été facile, on peut dire que l'négociatieon elle s'a éternisée pa d'vant eine beonne demi-douzaine d'pintes au cabaret. Même qu'au momint d'rintrer à m'maseon, j'éteos tout berzèque et pos à m'n'aisse pasque j'saveos que m'feimme elle n'alleot seûmint pos ête fort bénaisse. J'li ai espliqué que ch'éteot parti d'ein beon sintimint, que je n'vouleos pos que bramint d'gins soichent tout défoutus de n'pus intinte parler de ces deux babieleux qui ont toudis connus. Comme l'ceulle qui partache m'vie elle a avant tout beon cœur, elle n'a pos voulu priver d'leu p'tit amus'mint mes fidèles lecteurs. Ov'là pourquoi, mes gins, vous allez ertrouver à partir d'aujor'hui, les avintures d'Edmeond et Fifinne dins les radotaches du saim'di. 

"He bé, vingt milliards, on n'saveot pos qu'on f'seot ainsin orcette ave ce qu'te publieos su no deos chaque sémaine su internet !" m'a dit Fifinne in m'orwettiant de tout s'n'hauteur, j'ai pinsé, t'taleur, elle va m'orclamer des dreots d'auteur.

I-feaut dire que dins l'temps, les Tournisiens i-z'aveot'ent Popol et D'siré qui passeot'ent su No Télé tous les saim'dis au momint du deîner. Mes deux gins i-z'aveot'ent l'sanche d'avoir pou scénarisses, Eloi Baudimont et Bruno Delmotte, deux véritapes espécialisses. Mi, j'fais m'possipe pou conter in leong et in larche les avintures du pus tournisien des ménaches.

"Alors, quoisqu'i-s'a passé d'puis qu'on s'a pus rincontré ?"

Croyez-me, i-n'm'a pos fallu lommint les raviser pou vir que l'tiête de Fifinne elle aveot tout à n'ein queopcangé.

J'ai bin vu qu'elle n'aveot pos eine belle tiête et qu'Edmeond, li, i-aveot préféré orwettier pa l'ferniête.

I-a d'l'ieau dins l'gaz que j'ai pinsé pasque m'questieon sanne les avoir ameutés.

"Te veux savoir l'vérité, j'vas ichi tout déballer. D'puis qu'on a uni nos destinées comme on dit in beon français, on a mis deux p'tites boîtes in beos su l'quémeinée et, à l'fin du meos, on partache au cent près c'qu'on n'a pos dépinsé. L'pus souvint, on met eine pétite écapure d'deux ou treos eureos, mais i-arrive, alfeos, qu'on mette ein montant in peu pus greos. I-est vrai qu'à l'plache d'warder les liards ichi, on pourreot les mette dins eine banque, su ein livret, mais pou c'que l'épargne cha nous rapporte acore asteur d'intérêts. Tous les meos, l'somme elle est partagée, on met l'même montant chacun de s'côté. Si ein bieau jour i-d'a ein d'nous deux qui ortourne s'brouette, hé bé, l'eaute i-n'li reste pus qu'à printe s'cassette. I-ara pos d'problème d'déclaratieon et mieux acore i-ara pos d'dreots d'successieon. Ni vu, ni connu et... l'fisc i-s'ra cocu" ! 

"J'dis cha, j'dis rien, mais vous n'avez pos l'esquite d'ête ein bieau jour volé pasqu'asteur, les agripeus i-seont à l'ouvrache tout au leon d'eine sainte journée".

"Attinds, m'n'histoire elle ne fait qu'commincher, te vas vir, l'meilleu i-va béteôt arriver ! Adeon, à chaque feos que j'mets d'l'argint dins m'cassette, j'note l'montant dins ein life à l'colonne des orcettes. Ainsin, à n'importe queu moumint, j'peux savoir l'somme qu'i-a d'dins. J'éteos fin tranquille jusqu'à l'sémaine dernière quançque su l'quémeinée j'ai fait les poussières. Ave l'wassinque, j'ai involé m'boite ave mes écolomies et toutes les pièches et les billets i-ont cait su l'tapis. Au momint dusque j'les ai ramassés, i-m'a pris l'idée de les erqueompter. I-minqueot deux chints eureos et eine pétite rawette, pourtant su l'carrelache i-n'aveot pus eine seule piéchette. A Edmeond j'n'ai rien dit mais à busier j'ai passé l'nuit. Dusque ces liards i-z'éteot'ent passés, dins m'boîte, j'n'ai jamais rien puisé. L'sémaine dernière, in partant faire les commissieons, j'ai ormarqué que j'avais oblié l'clé de la maseon. In rintrant dins l'salle à minger, "l'agache" a été démasquée. Pinsant sans doute que j'éteos partie, mon Edmeond cafouilleot dins mes écolomies. Comme i-aveot été pris su l'fait, i-m'a tout avoué, comme ein infant pris in féaute, l'tiête basse, i-feaut dire que j'aveos menacé d'li foute l'bouloire su s'cal'basse. J'éteos tell'mint débaltée, tins, que pa l'ferniête i-a failli passer. Après mes sous i-n'veneot cacher pou li aller les boire au cabaret".

"Pou mi, cha s'appelle du détournemint d'feonds c'que t'as ichi fait, dins t'vie, t'as pourtant pos ouvrerà l'Office Walleon des Déchets !".

Edmeond i-n'saveot pos quoi trouver pou essayer de s'justifier :

"Te sais, Fifinne, t'es ein peu hap'char, te fais ein peu treop attintieon à tes liards".

"Ahais, mais t'portefuèle i-est toudis vide, ch'est l'tonnieau des Danaïdes".

" Quoisque c'n'heomme i-vient faire ichi, tonnieau, mi je n't'ai pris qu'eine paire d'eureos, te n'vas pos ichi faire des contes et des histoires et continuer à maronner ainsin jusqu'au soir. Mo Dieu, pou eine pétite paire d'piéchettes, on n'va pos ichi ouvère eine commisieon d'inquête".

"Printes deux chints eureos dins m'boîte sans m'permissieon, ch'est comme si t'aveos détourné deux millieons, on éteot pourtant d'accord, ch'éteot l'héritache du ceu qui, l'prumier, s'ra mort".

"Mo bé alors, i-n'feaut pos faire eine affaire parelle, diseons que j'ai simplemint devanché... l'appel"

In intindant cha, sans dire eine meot, Fifinne comme ein cat, toutes gréaux dehors, elle a sauté à s'tiête pou li moutrer quisque ch'est qui s'reot l'prumier mort".

"Sale abuseu, agozil, espèce d'arpalian, agioteu, blateu, mordiquéau, buveu..."

 Pou calmer cette agachète, j'li ai dit ces meots :

"Fifinne, i-d'a assez comme cha, on direot eine litanie du capitaine Haddock, j'vas ichi avoir des innuis ave l'société Moulinsart si j'deos mette tout cha su m'blog".

Et j'm'sus ortiré su l'pointe des pieds. Comme d'habitude, j'ai préféré les laicherbatt'lier.

Au momint de m'erconduire à la porte, Edmeond i-a glichéà m'n'orelle :

"J'sus att'lé, sais-te, m'feimme ch'est eine riche serpette, i-a des jours elle n'est pos à printe ave desépinchettes".

"Edmeond, si t'n'aveos pos pris ses liards, cha n'areot pos fait parelle histoire".

"Ahais, j'sais bin l'Optimisse, mais, j'te l'avoue, j'aveos... eine dette d'comptoir".

(*) ch'est malhureus'mint à l'mote !

