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Tournai : les festivités de décembre 2015

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Le mois de décembre est le mois des fêtes par excellence et, à Tournai comme ailleurs, on aura l'embarras du choix au cours de ce dernier mois de l'année. Une fois encore, on devra se résoudre à faire des choix !

 

Mardi 1, Séminaire, grand auditoire, 14h : "Romain Gary, le caméléon", conférence par Michel Verbogen, Psychiatre, dans le cadre du cycle "Connaissance et Vie d'Aujourd'hui".

Mardi 1, Maison de la Culture, salle Frank Lucas, 20h : concert de "Alice on the Roof", celle qui fut de tous les festivals cet été.

Mercredi 2, stade Luc Varenne, "Viva for Life", l'émission de Vivacité, joggings pour enfants et pour adultes, animations diverses. 

Mercredi 2, Maison de la Culture, salle Frank Lucas, 16h : "La petite fille aux allumettes", spectacle pour enfants d'après le conte d'Andersen par PAN ! (la compagnie).

Mercredi 2, Hôtel de Ville, Salon de la Reine, 18h : "Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie", conférence par Isabelle Feihle et Lise Nottebaert, logopèdes indépendantes au CHWApi, dans le cadre des Conférences-Santé 2015.

Jeudi 3, Maison de la Culture, salle Frank Lucas, 14h : "Le génocide arménien, traces mémorielles", conférence par Philippe Raxhon, professeur à l'U.L.G, dans le cadre de l'Université du Temps Disponible.

Jeudi 3, Maison de la Culture, salle Jean Noté, 20h : "Conversations avec ma mère" de Pietro Pizutti avec Jacqueline Bir et Alain Leempoel

Vendredi 4, Halle-aux-Draps, 20h : "Noël de l'ATI"; Association Tournaisienne d'Improvisation au profit des enfants du "Noël pour Tous" organisé par le comité Saint-Jean.

Vendredi 4, Mourcourt, Centre Culturel, 20h : "Les Croque-Notes chantent Brassens".

Samedi 5, Maison de la Culture, salle Frank Lucas , 15h et 17h30 : "Petites Furies" par le Zététique Théâtre/ Justine Duchesne, spectacle pour enfants par Mélody Willame et Estelle Bibbo.

Samedi 5, salle La Fenêtre, 20 h : "Les Souffleurs de Mots, casting pour Saint-Nicolas", spectacle d'improvisation.

Samedi 5, Froyennes, la Guelière, 20h : "Rires jaunes, Humour noir", spectacle humoristique.

Samedi 5, Froyennes, la Petite Fabriek, 20h : "Stro Brothers et Lotte Remmen", concert de musique folk et country.

Dimanche 6, Esplechin, salle de la Bascule : "Marché de Noël" du Club des Jeunes de la Pérote.

Dimanche 6, Centre de la Marionnette, à 15h et 16h : "Visites guidées pour la Saint-Nicolas".

Mardi 8, Maison de la Culture, 20h : "Pierre Kroll" dans son one-man-show.

Jeudi 10, Maison de la Culture, salle Frank Lucas, 14h : "Maroc, Haut-Atlas, une année berbère" par Louis-Marie et Elise Blanchard, reporters-conférenciers dans le cadre de l'Université du Temps Disponible.

Jeudi 10, Froyennes, la Petite Fabriek, 20h : "Orkestra Mendoza", musique sud-américaine.

Vendredi 11, Mourcourt, home les Blés d'Or, dès 17h : "Marché de Noël".

Vendredi 11, Maison de la Culture, salle Jean Noté, 20h : "Maurane, toujours aussi en scène", la chanteuse belge fête ses vingt-cinq années de carrière.

Vendredi 11, église Saint-Jacques, 20h : "Gospel for life", 150 choristes chantent au profit de l'association "les Amis du Père Damien".

Vendredi 11, samedi 12 et dimanche 13, Halle-aux-Draps, de 10h à 20h : "Marché de Noël".

Samedi 12, Froyennes, Foyer Saint-Eloi : "Marché de Noël", une trentaine d'artisans, de commerçants et de particuliers.

Samedi 12, rue de Courtrai et place Paul-Emile Janson, 16h : "Noëls du monde" par l'Ensemble vocal du Conservatoire de Tournai sous la direction de Michel Jakobiec.

Samedi 12, école du Château, de 17h à 21h : "Marche des Illuminations" sur 7 et 12 kms.

Samedi 12, église Saint-Jacques, 20h : "Voyage romantique à Leipzig", concert avec la pianiste JulianaSteinbach, une organisation de la Chapelle Musicale de Tournai sous la direction de Philippe Gérard.

Samedi 12, Templeuve, église Saint-Etienne, 20h : "Concert de Noël" par les Cadets et l'Orchestre à Cordes du Conservatoire de Tournai sous la direction de Christiane Diricq au profit de la Croix-Rouge.

Samedi 12, Froyennes, la Petite Fabriek, 20h : "Barimatango", concert de Jelena Milusic et Atilla Aksoj, musique traditionnelle des Balkans.

Samedi 12, Gaurain, salle le Coquin, 21 h : "New Wave and Rock Party".

Dimanche 13, Office du Tourisme, 15h et 17h : "Toomaï des éléphants" d'après "le Livre de la Jungle" de Richard Kipling, spectacle pour enfants avec le Clap-Do : Charles Michiels (clarinette basse), Pierre Quiriny (marimba basse) et Eve Godart (comédienne).

Dimanche 13, Maison de la Culture, salle Jean Noté, 17h30 : traditionnel "Grand Concert Viennois" par l'Ensemble instrumental de Wallonie avec la cantatrice Roxane-Isaura Decocq et les ballets tournaisiens de "Danse et Cie", une organisation de la Confrérie des Cinq Clochers, au profit de la jeunesse déshéritée du Tournaisis.

Du lundi 14 au dimanche 20, Centre de la Marionnette "Scènes à Noël - souvenirs du voyage du Père Noël".

Jeudi 17, Maison de la Culture, salle Frank Lucas, 14h : "Bouvines - 1214, bataille médiévale de deux villes ducomté de Flandre, Lille et Tournai", conférence par Jean-Louis Pelon, historien, dans le cadre de l'Université du Temps Disponible.

Jeudi 17, Maison de la Culture, salle Jean Noté, 20h : "Vianney en concert", un chanteur à texte et à voix.

Du jeudi 17 au jeudi 24, Halle-aux-Draps, de 11h à 21h : "Halle de Noël", artisans, artistes, créateurs de décors...

Vendredi 18, Ere, salle culturelle, de 17h à 23h : "Marché de Noël" de l'asbl "Une place pour Tous".

Vendredi 18 et samedi 19, Office du tourisme, 20h : "Bonne Année !", spectacle de l'Atelier théâtre de Nathalie Wargnies.

Samedi 19, Maison de la Culture, salle Frank Lucas, 16h : "L'Enfant racine" d'après l'œuvre de Kitty Crowner, spectacle pour enfants par la Cie "la Bulle à Sons".

Samedi 19, salle La Fenêtre, 20h : "le Tati Circus cabaret" spectacle de la compagnie "Mome Circus" de Tournai.

Samedi 19, Templeuve, église Saint-Etienne, 20h : "Concert de l'Etoile" par la Royale Union Musicale de Templeuve et la chorale la Pastourelle.

Mardi 22, Pont des Trous, sur la péniche "Rayclau", 20h : "Concert de Noël" par l'Ensemble vocal du Conservatoire de Tournai sous la direction de Michel Jakobiec.

Samedi 26 et dimanche 27, Pont des Trous, sur la péniche "Rayclau", 19h : "Roberto Zucco", pièce de Bernard-Marie Koltès par l'atelier dramatique de Florent Simon.

Mardi 29, Maison de la Culture, salle Frank Lucas, 16h : "Ici Baba/ Ma mie forêt" par Samir Barris et Catherine deBiaso, spectacle pour enfants dès 4 ans.

Jeudi 31, Grand'Place, minuit : "Feu d'artifice de la Saint-Sylvestre".    

programme susceptible d'ajouts et/ou de modifications.

S.T. novembre 2015.


Tournai : la lente évolution de la rue Saint-Martin

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2005 Tournai rue Saint-Martin (2).JPG

Un peu d'Histoire.