(lexique : les feonds : les fonds / l'ortrait : le retrait / féverrier : février / ête in foufelle : être en émoi / adeon : donc / quançque : lorsque / l'plache : la place / acore : encore / inter nous : entre nous / vir : voir / pa d'vant : devant / ête berzèque : être éméché, au bord de l'ivresse / n'pos ête à s'n'aisse : ne pas être à l'aise / ête bénaisse : être content / bramint : beaucoup / ête défoutu : être déçu / intinte : entendre / les babieleux : les bavards, des personnes qui aiment parler / l'ceulle : celle / ov'là : voilà / ertrouver : retrouver / les radotaches : les radotages / faire orcette : faire recette / l'deos : le dos / orwettier : regarder / t'taleur : tout à l'heure, tantôt / orclamer : réclamer / des dreots : des droits / l'deîner : le dîner / l'sanche : la chance / in leong et in larche : en long et en large / quoisque : qu'est-ce que / lommint : longtemps / raviser : regarder / tout à n'ein queop : tout à coup, subitement / canger : changer / l'ferniête : la fenêtre / pasque : parce que / sanner : sembler / ameuter : mettre en émoi / in beos : en bois / l'quémeinée : la cheminée / l'meos : le mois / eine écapure : un petit pourboire, une petite gratification, petite somme en cadeau / alfeos : parfois / warder : garder / les liards : l'argent / asteur : maintenant / ortourner s'brouette : décéder, mourir / avoir l'esquite : avoir peur / les agripeus : les voleurs, les chapardeurs / ête à l'ouvrache : être au travail, en activité / commincher : commencer / béteôt : bientôt / eine life : un livre / les orcettes : les recettes / eine wassinque : une serpillière / les écolomies : les économies / caire : tomber / erqueompter : recompter / eine rawette : un supplément, un petit peu plus / l'carrelache : le carrelage / l'piéchette : la piécette / busier : réfléchir / dusque : où / oblier : oublier / l'agache : la pie (celle-ci est souvent qualifiée de voleuse) / cafouiller : chercher sans méthode  / li foute l'bouloire su l'cal'basse : lui donner un coup de bouilloire sur la tête / débaltée : hors de moi / cacher : chercher / ouvrer : travailler / être hap'char : être avare, être avide d'argent / l'portefuèle : le portefeuille / l'tonnieau : le tonneau / maronner : rager, bisquer / ouvère : ouvrir / devanché : devancé / ein cat : un chat / les gréaux : les griffes / moutrer : montrer / prumier : premier / abuseu : trompeur / agozil : malotru / arpalian : vaurien / agioteu : tripoteur en affaire / blateu : fraudeur / mordiquéau : sale individu / buveu : buveur /  eine agachète : une femme acariâtre et querelleuse / ortiré : retiré / laicher : laisser / batt'lier : bagarrer, batailler / glicher : glisser / l'orelle : l'oreille / ête att'lé : être mal marié / eine serpette : une femme hargneuse / printe ave des épinchettes : prendre avec des pincettes, on utilise cette expression pour désigner une personne de mauvaise humeur / parelle : pareille / l'mote : la mode).

S.T. mars 2016.

Tournai : la lente évolution de la rue Garnier

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Situation.

2006 Tournai cathédrale vue du parc comm..JPGNous évoquons aujourd'hui la rue Garnier. Celle-ci a pris le nom d'un ancien préfet du département de Jemmappes. Très du proche du centre-ville, cette rue relie la place Reine Astrid au Vieux Marché au Beurre et à la rue de la Tête d'Or. En petits pavés bitumés, longue d'une centaine de mètres, elle présente une pente relativement prononcée à partir de la jonction avec la rue de la Loucherie. Elle est bordée, de chaque côté, par des maisons d'habitation de construction récente (1950-1960). (photo : entrée de la rue Garnier à partir de la place reine Astrid)

Histoire.

Depuis le Moyen-Age, elle n'était qu'un passage très étroit reliant la rue de Paris aux Halles qui s'élevaient à l'emplacement de l'actuel Conservatoire de Musique. Dans ce passage débouchait alors l'impasse de la Loucherie fermée par le rempart de la première enceinte de la ville. Les Halles étaient des échoppes en bois, disposées sur deux rangs, où les merciers étalaient leurs marchandises. Dans la rue Garnier se trouvait l'ancien Hôtel de Ville appelé alors la Halle des Consaux, un sombre édifice probablement bâti entre 1234 et 1237, dominé par la Tour des Six, dépôt des archives communales.

La Halle des Consaux.

La Halle des Consaux se présentait sous la forme d'un parallélogramme terminé par deux pignons et recouvert d'un toit aigu en tuiles. Six fenêtres ogivales ménagées sur la face antérieure apportaient l'éclairage aux salles de l'étage. Au début du XVIIe siècle, on érigea contre la façade avant, une galerie à arcades surbaissées et un étage à croisées rectangulaires. Un perron à double rampe menait à l'entrée principale. La partie avant de l'étage ainsi construite était destinée à accueillir la chambre des finances et le comptoir occupés par le greffier et le procureur de la ville. Sous le perron, une porte donnait accès au "poids public", on y trouvait la grande et petite balance. Une chapelle était contigüe à la Halle des Consaux, celle-ci avait été autorisée par le chapitre et son chapelain y confessait les criminels condamnés à mort et emprisonnés dans les prisons de "Pippenerie" et de "Tiens le bien" ! La halle servit aux assemblées municipales jusqu'au début du XIXe siècle. Sa démolition fut décidée et celle-ci débuta en mai 1818.

La Tour des Six.

Cette tour présentait la forme d'un carré parfait, de douze mètres de côté, surmonté d'un toit quadrangulaire sur lequel flottait une bannière dorée. Mesurant quarante-trois mètres de haut, d'une extrême solidité (ses murs avaient une épaisseur de deux mètres et cinquante centimètres), elle avait été construite pour défier le temps et serait, peut-être, encore présente si on n'avait pas pris la décision de la démolir en 1820. Elle était appelée à l'origine la "tour des Chartres" puisqu'y étaient conservées toutes les archives de la Commune et autres objets précieux. Son nom provient des six personnes commises à la garde des titres et lettrages de la ville.

La Tour de la Loucherie.

2006 Tournai Tour de la Loucherie (1).JPGDatant de la première enceinte communale érigée entre 1188 et 1202. Elle a été reconstituée après la seconde guerre mondiale. (photo la Tour de la Loucherie vue de la place Reine Astrid)

Le bas de la rue Garnier avait été recouvert d'une voute surbaissée qui soutenait les prisons de "la Tannerie", l'origine de son nom possède deux versions, celle de l'historier Hoverlant qui déclare que les coupables qui s'y trouvaient étaient frappés, par ordre du magistrat avec un nerf de bœuf. Bozière penche pour une origine plus conventionnelle : la présence d'une tannerie dans son voisinage. Cette prison disparut, à peu près, au même moment où furent démolies la Halle des Consaux et la Tour des Six, au cours des deux premières décennies du XIXe siècle.

Vieille maison rue de Paris au coin de la rue Garnier.jpg

La totalité des maisons qui s'y trouvaient au début du XXe siècle furent rasées lors des bombardements allemands de mai 1940.

Sur le document photographique ci-contre, on peut découvrir une maison située à l'angle de la rue Garnier et de la rue de Paris avant le second conflit mondial.

 

 

Un fait divers qui aurait pu avoir de terribles conséquences.

Le 22 octobre 1984, vers 7h15, une des coquettes petites maisons qui se situent en1984.10.22 explos. rue Garnier (2).JPG face de la tour de la Loucherie, habitée par Mgr. Thomas explose. A ce moment, la sœur du chanoine se lève. Il ne reste plus rien de l'immeuble et on retrouvera la brave dame indemne mais choquée sous un mont de gravats, elle a été protégée par la chute de la toiture qui lui a constitué une sorte de bulle de survie

(NDLR : je vous invite à découvrir ce fait divers en consultant l'article "Ce jour-là, le 22.10.1984" en tapant ce titre dans la case "Rechercher").1984.10.22 explos. rue Garnier (3).JPG

 

 

 

 

Aujourd'hui.

La rue Garnier est une rue relativement fréquentée. L'été de nombreux promeneurs s'allouent quelques instants de repos sur les bancs situés face à la tour de la Loucherie. Dans la rue du Parc, comme la circulation s'effectue uniquement dans le sens beffroi-place Reine Astrid, les véhicules venant de cette dernière place et se dirigeant vers le centre-ville sont obligés de l'emprunter.

(source principale : "Tournai, Ancien et moderne" de A.F.J Bozière ouvrage paru en 1864  - photos :  1 et 2 collection personnelle, 3 : transmise par Melle J. Driesens, photos 4 et 5 : JDC).

S.T. mars 2016.


Tournai : expressions tournaisiennes (352)

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Hureux qui comme eusses ont fait ein bieau mariache.

Aujord'hui, je n'vas pos ichi vous parler d'Edmeond et Fifinne, j'leu laiche ein peu d'orpeos, neon, j'vas, ceulle feos 'chi, m'ertourner vers ein couple d'brafes gins que j'conneos. J'voudreos, inter nous, évoquer ein bieau ménache qui vient d'fiêter ses soixante-chinq ans d'mariache. Soixante-chinq ainnées, siept chint quater-vingt meos, vingt-treos mille siept chints vingt-chinq jours, j'oblie les heures et les minutes et combin d'feos su elle-même l'tierre elle a fait l'tour.

J'pinse qu'on deot ête bramint d'gins à avoir du mauà imaginer ce qu'cha orprésinte ainsin eine unieon d'soixante-chinq ainnées. Ch'est au printemps d'mille nuef-chint-chinquante, dins l'pétit villache d'Ere, aux portes d'no cité, que Nelly elle a dit oui, pa d'vant l'bourguémette et l'curé, à René, l'ceu que s'cœur, d'puis lommint, i-aveot queusi.

I-s'in a passé des cossesà Tournai, cette ainnée-là : on parleot (tins, ch'est bizarre !) d'l'élargiss'mint d' l'Esqueaut, pos dins l'traversée de l'ville qui provoque asteur ein rude touillache, mais au quai de l'Guernoule, pos leon du peont des Roulaches. L'six du meos d'féverrier, on inaugureot l'nouvieau peont Delwart et, au même momint, l'orconstructieon du peont aux Pommes batteot s'plein (tins, ov'là l'Peont à Peont asteur, ch'est vraimint bizarre !). A l'angle de l'rue des Gardins et de l'rue Royale, on érigeot l'nouvieau bâtimint de l'Banque Nationale et on pinseot, à l'rue des Capliers, à faire l'dégag'mint de l'cathédrale.

On vouleot tout élarguir puisque l'projet i-éteot aussi lanché pou les nouvieaux boulevards d'cheinture d'no cité.

On berteonneot aussi à propeos du site des Bastieons (bé, cha alors, ch'est vraimint eine dreôle d'affaire !) dusque l'chimint'rie elle éteot surneommée "l'passoire à poussières"...

Elargiss'mint d'l'Esqueaut, Peont-à-Peont et Bastieons, i-a pos à dire, i-feont acore aujord'hui l'sujet des discussieons. Comme vous l'veyez Nelly et René, soixante-chinq ans pus tard, i-a rien d'cangé.

Mais i-s'a aussi passé bin des eautes faits dins l'actualité d'l'ainnée dusque Nelly et René i-se seont mariés mais, je n'voudreos surtout pos oblier que l'date du six du meos d'mai restera pou les sportifs tournisiens à jamais gravée : su l'terrain d'Alost, au pays des ogneons, les Infants d'no vaillante Unieon i-ont forché les portes de l'prumière Diviseon (qui n's'app'leot pos comme asteur mais bin divisieon d'Honneur).

Dins l'bieau p'tit villache d'Ere, dusque les gins s'app'leotent, sans manière, "seot lièfe" ou bin "quate lapins" comme neom j'té à eine gramère, Nelly elle a mis au meonte deux infants, elle a agrandi s'famile in deonnant l'jour à deux p'tites files. René, après avoir ouvréà l'briquet'rie d'Ere, ch'est comme électricien à Cimescaut qui a fait toute... s'carrière. L'vie elle s'a ainsin écoulée, inter moumints d'bonheur mais aussi marquée pa ein grand malheur. Croyez-me, pou des parints aimants, i-n'a pos cosse pus cruelle que d'vir partir, pou toudis, ein d'ses infants.

Au meos d'décimpe, à quater-vingt-siept ans, nos deux amisses ont quitté leu maseon du hameau d'Barche qu'i-z'aveot'ent toudis habitée. Pou des raiseons d'facilité et pou leu santé, ch'est à Tournai qui seont v'nus d'meurer. I-seont partis sans s'ortourner pou n'pos avoir d'orgrets.

I-seont fin bénaisses, pou "Moeke" et s'n'heomme René, ch'est eine nouvelle vie qui vient de qu'mincher. On voudreot les vir acore bin lommint pourméner dins les rues d'no ville, main dins la main.

Soixante-chinq ans d'mariache, ch'a pou neom : les "Noces de Palissandre", à vir commint no société elle évolue d'puis bramint d'ainnées, ch'est ein anniversaire qui pourreot, dins l'futur, n'pus exister. Alors, i-feaut in profiter, i-feaut boire (ave modératieon), rire et canter, après toutl'essintiel ch'est d'avoir la santé !

"A tertous, j'souhaite d'Joyeusses Fiêtes de Pâques".

(lexique : hureux : heureux / eusses : eux / aujord'hui : aujourd'hui / ichi : ici / laicher : laisser / l'orpeos  : le repos / ceulle feos 'chi : cette fois-ci / s'ertourner : se retourner / inter nous : entre nous / ein meos : un mois / oblier : oublier / l'tierre  : la terre / bramint d'gins : beaucoup de gens / avoir du mau : avoir du mal / orprésinter : représenter / pa d'vant l'bourguémette : par devant le bourgmestre (le maire) / l'ceu : celui / lommint : longtemps / queusi : choisi / des cosses : des choses / l'élarg'issmint : l'élargissement / l'Esqueaut : l'Escaut (le fleuve qui traverse la ville) / asteur : maintenant / ein touillache : une confusion / l'guernoule : la grenouille (lieu dit à la sortie de Tournai, en aval de la ville) / pos leon : pas loin / l'peont des Roulaches : nom donné au pont de chemin de fer qui surplombe l'Escaut sur la liaison vers Lille ou Mouscron) / rue des Gardins : rue des Jardins / rue des Capliers : rue des Chapeliers / l'dégag'mint : le dégagement / élarguir : élargir / lancher : lancer / l'cheinture : la ceinture / berteonner : gronder, grommeler / l'chimint'rie : la cimenterie / acore : encore / cangé : changé / eautes : autres / les ogneons : les oignons (bien que l'orthographe évolue !) / forcher : forcer / seot lièfe : sot lièvre / ein gramère : une grand-mère (dire que j'ai toujours entendu parler de "mémère quate lapins" mais, comme l'Arlésienne de Bizet, je ne l'ai jamais vue) / quate : quatre / mette au meonte : donner naissance, mettre au monde / ouvrer : travailler / les moumints : les moments / toudis : toujours / décimpe : décembre / nos deux amisses : nos deux amis / leu maseon : leur maison / les orgrets : les regrets / ête fin bénaisse : être bien content / qu'mincher ou commincher : commencer / pourméner : promener / l'neom : le nom / vir : voir / tertous : tous).

S.T. mars 2016 

Tournai : la lente évolution de la Grand-Place.

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Tournai le Beffroi.jpgAprès la rue Perdue, la place de Lille, la rue Saint-Martin, la place Reine Astrid, la place Paul Emile Janson, la rue de la Tête d'Or, la rue de l'Yser, la rue de l'Hôpital Notre-Dame, la rue du Cygne et la rue Garnier, nous poursuivons notre visite de la rive gauche de l'Escaut en nous intéressant à l'évolution de notre forum : la Grand-Place.

Situation géographique.

La place principale d'une ville représente le plus souvent le centre géographique de celle-ci. Ce n'est pas le cas à Tournai où celui-ci se situe plus au niveau de l'Escaut qui divise la ville en deux parts pratiquement égales. Chez nous, la place est excentrée vers le Sud.

Une longue histoire.

On s'est longtemps interrogé sur la forme triangulaire de la Grand-Place, son origine la plus souvent admise proviendrait de la convergence de voies romaines qui se rejoignaient, à peu près, à l'endroit où sera érigé, bien plus tard, le beffroi. La première suivant le parcours place de Lille, rue Dorez, rue des Maux venait de Cassel, l'autre venant de Boulogne suivait l'axe de l'actuelle rue de l'Yser.

A l'époque gallo-romaine, le terrain sur lequel elle apparaît était situé en dehors de la ville, au-delà de la première enceinte gallo-romaine. La preuve en a été apportée par les nombreuses fouilles qui y furent effectuées au travers des siècles et qui permirent de découvrir l'existence d'une vaste nécropole qui s'étendait jusqu'à l'actuelle rue Perdue. On sait qu'à cette époque, on enterrait les morts en dehors de l'enceinte. Ce qui fait dire, à Bozière, que les festivités d'aujourd'hui se déroulent sur un cimetière où se dressaient les bûchers funèbres, il y a un peu moins de deux mille ans.

La Grand-Place apparut durant le premier millénaire. on sait qu'au Moyen-Age on y tenait marché au blé, aux pommes, au poisson et que les fripiers y étalaient des hardes et des ustensiles de toutes sortes. Ce marché prit peu à peu le nom de "Marché de l'Empereur". Même s'il n'est plus souvent utilisé, ce nom officiel existe encore de nos jours.

En 1806, un décret impérial autorisa la ville de Tournai à y ouvrir deux foires annuelles, la première, le jeudi le plus proche du 15 mai, la deuxième, le plus proche du 15 septembre. Ces dates évoluèrent pour désormais voir la foire de Mai se dérouler la semaine de l'Ascension et celle de septembre débuter le dimanche le plus près du 6.