Si la place de Lille est, comme nous l'avons vu, le lieu de pénétration en ville pour les visiteurs venant de la grande métropole du Nord de la France, la rue Saint-Martin qui lui est parallèle, à l'autre extrémité du boulevard Bara, se trouve, elle, dans le prolongement de la route venant de Douai. D'une longueur d'environ 650 mètres, elle relie la porte Saint-Martin (aussi appelée le "Bavaro Saint-Martin" par les anciens en référence au café situé jadis à l'angle du boulevard Lallaing et de l'avenue Montgomery) au beffroi et à la rue des Chapeliers. Elle fait partie d'une des deux voies principales qui traversent la ville suivant l'axe Nord-Sud.

La rue Saint-Martin est classée dans la catégorie des voiries de la cité qui portent leur nom depuis leur origine. Elle doit celui-ci à la présence de l'abbaye des moines bénédictins qui s'y élevait à proximité, à l'emplacement de l'actuel Hôtel de Ville. Cette dénomination est déjà repris dans le "Chirographe" de 1253 à l'occasion de la vente d'un immeuble.

Dans son ouvrage "L'habitation Tournaisienne", paru en 1904, Soil de Moriamé évoque une maison située, à l'époque, au n°24 qui, malgré la forme moderne qui avait été donnée à la façade, trahissait son origine gothique. La façade vers la cour était bien conservée et, excepté son soubassement qui était en pierre de taille, tout le reste était en pans de bois avec remplissage en briques. Les fenêtres multiples occupaient presque toute la surface de la façade, sans autre interruption que les potelets en bois qui les divisaient. Une autre maison de type espagnol avec escalier extérieur en bois se trouvait au numéro 29. Ces maisons existaient donc toujours à la fin du XIXe siècle et ont été emportées dans la tourmente des guerres.  

2014.09.06 anniversaire libération (5).JPGEn légère pente descendante vers le beffroi et la cathédrale, la rue Saint-Martin offre une vue2014.09.06 anniversaire libération (7).JPG souvent captée par les photographes sur les deux monuments tournaisiens inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. Au bas de celle-ci, sur le mur du beffroi, une plaque de cuivre rappelle la libération de Tournai par les troupes anglo-américaines, le dimanche 3 septembre 1944. Les deux photos ci-contre ont été prises lors des cérémonies commémoratives qui se sont déroulées en septembre 2014.

A l'origine, la rue Saint-Martin était principalemenet une rue résidentielle pour la bourgeoisie où s'élevaient de nombreux hôtels particuliers dont "l'hôtel de Rasse", acheté en 1839 par le baron Alphonse de Rasse, bourgmestre de la ville, après la mort de Charlotte, Thérèse, Cunégone de Saint-Genois, douairière de Mr Alphonse de Grasse, seigneur de Bouchote. Derrière une porte d'entrée composée de colonnes accouplées, de style composite, cet riche hôtel était l'œuvre de l'architecte tournaisien Bruno Renard qui l'avait construit pour Nicolas-François de Saint-Genois. Relevons également "l'hôtellerie Saint-Christophe" tenant au dit hôtel Saint-Genois, "l'hôtel du corps des Artilleurs Volontaires Tournaisiens", l'Hôtel Peeters, l'hôtel Monnier...

Une première mutation.

1952 Tournai porte Saint-Martin.jpgPeu à peu et, surtout après la seconde guerre mondiale, la rue a vu l'apparition2005 Tournai rue Saint-Martin (1).JPG de nombreuses maisons de commerce et la disparition progressive des hôtels de maître. Rien que dans la section haute comprise entre le boulevard Bara et la rue des Aveugles, on notait la présence, jusque dans les années quatre-vingt et nonante du marbrier, Georges Delcourt, membre de la Royale Compagnie du Cabaret Wallon Tournaisien et de son épouse Angélina, mémorable figure des revues (photo de gauche), de la librairie tenue par Mademoiselle Angèle, d'une boulangerie, d'une crèmerie, d'une boucherie, de deux épiceries et de trois estaminets. Tous ces commerces sont aujourd'hui disparus. Ils ont été remplacés par le bureau d'un agent d'assurances, le magasin d'une fleuriste qui vient malheureusement de fermer boutique, par une sandwicherie-traiteur, un magasin spécialisé en électro-ménager, un cabinet de reconstruction dentaire et faciale (photo de droite) et un antiquaire.