On y trouvait un puits public, de trois mètres de diamètre, face à l'église Saint-Quentin et un pilori au pied du beffroi. Une des maisons les plus anciennes qui s'y dressait était le Porcelet ou Hôtel du Porc, elle aurait été construite à l'emplacement d'une habitation d'un préfet romain, à proximité de l'église. Lors de sa reconstruction, en 1755, elle fut ornée de bustes d'empereur et prit le nom de Maison des douze Césars. On dit qu'elle accueillit, une fois par semaine, les réunions organisées par Henri VIII lors de sa présence à Tournai. Au XIXe siècle, elle fut habitée par un certain du Mortier qui possédait une importante collection de tableaux.

En 1331 fut organisée sur le forum tournaisien, la fête des Trente-un roisà laquelle furent invités les notables de toutes les villes voisines afin de participer à un grand Tournoi.

En 1422, la Grand-Place fut envahie par de très nombreux Bohémiens ou Egyptiens qui commençaient à se répandre dans tous les états d'Europe. Les hommes exerçaient la profession de maquignon et les femmes disaient la bonne aventure. On dit que la foule se pressait en masse pour voir leurs moeurs étranges et licencieuses.

Au début du XVIe siècle, à l'ange de la place et de la rue des Orfèvres se dressait une maison dont la façade était surmontée d'une tribune destinée au chef de la magistrature tournaisienne qui y faisait publier ses ordonnances. Depuis cette tribune appelée "brétèque", en 1521, le représentant de Charles-Quint y fit serment, au nom de l'empereur, de maintenir les libertés communales. Comme l'avait fait, quelques années auparavant, le roi Henry VIII, confirmant les privilèges de la cité.

Entre 1567 et 1570, lors de la présence en Belgique du sanguinaire duc d'Albe, cinquante-six personnes y furent pendues, trente-six brûlées vives, deux subirent le supplice de l'estrapade (NDLR : supplice qui consister à hisser la personne condamnée à une certaine hauteur et à la laisser chuter jusqu'à quelques centimètres du sol, plusieurs fois de suite), une personne y fut étranglée, onze furent battues de verges, quatre durent y faire amende honorable, le flambeau à la main.

Le 8 février de l'an 1600, sur un trône dressé contre la Halle-aux-Draps, l'Archiduc Albert et l'Infante Isabelle, souverains des Pays-Bas, jurèrent, la main sur l'Evangile, de maintenir intacte les constitutions de la cité.

Egalement à proximité de l'église Saint-Quentin se trouvait également "l'Hôtel Saint-Georges". En 1668, celui-ci accueillit des marchands marseillais qui apportèrent les germes de la grande peste, fléau qui coûta la vie à un cinquième de la population tournaisienne.

En 1792, un marchand de drap nommé Mathon, habitant de la Grand-Place donna asile à Madame Adelaïde d'Orléans, à sa gouvernante, Madame de Genlis et à une nièce Paméla Sims dont fut épris un lord irlandais, Fitzgerald, fils du duc de Leicester qui la maria en l'église Saint-Quentin en présence de Louis-Philippe Egalité, duc de Chartres.

Durant la Révolution, c'est sur la Grand-Place qu'on plantait l'arbre de l'Aigle.

Le 28 septembre 1830, la foule envahit la place et partit attaquer les casernes hollandaises.

Le 30 septembre 1860, le roi Léopold Ier assista à un défilé qui dura près de deux heures.

En 1863, on inaugura la statue de Christine de Lallaing, princesse d'Espinoy, une de ces héroïnes dont se glorifie l'Histoire tournaisienne, une œuvre du sculpteur tournaisien Aimable Dutrieux.

1952 Tournai la Grand'Place.jpgEn mai 1940, tous les bâtiments de la Grand-Place furent détruits par les bombardements allemands, seules les façades remarquables entourant la Halle-aux-Draps furent préservées. Aux cours de ceux du 16 mai, une personne y trouva la mort, le typographe Victor Dellouvre était âgé de 58 ans. La guerre terminée, on érigea, au centre de la place, des constructions provisoires sur lesquelles veillait la statue de Christine de Lallaing épargnée, elles étaient destinées à accueillir, durant la période de reconstruction, les commerçants sinistrés (voir ci-contre). Le dernier édifice reconstruit sera l'église Saint-Quentin terminée en... 1968 (vingt-trois ans après la fin du conflit).

Des "golden sixties"à la crise économique actuelle.

tournai,grand-place, léopold Ier, duc d'Albe, henri VIII, archiducs albert et isabelle, charles-quint, halle-aux-draps, princesse d'espinoy, christine de lallaing, saint-quentin, Peu, à peu, le forum tournaisien retrouva son animation d'antan. Les foires de mai et de septembre, le rondeau final des Quatre Cortèges du mois de juin, la braderie de septembre, le marché du samedi matin, la foule de spectateurs venus assister, en la Halle-aux-Draps, aux opérettes et opéras, aux foires commerciales ou aux représentations de la Revue annuelle du Cabaret Wallon et du Théâtre Wallon, les passages du Tour de France (en 1966, elle vit le départ de l'étape Tournai-Dunkerque) firent rapidement oublier les cinq années qui marquèrent toute une génération. D'abord pavée, elle fut asphaltée à la fin des années cinquante et on créa un grand parking en son centre pour accueillir les visiteurs de plus en plus nombreux. A cette époque, le "bureau de Tourisme"était logé dans une annexe de la Halle-aux-Draps.

1965 Tournai Tour de France (1).jpg

1965 Tournai Tour de France (3).jpg

 

1965 Tournai Tour de France (2).jpg

Les trois photos du Courrier de l'Escaut prises lors du passage du Tour de France à Tournai en 1965 permet de voir les immeubles à l'arrière-plan.Ci-dessous, le passage en 1967.

1967 Tournai Tour de France (1).jpg

Parmi les commerces qui s'y installèrent, si on découvrit, comme il se doit sur un lieu touristique, des cafés et restaurants, il y eut une grande variété d'enseignes dans des domaines bien différents :

La Maison Amelinck-Lenoir, tout pour la couture et ouvrages dames (au n°1), le magasin Exclusif, tout pour la couture (au n°4), le magasin de vêtements Prestige (au n°8), le coiffeur Henry, la boulangerie pâtisserie BruynhoogeHenrion, horloger, bijoutier, orfèvre (au n°10 et 11), A la Bourse, lainages, soieries, velours, dentelles (au n° 13 et 14), Luxeuil lingerie (au n°17), la maison Decallonne, librairie-papeterie (au n°18), Duhaubois-Sports (au n°19), la Maison Simon, tout pour le baptême (au n°23), Inedit Couture (à l'angle de la rue des Orfèvres), le magasin Lara, vêtements pour dames (au n°25), les assurances PS (au n°27), Tournai Disques EricGenty (au n°34), la droguerie "Au Gros Chien" située entre le terrain vague des douze Césars et l'église Saint-Quentin, le garage Van Peteghem, concessionnaire Austin et Morris, la friterie de la Place sur l'emplacement occupé aujourd'hui par le restaurant italien, les bureaux et ateliers du journal l'Avenir duTournaisis, la Société Générale de Banque (au n°54), la Banque de Bruxelles (au n°61), la chapellerie Lecat (au n°67), la boulangerie pâtisserie Jacques, la Maison Lezaire, vins et spiritueux (au n°72), la maison Duhaubois, télévisions, radio (au n°74)...

L'Horéca était représenté, entre autres, par le Dragon, le Fil à Car, le Charles-Quint, le Beffroi, le Grand BockleCentral (au N°24), le Soleil, l'Europe (au n°36), le Trou Normand, l'Ecu de Francele café d'Espinoy chez Julien Ochain (n°60), la Taverne de l'Aigle tenue par Denise Delannoy, le Carillon, le Baillagele Tip-Top tenu par Jean-Pierre De Stommeleire (au n°65)...

Dans les années nonante, les organismes financiers fleurirent sur le forum tournaisien, aux deux banques déjà citées viendront s'ajouter la banque Ippa (au n°43), le Crédit Général (au n°58), le Crédit Communal (au n°64)...

Et aujourd'hui ?

2006 Tournai la Grand'Place.JPGIl y a déjà une vingtaine d'année, le visage du forum tournaisien a été profondément modifié. L'asphalte qui recouvrait la voirie autour du parking central formant un immense giratoire a fait place à un revêtement fait de pavés sciés, la circulation a été modifiée, les zones de stationnement ont été réduites, des jets d'eau sont venus agrémenter le paysage, la statue de Christine de Lallaing a également subi un profond lifting lui redonnant son lustre d'antan. Sur le terrain vague situé à proximité de l'église Saint-Quentin (voir photo plus haut), dernier vestige des bombardements de la seconde guerre mondiale, un immeuble avec rez-de-chaussée commercial et appartements de standing à l'étage a été érigé. La façade de la Halle-aux-Draps a été nettoyée en profondeur et ses dorures refaites lui rendant ainsi l'aspect qu'elle présentait jadis. Les kermesses de mai et de septembre ont émigré vers la plaine des Manœuvres, désormais intitulée "Esplanade de l'Europe". A la belle saison, la Grand-Place est le lieu de départ du petit train touristique emmenant les visiteurs à la découverte des plus beaux coins de la cité des cinq clochers. Le forum tournaisien qui ronronnait depuis la guerre s'est vu insuffler un dynamisme nouveau, promesse de lendemains qui chantent au niveau touristique. Les terrasses se sont étendues doublant, triplant même la capacité d'accueil des cafés, brasseries et restaurants et, sous le soleil, elles affichent le plus souvent "complet". Seul son éclairage est un peu mièvre et totalement indigne de sa splendeur !

tournai,grand-place, léopold Ier, duc d'Albe, henri VIII, archiducs albert et isabelle, charles-quint, halle-aux-draps, princesse d'espinoy, christine de lallaing, saint-quentin, La plupart des enseignes que nous avons énumérées ont, peu à peu, disparu. Elles ont été remplacées par d'autres mais, au cours de ces dernières années, des vitrines se sont éteintes définitivement et cherchent un éventuel repreneur : la Taverne de l'Aigle, l'Ecu de France, le Charles-Quint et tout récemment le "Resto à côté du Dragon". A d'autres commerces plus sélects, ayant pignon sur rue, ont malheureusement succédé les éternels "magasins de nuit" gérés par des ressortissants pakistanais qui offrent alcools, tabac, cigarettes... à ceux dont l'envie prend au beau milieu de la nuit, un contraste saisissant avec ce qu'on trouvait auparavant ! On a aussi vu apparaître des vitrines ouvertes offrant glaces, gaufres, beignets. Sept enseignes semblent défier le temps : le Soleil, les PS Assurances, le Central, le Beffroi, le Dragon, le Tip-Top, le Carillon et la Banque de Bruxelles devenue BBL et ensuite ING mais toujours présente au n° 61 de la Grand-Place..

Comme on peut le constater la Grand-Place est en pleine mutation, elle peut retrouver sa richesse du début du XXe siècle comme elle peut, tout aussi bien, se paupériser rapidement. L'avenir nous le dira !

(sources : "Tournai, Ancien et Moderne" de A.F.J. Bozière, ouvrage paru en 1864 - presse locale notamment le Courrier de l'Escaut et le Nord-Eclair pour les documents photographiques - recherches personnelles).

S.T. mars 2016.

Tournai : expressions tournaisiennes (353)

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Ein bieau spécimen !

I-a pus bramint d'gins qui ont acoreasteur l'raminvrance d'Marie Louise Ducoreon, que tertous, à l'époque de m'jeonesse, on app'leot Malou, ch'éteot, pou nous eautes, s'pétit neom. On la veyeot, à pus d'chinquante ainnées, chaque jour, dins toutes les églisses d'no cité, ch'éteot ce qu'on nommeot, sans beauqueop d'respect, eine véritape guernoule d'bénitier. Toudis assise su l'même cayère, in méditatieon ou in prière, attindant l'abbé près du confessionnal, on s'demindeot, inter nous, quoisqu'elle pouveot bin confesser comme péché capital.

On la veyeot porméner dins les rues in ravisant au leon, tout dreot comme ein i, j'm'in souviens, on pinseot qu'elle aveot été passée à l'amidonnache ou qu'elle aveot avalé ein parapuie. Ave cha, elle n'éteot pos fort épaisse, Mamzelle Ducoreon, seûrmint qu'elle deveot ête née sous l'signe du picreon.

Elle éteot file unique, s'mamère Iliona Phillipides éteot, un bieau jour, arrivé à Tournai in provenance d'Grèce. S'mopère, Armand Ducoreon, i-aveot eine prumière feos fait faillite, in vindant des congélateurs aux Esquimaux Inuit et eine eaute feos in exportant des cabines de sauna à des habitants des villaches du Sud-Katanga.

Quançqu'elle éteot acore eine galuriette, no p'tite Malou, elle n'éteot pos, comme on dit, puteôt du ginre glout. Elle n'aimeot pos l'pisseon pasqu'i-aveot des arêtes, pou l'viante, elle areot minger tous les jours des bourlettes, i-aveot treop d'chuque dins l'confiture et su ses tarteines i-n'li falleot pos d'bure. Quançque s'mopère rapporteot, alfeos, eine assiette d'mutieau, on n'peut vraimint pos dire qu'elle in attrapeot les ieaux. Pou elle, i-n'aveot rien d'beon, tout alleot li deonner du cholestérol, elle éteot tell'mint difficile que s'mamère elle n'a jamais osu l'laicher minger à l'école.

A l'âchedusque les garcheons comminchentà queurir l'cotreon, Marie-Louise, elle n'a pus voulu mette l'nez in déhors de s'maseon. Ein bieau jour pourtant, elle a rincontré Gasteon, on l'aveot assise à côté d'li à ein deîner d'communieon. Vingt-chinq ans, chint kileos, galfard et babenneau, ch'éteot certain'mint pos l'compagnie qui li falleot. Gasteon i-a bin essayé d'l'amidouler, d'dire des cosses pou l'faire indever, mais, pus qu'i-li parleot, pus qu'elle li tourneot l'deos. Cha a vite tourné au veinaique quançque l'greos i-a été ein peu berzèque. I-li a dit qu'elle éteot rachm'ée comme ein cafouma, qu'elle paraisseot d'jà bin vielle mais pou toute répeonse, l'biec-beos, i-a orchu ein riche cachireon su n'orelle !

A chinquante ans, du matin au soir, elle éteot afulée tout in noir. Amélie, s'seule amie, l'aveot inscrite aux réunieons qu'elle organiseot pou les feimmes sans compagneon. In mingeant des déchets d'waufes d'chez Marquette, autour d'eine jatte d'camamène ou bin d'café, on débabeineot s'cap'let in intier, l'jeudi après-deîner. Pou casser du chuque su l'deos des heommes, on peut dire que Malou elle éteot cait à l'beonne. "Cha n'est que des ivrones, des fafious, toudis prêts à mal faire, croyez me, les marles seont des infileus, d'véritapes créatures d'l'infer".

Comme d'puis toudis, elle n'aimeot pos rincontrer les gins, elle alleot à l'messe à Saint-Jacques à siept heures au matin. Je m'ramintuve l'boucan qu'elle feseot ave ses sorlets, in passant pa d'vant m'maseon, les claquant su l'pavé. Elle porteot fier'mint s'missel dins eine main gantée d'dintelle et, in hiver quançque l'vint souffleot, d'l'eaute elle teneot s'capieau. "Malooooouuuu... Malooooouuuu...", même Messire Eole sanneots'foute d'elle au momint dusque ses queops d'vint arleocheot'ent s'rope d'dintelle.

Ein bieau jour qu'elle ne se sinteot pos fort bin, elle a été vir, contrainte et forchée, l'médecin. L'paufe file, elle a failli ête prise d'eine toupirie au momint qui li a d'mindé d'inl'ver ses habits. J'ai bieau acouter, j'n'intinds rien à vos deux poumeons, ce que vous avez, ch'est du mauà vos articulatieons, pou cha, je n'veos qu'eine seule solutieon, vous allez aller faire dix séances au bassin d'natatieon.

"Docteur, ha, cha... neon, j'n'irais jamais au bassin d'natatieon, pou mi, ch'est tout à fait hors de questieon".

"Nager, chest pourtant beon pou l'santé, savez, après dix séances, vot' deos i-va ête fortifié... Ha mais, j'comprinds... vous avez l'esquite de vous moutrer in mailleot, vous n'voulez pos qu'les eautes i-z'orwettent l'pus p'tit morcieau d'vo pieau".

"Ch'n'est pos pou cha, Docteur, que cha soicheà Madame ou à Marvis, l'ieau du bassin elle est rimplie d'bactéries, ch'est eine infirmière qui me l'a dit, i-paraît qu'i-a bramint d'gins qui, là-d'dins, feont... pipi".

A quater-vingt ans, ch'est tout seu que Malou a ortourné s'brouette et qu'elle a pris, ein bieau matin, l'quémin d'Mulette. Ein meos pus tard, chez l'notaire, Amélie et ses amisses du jeudi ont été convoquées, l'successieon d'Marie-Louise elles éteot'ent tertous prêtes à l'orfuser, les dettes elles ne vouleot'ent surtout pos les payer. L'notaire i-a anneonché qu'elle laicheot toutes ses écolomiesà les ceulles qui aveot'ent été ses seules amisses dins s'vie. Ave cha, elles pourreot'ent acater des waufes et du café pou les réunieons, mais elles areot'ent aussi pu orprinte l'torréfactieon des Cheonq Clotiers et l'fabrique de waufes Marquette ave eine héritache d'près d'quate millieons.