2006 Tournai plan abbaye de St Martin.JPGSur le trottoir d'en face se trouve un cabinet de bien-être à l'enseigne "1,2,3... la vie" et surtout "l'Auberge de Jeunesse", bien connue des nombreux routards qui passent par la cité des cinq clochers. Celle-ci occupe les locaux autrefois attribués au Conservatoire de Musique avant son déménagement, en 1986, vers la place Reine Astrid.

A gauche s'ouvrent deux petites rues aux maisons ouvrières : la rue de France et la rue des Aveugles, à droite, l'enclos Saint-Martin donne accès au Musée des Beaux-Arts et à une habitation sur le mur de laquelle apparaît, gravé, le plan de l'abbaye de Saint-Martin (photo de gauche). 

 

Le couvent des Petites Sœurs des Pauvres.

L'ordre des Petites Sœurs des Pauvres a quitté le couvent qu'il occupait au n° 87 à la fin des années nonante. Durant le XXe siècle, on voyait régulièrement ces religieuses, tout de noir vêtues, parcourir les rues de la ville et des faubourgs, à pied, à vélo, à mobylette et, par la suite, sacrifiant au modernisme, au moyen d'une petite Citroën 2CV. Elles allaient à domicile pour soulager la misère, soigner les malades, ensevelir les morts et, le soir, elles recevaient également dans leur dispensaire les personnes qui devaient être soignées pour un petit bobo ou à qui le médecin avait prescrit une série de piqures. Elles y tenaient aussi un vestiaire pour les démunis.

Ma grand-mère y assurant l'entretien, je m'y rendais régulièrement et j'ai conservé le souvenir de ce grand bâtiment de deux étages, possédant, dans la cour, une hostellerie pour les résidents de passage, une petite chapelle et un jardin, embaumant la rose, veillé par une statue de la Vierge, endroit propice à de longues méditations. Les religieuses logeaient aux étages dans des pièces divisées en petites cellules sobrement meublées d'un lit et d'un prie-Dieu. Cet immeuble froid à la façade grise, ce bâtiment austère aux pièces d'une hauteur qui semblait démesurée à un enfant de six ou sept ans, respirait le savon noir utilisé pour l'entretien des carrelages, l'encaustique pour celui des boiseries et l'éther pour les soins au dispensaire. Une fois la porte franchie, les bruits de la rue s'estompaient et on se déplaçait alors dans un havre de sérénité seulement troublé par le tintement de la cloche au moment où elle invitait les sœurs à la prière.

Lors de leur départ, les responsables de la communauté formulèrent le vœu de voir utiliser l'immeuble pour une activité à finalité sociale. En 2008, à l'étroit dans ses locaux de la place Verte, "l'Entracte", service résidentiel de nuit pour les personnes handicapées fréquentant le centre de jour "La Marelle", s'y est installé après d'importants travaux de rénovation afin de mettre les locaux aux normes de sécurité et afin de les rendre les plus confortables possible pour les résidents. Les lieux n'ont pas fondamentalement changé mais les rires et conversations des occupants actuels ont remplacé le silence des religieuses de jadis.

L'hôtel Peeters.

Situé sur le même trottoir que le couvent des Petites Sœurs des Pauvres, au numéro 47, se dresse, en retrait de la rue, "l'hôtel Peeters". On dit qu'il a été construit sur une propriété ayant appartenu aux enfants de Nicolas de Flines et qu'au XVIIe siècle s'y élevait, face au Musée de Folklore, dans la rue Massenet, le couvent des "religieuses Augustines de Sion". Cet ordre fut dissout en 1783. La propriété fut achetée par un nommé Jacques Duvivier qui serait à l'origine de l'édification du bâtiment entre la rue Massenet et la rue Saint-Martin dans une période qu'on situe entre 1807 et 1823. On évoque le nom de Bruno Renard comme architecte mais on ne possède pas de certitude à ce sujet.