* Si i-a des gins qui pinsent li orsanner ch'est bin malhureux pou eusses mais vous savez bin, mes gins, que, mi, j'ai l'habitude d'vous raqueonter des bleusses.

 

(lexique : bramint : beaucoup / acore : encore / asteur : maintenant / avoir l'raminvrance : avoir la souvenance, se souvenir / tertous : tous / l'jeonesse : la jeunesse / eine guernoule de bénitier : littéralement une grenouille de bénitier, une bigote / toudis : toujours / eine cayère : une chaise / attinte : attendre /inter nous : entre nous / quoisque : qu'est-ce que / porméner : promener / raviser au leon : regarder au loin / dreot : droit / amidonnache : amidonnage, action d'empeser le linge / ein parapuie : un parapluie / seûrmint : sûrement / ein picreon : un moustique / s'mamère : sa mère / s'mopère : son père / eine feos : une fois / eaute : autre / quançque : lorsque / eine galuriette : une gamine / putêot : plutôt / ête glou : être délicat, friand, on dit aussi faire gnien-gnien su l'nourriture : faie la fine bouche / l'pisseon : le poisson / des bourlettes : des boulettes, des fricadelles / l'chuque : le sucre / les tarteines : les tartines / l'bure : le beurre / alfeos : parfois / l'mutieau : pâté grossier / attraper les ieaux : saliver / osu : osé / laicher : laisser / l'âche : l'âge / dusque : où / commincher : commencer / queurir l'cotreon : littéralement "courir le jupon", avoir des aventures galantes / ein déîner : un dîner / galfard : gourmand / ein babenneau : un niais / amidouler : amadouer, flatter / de cosses : des choses / faire indever : faire enrager, on peut aussi dire : "meonter su s'gampe", monter sur sa jambe / tourner au vénaique : tourner au vinaigre / ête berzèque : être sur le bord de l'ivresse / ête rach'mée comme eine cafouma : être accoutrée d'une drôle de manière, eine cafouma étant une femme négligée, sans allure / l'biec-beos, littéralement un pivert, mais en patois tournaisien désigne un balourd, un homme dénué de bon sens / orchevoir : recevoir / ein cachireon : une gifle / l'orelle : l'oreille / ête afulé : être habillé de manière ridicule / les déchets d'waufes : les déchets de gaufres, on peut acheter ces morceaux qu'on découpe du gaufrier ou des gaufres qui ont un défaut qui ne permet pas de les vendre / l'camamène : la camomille / débabeiner s'caplet tout in intier : raconter ses heurs et malheurs, raconter toute sa vie / ête cait à l'beonne : être bien tombé, avoir trouvé ce qu'il faut / des ivrones : des ivrognes / des fafious : des bavards / les marles : les mâles / des infileus : des trompeurs / toudis : toujours / s'ramintuver : se souvenir / les sorlets : les souliers / pa d'vant : devant / l'capieau : le chapeau / sanner : sembler / s'foute d'elle : se moquer d'elle / les queops : les coups / arlocher : secouer / l'rope : la robe / vir : voir / l'paufe : la pauvre / avoir eine toupirie : avoir un vertige, un éblouissement / acouter : écouter / avoir du mau : avoir mal / l'deos : le dos / avoir l'esquite : avoir peur / moutrer : montrer / les eautes : les autres / orwettier : regarder / l'pieau : la peau /  quecha soiche : que cela soit / ortourner s'brouette : décéder, mourir / l'quémin d'Mulette : le chemin qui mène au cimétière (du Sud à Tournai) / ein meos : un mois / orfuser : refuser / anneoncher : annoncer / les écolomies : les économies / les ceulles : celles / acater : acheter / orprinte : reprendre / quate : quatre / orsanner : ressembler / eusses : eux / raqueonter des bleusses : raconter des histoires inventées).

S.T. avril 2016.     

Tournai : une pagaille mémorable

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De mémoire de Tournaisiens, nous avons rarement connu une telle pagaille. Tout a commencé, un peu timidement, le vendredi 1er avril ! En raison de la date, on aurait pu imaginer un poisson mais, hélas, il a fallu vite se rendre à l'évidence, les camionneurs avaient pris les automobilistes en otage. Le poisson aller cacher de fameuses arêtes.

Loin de moi de contester le bien-fondé de la motivation de ceux qui travaillent pour amener tous les produits dont nous avons besoin quotidiennement. Dans un société ultra-libérale, au sein d'une Europe totalement incapable de parvenir à une harmonisation entre les pays, dans un amalgame d'états aux mentalités bien différentes, au sein de ce puzzle dirigé par un parlement européen dépassé qui laisse s'installer toutes les conditions du dumping social (en autorisant, notamment, certains ouvriers, ceux des pays de l'Est, à prester pour un coût nettement différent de ceux de l'Europe de l'Ouest), dans cette Europe qui ne sera jamais construite, il faudra, de plus en plus, s'attendre à des réactions violentes de la part de catégories de citoyens se sentant de plus en plus lésés, spoliés.  

On le sait, c'est la mise en application de la taxe kilométrique qui a déclenché ce mouvement de colère d'un secteur qui n'a, malheureusement, pas toujours bonne presse auprès de la population. Désormais, tous les camions qui emprunteront les autoroutes belges et certaines nationales paieront une taxe en fonction de la puissance du moteur et surtout de la pollution émise (en rapport avec l'ancienneté des véhicules). En compensation, on supprime la vignette de 1.500 euros par camion et les transporteurs peuvent déduire une partie des montants payés à la déclaration de l'impôt des sociétés ! Tous les transporteurs étrangers (80% du trafic sur nos autoroutes) seront soumis à la même perception. La recette de cette taxe imaginée par les trois régions du pays devraitêtre utilisée à améliorer un réseau routier digne d'un pays en voie de "sous-développement" ! Si c'est comme pour la redevance télé, on risque de se faire des illusions !

Pour contrôler le kilométrage parcouru, les transporteurs doivent s'équiper, moyennant paiement, d'une installation électronique appelée "OBU". Celui qui a trouvé ce nom composé d'initiales du système a été bien inspiré car l'obu(s) vient de nous sauter à la figure ! Des camionneurs disent que ce système n'est pas au point, qu'il enregistre des taxes même à l'arrêt dans les files, que le compteur tourne sur certains itinéraires qui ne donnent pas lieu à la perception de la taxe kilométrique, que le décompte des kilomètres est parfois surestimé... Nous ne pouvons que les croire sur parole !

Des kilomètres de file !

En Wallonie picarde, depuis dimanche soir, le mouvement s'est amplifié, les autoroutes sont totalement bloquées pour les camions et les automobilistes sont obligés de se faufiler dans les barrages. La E19 qui mène à Courtrai et à Bruges, la E42 ou autoroute de Wallonie vers Liège, la E429, Lille-Tournai-Bruxelles sont entièrement paralysées. Des barrages ont même été installés à Lamain, à Froyennes, à Kain et aux entrées et sorties d'autoroutes venant ou menant au bassin carrier à Gaurain. A la Glanerie, sur la route Douai-Tournai, des camionneurs ont aussi installé un barrage filtrant.

Jamais, on n'a vu un tel ruban de camions multicolores arrêtés sur deux files depuis le poste frontière de Lamain jusque bien au-delà de la sortie Kain (Tournai Expo), soit sur plus de dix kilomètres. Dans les files, on parle français, néerlandais, roumain, polonais, espagnol, anglais... C'est le symbole d'une communauté européenne à l'arrêt en raison de l'incompétence des dirigeants de chaque pays et, surtout, en conséquence de leur manque d'imagination pour trouver l'argent qui leur fait, hélas, toujours défaut suite à une mauvaise gestion ou à de mauvaises anticipations budgétaires, en bref par leur incompétence totale ! Après tout, nous avons les politiciens que nous méritons !

Depuis ce lundi, un barrage filtrant a été installé à Ramegnies-Chin sur l'ancienne chaussée de Courtrai provoquant des files de véhicules s'étendant, parfois, jusqu'à proximité de l'arsenal des Pompiers à l'avenue de Maire.

Des camions étrangers tournent en rond.