1940 Tournai rue St Martin.jpgEn 1827, l'hôtel devient la propriété du banquier Leman et ensuite du banquier Delecourt qui le vendit en 1835 au baron de Loen. C'est en 1852 que Charles Peeters, fabricant de Sucre, archéologue et passionné par l'Histoire de la ville va en devenir propriétaire, il restera dans la famille jusqu'à la mort de la dernière habitante, Mademoiselle Peeters qui y offrit l'hospitalité à l'évêque Carton de Wiart en 1940, suite au bombardement du palais épiscopal. Situé en retrait de la rue, contrairement aux immeubles voisins, l'hôtel Peeters avait miraculeusement échappé à la destruction. Racheté par la Ville en 1980, il abrite désormais le Centre de la Marionnette de la Fédération Wallonie-Bruxelles. On y accède en franchissant une grille ouvrant sur un porche menant à une cour pavée où se dresse le bâtiment.

 

L'Hôtel des Artilleurs.

tournai,rue saint-martin,hôtel peeters,hôtel monnier,hôtel de rasse,soeurs des pauvres,royale compagnie du cabaret wallon tournaisien,les filles,celles picardes,hôtel des artilleurs,abbaye de saint-martinUn autorisation du commissaire général de la guerre, datée du 15 janvier 1831, a permis la formation de l'association des Artilleurs-Volontaires de Tournai. La société, officiellement constituée le 29 février 1836, a, à cette même date, acquis l'hôtel situé au milieu de la rue Saint-Martin, face à la rue Roquette Saint-Nicaise. Ce corps d'élite qui ne se composait, à l'origine, que de citoyens ayant pris part à la révolution de 1830 était fort de 115 hommes.

L'hôtel de la rue Saint-Martin était connu pour les fêtes brillantes qui y étaient organisées auxquelles assistèrent de nombreuses personnes étrangères à la ville et même le duc et la duchesse de Brabant et le comte de Flandre. Dans les jardins, on trouvait des tirs à l'arc, à l'arbalète et autres jeux prisés à l'époque. Le grand salon construit sur des plans de l'architecte Justin Bruyenne était destiné aux bals somptueux et aux concerts.

Cet hôtel servit au XXe siècle de local pour des réceptions données par les dirigeants du club de football de la Royale Union Sportive Tournaisienne et fut le local d'une section de supporters forte de plusieurs centaines de membres jusqu'au début des années soixante (article de presse ci-contre). Les lieux sont désormais occupés par le musée d'Histoire Naturelle implanté aux abords de l'Hôtel de Ville.

L'Hôtel Monnier.

Celui-ci était situé au numéro 26, en face de la rue Massenet. Sa façade dessinait une avancée sur le trottoir. Il faisait partie d'un ensemble d'immeubles cossus avec l'hôtel Louis XVI voisin. Nous avons déjà l'occasion de signaler, notamment lors de la présentation de la rue Perdue, cette "folie" de construction de résidences sans âme architecturale, qui a envahi les promoteurs immobiliers et les jeunes architectes, dépourvus de tout souci d'esthétisme, dans le courant des années soixante et septante. L'hôtel Monnier qu'on avait volontairement laissé se dégrader au point de le rendre dangereux pour les passants a été détruit au début des années septante. La construction d'un nouveau bâtiment a été stoppée en raison de la faillite de l'entreprise et a repris après quelques années d'abandon. On trouve désormais, à sa place, un bâtiment d'une grande simplicité architecturale à vocation commerciale et résidentielle ayant pris le nom de "Résidence Saint-Eloi" pour rappeler la présence de la petite chapelle inclue dans le bâti actuel et dont nous avons eu l'occasion d'évoquer l'existence dans l'article consacré à la place Reine Astrid.

Des adresses connues.

On ne peut parler de la rue Saint-Martin sans évoquer des adresses bien connues des Tournaisiens : tel le n° 50, une ancienne maison bourgeoise qui abrite le Musée des Arts décoratifs, plus communément appelé par les tournaisiens, le "Musée de la Porcelaine", tel le n° 52 dont le porche monumental mène à la Cour d'Honneur de l'Hôtel de Ville, tel aussi le n°54 qui est abrite le local de la "Royale Compagnie du Cabaret Wallon Tournaisien" ou encore la maison voisine, local des "Filles, Celles Picardes". En face, le café des "Amis réunis" mérite une visite afin de découvrir son décor typiquement tournaisien. On y sert encore la bière à partir de pompe en cuivre, on y joue encore au jeu de fer et aux cartes et on s'enorgueillit d'avoir reçu la visite régulière du chanteur Renaud et de l'équipe du film Germinal, lors du tournage qui avait pour cadre la région de Valenciennes. Une seule chose a disparu, on ne voit plus ces volutes de fumée bleutée exhalées par les "touquettes" (les pipes) des vieux consommateurs. 

La rue des Primetiers.

Presqu'en bas de la rue Saint-Martin, sur la droite, s'ouvre la rue des Primetiers. Jusqu'à la rénovation de l'ilot éponyme, cette toute petite rue de quelques dizaines mètres de longueur, longeant la salle des Concerts, permettait d'éviter le carrefour du beffroi pour rejoindre la rue de la Tête d'Or en passant par la rue Garnier. Combien de cyclistes ont emprunté ce raccourci ! Cette voirie a été fermée par des arcades et rendue piétonne pour assurer la sécurité des centaines d'élèves fréquentant le conservatoire.

Et maintenant ?

1982 commerçants rue St Martin.jpgCette longue rue, dotée de petits pavés placés en "queue de paon", est une des plus animée de la ville. Aux heures de pointe, la circulation y est importante. Dans la partie comprise entre la rue Massenet et le carrefour du beffroi, elle compte encore de nombreuses maisons de commerce (restaurant, organismes financiers, boucherie, librairie, local de la gestion centre-ville ou les locaux d'Infor-Jeunes). Par contre, les magasins de meubles Ronse et Imexcotra, les cafés de l'Equipe et de la Raquette, le Khéops, le magasin de jouets Monnier, les boulangeries Van Gheluwe et Doutreluigne, le traiteur Eric, la pharmacie Thérasse ou encore le magasin de prêt à porter "Hit Boutique" sont disparus avant même la naissance du présent siècle.

Dans le nouveau plan de mobilité édicté par l'Administration communale, la décision de la mettre à sens unique a soulevé une levée de boucliers, au point que ce projet a été abandonné. On évoque la prochaine sécurisation du haut de la rue par un nouvel aménagement, ceci afin de réduire la vitesse de certains véhicules qui s'y engouffrent sans ralentir quand le feu vert leur permet de franchir le carrefour de la Porte Saint-Martin. La photo (ci-dessus) de l'Association des Commerçants de la rue Saint-Martin date de 1982, très peu y sont encore actifs mais la rue ne s'est pas endormie pour autant.

(photos : "le Courrier de l'Escaut", le "Nord-Eclair" et collection de l'auteur)

(sources : "Tournai, Ancien et Moderne" d'A.F.J. Bozière, ouvrage paru en 1864 - "L'habitation Tournaisienne", d'E.J. Soil de Moriamé, ouvrage paru en 1904 - "Biographies tournaisiennes des XIXe et XXe siècle" de Gaston Lefebvre, ouvrage paru en 1990 - "Tournai perdu, Tournai gagné", de Béatrice Pennant, ouvrage publié par l'ASBL Pasquier Grenier en 2013 - la presse locale : Nord-Eclair et le Courrier de l'Escaut - souvenirs personnels).

S.T. décembre 2015.

Tournai : expressions tournaisiennes (339)

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Miraque, on a ortrouvé Edmeond et Fifinne.

I-a pos à dire, l'temps i-passe vite, ainsin cha fait pus d'ein meos que je n'vous ai pus parlé d'nos amisses de l'rue Montiféaut. J'ai été saprémint surpris quançque j'les ai rincontrés et qui m'ont anneonché qui z'aveot'ent déménagé.

In arlochant s'tiête, Fifinne m'a tout raqueonté, j'ai bin vu qu'elle éteot acore tout acravintée. Te sais, l'Optimisse, ch'est ein peu comme si on copeot les rachènes d'ein arpe qui n'est pos 'cor mort, pindant des jours et des jours, j'pinse que j'ai dû braire toutes les larmes de m'corps. Te t'rinds queompte, parelle décisieon, cha n'se prind pos comme cha, in deux queops d'cuiller à peot, cha f'seot quand même d'puis no mariache que là-vas on a habiteot, eine maseon que pou dix mille francs on aveot acatée à des cousines qui éteotent intrées aux Sœurs de Charité. On éteot là fin bin, on aveot ein grand gardin et dins l'quartier on connisseot tous les gins.