Dès ce lundi après-midi et durant toute la nuit, la chaussée de Lille, normalement interdite aux camions de plus de 7,5 tonne a vu défiler des centaines et des centaines de camions. Un riverain m'a déclaré, ce matin, que, durant la nuit, le flot était presque ininterrompu. On croise également de nombreux camions sur la ceinture des boulevards de la cité, à l'avenue de Maire ou à la chaussée de Bruxelles. 

Ce midi, la presse annonce que les camions sont désormais interdits de circuler sur la chaussée de Bruxelles, en direction de la ville, au-delà du rond-point "Ma campagne". De même, sur la chaussée de Renaix, ils sont stoppés à hauteur du rond-point de "Tournai-Expo". Toutefois, pas d'informations en ce qui concerne ceux qui viennent par la chaussée de Lille (nationale 7) où le barrage qui bloquait l'accès à la zone industrielle d'Orcq est désormais installé. 

La zone commerciale de Froyennes accueille les camions bloqués en attente de pouvoir circuler, la file des véhicules stationnés débute sur le quai Donat Casterman !

Ces routes ne sont pas prévues pour absorber un tel charroi et risquent de se dégrader rapidement. Quand la grève sera terminée, les pauvres automobilistes n'auront plus qu'à pester, une fois de plus, contre ceux qui dégradent le revêtement routier. Eternel combat entre le confort des uns et l'emploi des autres !

J'ai souri lorsque j'ai rencontré, à plusieurs reprises, aux quatre coins de la ville, un camion dont la raison sociale était "Société Danfer", j'ai pensé qu'il était perdu, qu'il tournait en rond et qu'au téléphone, il devait appeler sa base en disant : "Ici, à Tournai, patron, c'est vraiment l'enfer !". Par contre, je n'ai pas souri lorsque j'ai vu un énorme camion s'aventurer sur la Grand-Place probablement guidé par un GPS déboussolé !

Et maintenant ?

tournai, camions, taxe kilométriques, files, blocagesLe temps qui passe n'arrange pas les choses, le capital sympathie qu'avaient engrangé les camionneurs en colère commence à sérieusement s'éroder, des mouvements en sens divers apparaissent. Des questions sont posées par l'ensemble des automobilistes pris en otage : cette stratégie d'attendre le jour de mise en application de la taxe n'est-elle pas totalement idiote ? Au lieu de réclamer la suppression pure et simple de la taxe ne devait-on pas négocier des améliorations techniques de l'OBU et des montants perçus ? Ne souhaite-t-on pas, tout simplement, par une action spectaculaire comme celle qui est en cours faire passer le message à la population que, dès la fin de la grève, le coût du transport sera plus cher car il intègrera la taxe. Agiter le spectre de la faillite, c'est mentir à tout le monde car, in fine, la taxe, c'est tout le monde qui la paiera dans un avenir proche lors des achats, alors qu'eux pourront déduire fiscalement ces montants payés !!!!

Il ne nous restera plus alors, tous ensemble, qu'à aller bloquer dans leurs bureaux, pendant des jours, les élus nationaux et fédéraux atteints de cette rage taxatoire qu'on ne peut éradiquer, depuis plusieurs années déjà !

Cet article a été écrit, cependant avec un certain recul, car ce mardi matin, au carrefour formé par l'avenue de maire et la chaussée de Lannoy, j'ai failli être percuté par un conducteur totalement excité qui a quitté la file à ma droite, pied au plancher, pour faire demi-tour sur la chaussée.

La photo représente un transport de jadis sans taxe kilométrique, tout au plus fallait-il compter le prix de l'avoine.

S.T. avril 2016.

Tournai : expressions tournaisiennes (354)

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Les raminvrances d'Edmeond et Fifinne.

Pou nos deux amisses Edmeond et Fifinne, mercredi après-deîner, ch'éteot jour de fiête dins leu n'appartemint du quai. "Viens on va ouvère eine beonne boutelle" qui m'aveot dit Edmeond de l'velle. Comme su l'gâteau d'anniversaire i-n'aveot fauqu'eine seule bougie, j ai d'mindé à Edmeond si i-n'aveot pos mis les eautesdins l'sa à z'oblis.

"Bé, laiche me t'espliquer pourquoi ch'est ainsin d'puis toudis, ch'est pasque Fifinne elle est née l'même ainnée qu'mi et... te vas pétête m'dire que ch'est des riches infantillaches mais ceulle esbroufeusse elle ne veut jamais dire s'n'âche, i-feaut vir comme ceulle berdéleusse elle me fait des misères quançque j'ai l'malheur d'dire gins qu'on est des septuagénaires, qu'à vir nos tiêtes on n'in a pétête pos l'air mais qu'on est né jusse après la guerre".

"Comme i-aureot dit l'pétit Charles Aznavour dins s'cancheonnette, j'te parle d'ein temps que les moinses d'vingt ans n'peuve'tent pos connaîte, Tournai à c'momint-là commincheot, d'quarante, à oblier les dégats".

Pindant qu'i-m'parleot, Fifinne l'orwettieot ave des is qui traduiseot'ent s'colère, d'jà prête à l'impoigner si i-aveot dit ein seul meot d'travers".

"Elle ne dira rien si j't'anneonche qu'elle est née ein verdi au matin au mitan dins eine famile de flaminds qui d'meureot dins eine cinseà Eperchin. In v'nant ainsin au meonte ein verdi dins ein grande maseon pos leon de l'route de Lamain, ch'est sans doute pou cha que d'puis soixante ans, elle a toudis l'wassinqueà s'main".

"Hureus'mint, grand dépindeu d'andoules, que j'n'attinds pos après ti pou m'aider pasque Mossieu Edmeond comme i-est né ein diminche, i-n'pinse qu'à s'orposer".

Mais l'babiéleu i-ne nous acouteot pos, Edmeond, i-sanneot même ête bin leon.

"Ah, ces bieaux jours du temps de m'jeonesse, j'creos bin que j'n'ai jamais été aussi bénaisse. Tous les diminches vers les dix heures au matin, on alleot boire l'apéro su l'Grand-Place, chez Julien Ochin. On buveot deux ou treos pintes, on f'seot des parties d'quicker et les ceusses qui perdeot'ent i-deveot'ent payer les verres".

"J'in ai aujord'hui l'prouèfe, j'l'aveos toudis pinser, tout jeone, t'éteos d'jà ein potieau d'cabaret" qu'elle a dit Fifinne bin débaltée au momint d'servir eine jatte d'café.

Edmeond i-a fait l'ceu qui n'aveot rien ormarqué et l'heomme i-a continué à l'débabeiner c'cap'let :

"A midi tapant, tertous, on ortourneot pou l'deîner à s'maseon, on mingeot l'bouli à l'moutarte ave des penn'tières, des carottes et des porieons après avoir avalé ein grand bol d'bouilleon. Ch'éteot leon d'ête ein orpas d'misère pou les gins qui aveot'ent connu la guerre. A deux heures, l'mopère i-s'leveot d'ein seul beond : "I-est grand temps d'aller à l'rue des Sports, pou vir jeuer l'Unieon, des "Infants" in rouche et vert, on éteot d'fidèles supporters. Christian, no visin, li i-éteot puteôt supporter des "Geaune et Noir" d'l'avenue d'Maire. Deux feos pindant l'saiseon, on f'seot l'route ave li, ch'éteot, te l'as seûrmint adveiné, l'jour qui aveot l'derby. On canteot, on meonteot su l'gampe de l'ein l'eaute, tout l'leong du qu'min mais, in orvenant, i-aveot bin souvint des bénaisses et des mau-contints.

"Te vinteos, ton buteur, l'fameux Roger Defever... m'n'heomme ch'est eine riche canule",

"Ahais, mais te n'dis pos que les deux goals qui marquent l'arbitre les annule, c'jocrisse conte nous i-a tout chifflé, à m'mote que te l'as seûrmint acaté".

"Bé tins et quançqu'on a inveyé Roger Lambreth aux pâquerettes, l'arbitre i-aveot probablemint de l'buée su ses neunettes.

Ces histoires d'fotbal, Fifinne, elle les aveot chint feos intindues et quançque Edmeond les raquonteot, elle ne s'in ortourneot pus.

"L'lindi au matin pour aller ouvrer, à chinq heures on éteot d'jà levé. J'feseos m'toilette pindant que l'mamère prépareot m'malette. De m'maseon à l'usine Meura i-aveot près d'treos kilomètes, on les f'seot à pied, on n'aveot pos d'véleo, acore moinse d'mobylette. Tous les lindis au soir, été comme hiver, on alleot jeuer aux cartes ou bin faire eine partie d'fiers. On orveneot bin souvint in cantant au mitan de l'rue sans jamais, comme asteur, croiser l'quémin d'ein malotru. On n'attaqueot jamais perseonne pasque les gins i-n'aveot'ent pos d'télépheone. Les seuls jours du meos dusqu'on se sinteot pos in sécurité ch'est quançqu'on aveot orchu not inv'loppe de paie".

Fifinne elle li a dit : "Te n'vas pos 'chi toudis tenir l'crachoir, ch'est à m'tour asteur d'raqueonter m'n'histoire".

"Mi, quançque j'éteos acore eine jeone file, l'diminche on pourméneot toudis in famile, m'mopère diseot qu'on d'veot profiter pou respirer l'beon air et on alleot au printemps cueillir des gringottes au beos d'Ere. In été, on parteot, alfeos, ave l'camionnette d'Désiré, no laitier, à la mer et in auteomne on rintreot l'provisieon d'beos et l'carbeon pou l'hiver et, su les camps, on alleot glâner à penn'tièrres. A l'morte-saiseon, on passeot l'dimanche auprès de l'busse in acoutant no Luc Varenne à l'INR. In décimpe, on fiêteot, ave les cinsiers l'Saint-Eloi et après ch'éteot l'Saint-Nicolas, ch'est l'seule feos qu'on orcheveot des mandarines et du chucolat. Dire que ch'est l'jour de mes dix-nuef ans que j'ai rincontré pou l'prumière feos c'n'albran; su l'plache du villache, on aveot meonté ein chapiteau et, l'soir, on y aveot organisé ein bal à chabeots". 

"J'm'in ramintuve, i-f'seot quieaud et t'aveos eine pétite ombrelle, j'ai toudis pinsé que ch'est à causse d'elle que t'm'a tapé dins l'ouèl".

"Si j'te comprinds bin... ch'est de m'nombrelle que t'es cait amoureux, bé, i-a fallu pus d'chinquante ainnées pou mi intinte parel aveu".

"Neon, j't'ai tout d'suite ormarqué pasque t'éteos toute mignonette ave tes frisettes à côté d'eine sorte d'éléphant, d'eine forte lutteuse... d'eine badoulette"

"L'badoulette, ch'éteot Monique, l'feimme de m'mofrère, m'belle-soeur, ch'est elle que te l'appeleos l'éléphant... ov'là acore eine eaute affaire que j'apprinds asteur".

"Ch'est pos mi qui a dit eine cosse parelle, ch'est n'm'amisse d'sorties, l'grand Marcel"

"Ahais, l'ceu que m'belle-soeur Monique elle aveot app'lé l'fil de fier, i-éteot tell'mint épais qui pouveot s'mucherpa d'rière s'verre de bière".

"Pou t'faire la cour, pos eine seule pinte j'nai chifflée, j'ai été à l'ieau toute l'soirée".

"Ahais, à l'ieau toute l'soirée, mais d'puis on peut dire que te t'es bin rattrapé".

"Treos meos pus tard, Fifinne me présinteot à s'famile et j'l'ai adoptée tout d'eine quançque m'futur bieau-père i-m'a dit : "Pou fiêter ceul bel évèn'mint on va in boire eine". Ahais, puteôt quate ou chinq et j'vous l'avoue que ch'a été catastrophique, je m'deminde si ch'n'est pos pa amour que j'sus dev'nu su le bord... alcoolique".

"Vingt milliards, te vas béteôt m'faire accroire que ch'est de m'feaute, bé si je n'creos pos ceulle-là te vas m'in raqueonter eine eaute".

"Et acore l'Optimisse, je n'te parle pos du jour du mariache, là aussi ch'a été eine sapré touillache. Les gins qui veneot'ent d'Tournai n'saveot'ent pos du tout dusqu'éteot Eperchin et i-ont attindu pindant pus d'eine heure qu'on vienne les querre à l'porte d'l'églisse d'Lamain".

"Cha moute que tes parints, ch'éteot des rudes annochints".

"N'dis pos rien su m'famile, i-seont tertous morts, espèce de clapette !".

"Ah cha, ch'est ti qui a qu'minché en traitant m'belle-soeur d'badoulette".

Inter nous, j'sinteos v'nir l'dispute habituelle aussi j'ai bin été obligé d'mette m'grain d'sel :

"Ch'est pos possipe, vous êtes insanne d'puis pus d'ein demi sièque et l'pus p'tite conversatieon elle tourne acore toudis au vénaique. Vous êtes asteur vieux assez pou busier ein jour à faire la paix".

J'ai alleumé l'bougie ave m'briquet et Edmeond, pa d'zeur i-a soufflé, ch'est alors qu'on a intindu Fifinne qui s'metteot à soumaquer, on intindeot bin qu'elle parleot mais on n'compreneot pos ein meot de ce qu'elle diseot :

"T'es acore pus vieux d'eine ainnée, j'te promets ceulle ainnée-chi de n'pus berler".

Saisi jusqu'à s'fusil, Edmeond i l'a ravisée et i-a dit, tout hureux : "ch'est mi qui beot mais ch'est ti qui fait eine promesse d'...buveu".

Et comme d'habitude cha s'a terminé pa eine belle marnioufe su s'nez !

(lexique : les raminvrances : les souvenirs / les amisses : les amis / l'après-deîner : l'après-midi / ouvère : ouvrir / eine boutelle : une bouteille / l'velle : la veille / fauque : seulement / les eautes : les autres / mette dins l'sa à z'oblis : mettre dans le sac (ou la poche) d'oublis, oublier / laicher : laisser / ainsin : ainsi / toudis : toujours / pétête : peut-être / les infantillaches : les enfantillages / ceulle : cette / eine esbroufeusse : une personne qui fait des manières, une faiseuse d'embarras / l'âche : l'âge / vir : voir / eine berdéleusse : une rouspéteuse / quançque : lorsque / les tiêtes : les têtes / jusse : juste /  l'cancheonnette : la chansonnette / orwettier : regarder / les is : les yeux /  les meots : les mots / anneoncher : annoncer / l'verdi : le vendredi / au mitan : au milieu / eine cinse : une ferme / Eperchin : Esplechin, village frontalier au sud de Tournai / pos leon : pas loin / eine wassinque : une serpillière / ein dépandeu d'andoules : un grand efflanqué un peu niais / s'orposer : se reposer / sanner : sembler / l'jeonesse : la jeunesse / bénaisse : content / les ceusses : ceux / l'prouèfe : la preuve / ein potieau d'cabaret : expression régionale pour désigner un pilier de bar / débaltée : déchaînée / débabeiner s'cap'let : raconter une histoire dans les détails, conter ses heurts et ses malheurs / tertous : tous / du bouli : du bouilli, pot-au-feu / l'moutarte : la moutarde / des penn'tières : des pommes de terre / des porieons : des poireaux / ein orpas : un repas / l'mopère : le père / jeuer : jouer / puteôt : plutôt / adveiner : deviner / canter : chanter / meonter su l'gampe : se moquer gentillement / le qu'min : le chemin / ein mau-contint : un mécontent / eine canule : mot entendu sur les terrains de football jadis, désignait un joueur qui ratait l'immanquable, un malhabile, à peu à peu disparu du vocabulaire des supporters / ahais : oui / chiffler : siffler / à m'mote : selon moi, à mon idée / acater : acheter / inveyer : envoyer / les neunettes : les lunettes / chint feos : cent fois / s'ortourner : se retourner / ouvrer : travailler / porméner : promener / les gringottes : les jonquilles / l'beos : le bois / alfeos : parfois / l'carbeon : le charbon / les camps : les champs / l'busse : la buse (du feu) / acouter l'INR : écouter l'Institut National de Radiodiffusion, ancêtre de la RTB / les cinsiers : les fermiers / l'chucolat : le chocolat / un albran : un garnement / l'plache du villache : la place du village / les chabeots : les sabots / s'ramintuver : se souvenir, avoir la souvenance / quieaud : chaud / à causse : à cause / taper dins l'ouèl : taper dans l'œil / caire : tomber / parel : pareil / ormarquer : remarquer / eine badoulette : une femme qui a de l'embonpoint, femme grassouillette / m'mofrère : mon frère / l'fil de fier : le fil de fer / s'mucher pa d'rière : se cacher derrière / l'ieau : l'eau / tout d'eine : d'un seul coup / béteôt : bientôt / accroire : croire / raqueonter : raconter / ein sapré touillache : une sacrée confusion / querre : chercher / moutrer : montrer / les annochints : les innocents / eine clapette : une commère / inter : entre / insanne : ensemble / ein sièque : un siècle / tourner vénaique : tourner au vinaigre / busier : songer / alleumer : allumer / pa d'zeur : dessus / berler : crier, hurler / raviser : regarder / eine marnioufe : une gifle).

S.T. avril 2016.       

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