Et je n'te dis pos les russes qu'on eues pou tout débarrasser, Edmeond et mi on n'saveot pos pa dusqu'on alleot qu'mincher. Pou rimplir l'container qu'à Dufour on aveot commindé, cha n'a pos été facile et on a souvint batt'lié. Pindant chinquante ainnées, on a intassé bin de cosses et, i-feaut bin l'avouer, ch'éteot l'pus souvint des cocosses.

"Mo ravise ichi, Fifinne, ov'là l'costume de m'mariache !".

"Rue-le, te n'vas quand même pu mette cha à t'n'âche !".

"Ah neon, pos questieon de l'ruer, j'vas toudis l'warder !".

"Pourquoi, te n'vas pos m'dire que t'a 'cor l'idée d'convoler ! ".

"On n'sait jamais... après tout, j'n'ai pos treop forchi".

"Neon, pou cha t'es toudis eine équette, mais t'es pus p'tit".

"Orwette ichi, Edmeond, l'pétit capieau que j'aveos orchu d'matante Odile".

"Ahais, l'espèce d'soucoupe volante que te metteos su t'tiête pou aller in ville".

"Je n'vas toudis pos liquider ein si bieau souv'nir de famile !"

"Deonne-le, cha f'ra plaisi à eine confrérie du Carnaval d'no ville".

"Ov'là ichi eine coupe que j'aveos gagnée dins ein cabaret avant d'ête marié".

"Ah beon, te f'seos d'jà les concours du pus bieau des quervés !".

"Mais neon, ch'est à ein tournoi d'jeu d'fier que j'l'aveos rimportée".

"Et pou fiêter parelévén'mint combin d'pintes t'aveos chifflées".

"Au feond de l'garde-rope, ov'là ichi ein vieux caraqueo gris"

"Ahais, même que te l'metteos pou aller danser au Roi des Radis"

"On queureot dins tous les bals pou acouter Rock Crosy".

"Ch'éteot quand même eaute cosse que tous les berdouilleux d'aujord'hui".

"Ichi, ch'est m'beon vieux diplôme que j'ai eu à l'fin d'mes primaires à l'école du Catieau".

"Dusque t'as usé tes feonds d'mareonne près du radiateur pasque là i-f'seot quieaud !".

"Attintieon Fifinne, j'ai eu l'prumier prix in géographie ave eine médalle d'or".

"J'parie que t'as su moutrer su l'carte dusque s'trouveot l'café de l'Fontaine d'Or !".

J'les acout'reos pindant des heures car cha m'rind fin bénaisse, ave eusses j'intinds Popol et D'siré ou bin Jojo etNénesse.

L'container, pou queusir ce qui alleot aller d'dins, bé, i-a fallu au moinse huit jours tout plein. Cha s'a passé ainsin pou chaque armoire, pou tous les bahuts et tous les tiroirs. Cha a pris pus d'temps pou vider l'maseon intière que pou mette tous l'meublier dins l'tapissière.

"Et dusque vous allez d'meurer ? ," qu'à Fifinne j'ai d'mindé.

"Dins ein appartemint qu'on a trouvé in porménant su les quais !".

"Jusse pa d'zeur ein cabaret !" qu'Edmeond i-m'a tout d'suite fait ormarquer.

"Ahais, i-est serré d'puis lommint et d'ichi à là qui s'ra réouvert, j'sus seûre qu'i-va passer bramint d'ieau sous l'peont d'fier".

"Asteur, j'pourrais rintrer tout dreot quanç'que j'arais bu ein p'tit queop d'treop".

"Bé ahais, arringé comme t'es alfeos, t'es acore capape d'ortourner à l'rue Montiféaut".

L'déménag'mint i-n'a rien cangé, vous êtes toudis à l'tiête de l'ein l'eaute comme je l'veos".

Fifinne elle ne fait jamais dins l'dintelle et Edmeond i-continue à in printe plein ses orelles.

"Mossieu, i-pinse que pasqu'i-est v'nu habiter in ville, i-va pouvoir jeuer l'grand Mimile, Mossieu, i-pinse pétête que ch'est dins les cabarets qui va asteur passer l'mitan d'ses journées, comme t'aras pus l'escusse de faire t'gardin et d'avoir mauà tes reins, te vas commincher pa nettier l'appartemint. I-a d'jà huit jours passés qu'on est arrivé et les caisses elles seont toudis, in meont, dins l'salle à minger. J'deos acore cacher après m'fier à orpasser, in attindant t'iras ave tes mareonnes tout fripées ! ".

"Pasque Madame, dins s'pétite cervelle de carnarin, elle pinse toudis que je n'fous rien, d'puis eine sémaine j'ai d'jà fait eine fameusse trotteà pied, j'in ai presque user les semelles de mes sorlets : aller pou l'élestrique, pou les ieaux et pou canger l'adresse à l'état-civil, écrire aux pinsieons, aller à l'mutuelle, à l'banque et prévenir l'service des impositieons. On dit que je n'fous rien et j'ai passé mes journées su les qu'mins".

"Quisqu'i-pinse déménager trinte-six feos dins s'vie, i-s'reot arringé avec eine feimme comme ti, i-areot vite compris : ceulle feos 'chi, te n'm'aras pus, j'reste ichi je n'bouge pus".  !".     

I-z'ont acore batt'lié comme des tchiens, à m'mote que cha n'a rien arringé, l'déménag'mint !

Ov'là acore eine pache des avintures d'Edmeond et Fifinne qu'à m'blog j'ai ajoutée. Mes deux gins, s'i-n'aveot'ent pos existé, i-areot bin fallu les invinter. Ch'est ce qu'on appelle eine tranque de vie d'ein ménache tout à fait ordinaire. Ch'est l'histoire d'gins qui, pou parler n'mette pos les preones dins les quertins, et qui, l'pus souvint, intassent l'patois tournisien, mais des gins qui ont l'cœur sur la main et qui donnereot'ent jusqu'à leu qu'misse pou aider ein visin ou des inconnus dins l'besoin.

(lexique : ein miraque : un miracle / ortrouver : retrouver / ainsin : ainsi / des amisses : des amis / saprémint : sacrément / quanç'que : lorsque / anneoncher : annoncer / arlocher : secouer / acravintée : accablée, brisée / coper : couper /les rachènes : les racines / ein arpe : un arbre / braire : pleurer / s'rinte queompte : se rendre compte / ein queop : un coup / l'mariache : le mariage / là-vas : là-bas / acater : acheter / ein gardin : un jardin / avoir des russes : avoir de des difficultés / dusque : où / qu'mincher ou commincher : commencer / batt'lier : batailler / des cosses : des choses / des cocosses : des choses de peu de valeur / raviser : regarder / ruer : jeter / warder : garder / forchir : devenir plus gros, fortifier / eine équette : se dit d'une personne très maigre, l'équette est un petit copeau de bois / orwettier : autre mot pour regarder / ein capieau : un chapeau / orchevoir : recevoir / l'matante : la tante / toudis : toujours / ov'là : voilà / ein quervé : un ivrogne / parel : pareil / chiffler : siffler, boire un verre d'une traite / ein caraqueo : une blouse de dame / ahais : oui / queurir : courir / acouter : écouter / les berdouilleux : les bredouilleux / quieaud : chaud / moutrer : montrer / bénaisse : content / eusses : eux / Popol et D'siré, Jojo et Nénesse : duos de personnages entrés dans le folklore tournaisien grâce à Eloi Baudimont et Bruno Delmotte sur No Télé et à Lucien Jardez et Marcel Roland au Cabaret Wallon Tournaisien / queusir : choisir / au moinse : au moins / l'meublier : le mobilier / l'tapissière : le camion de déménagement / porméner : promener / jusse pa d'zeur : juste au-dessus / ormarquer : remarquer / serrer : fermer / lommint : longtemps / bramint : beaucoup / asteur : maintenant, vient de l'expression à cette heure (ci) / alfeos : parfois / capape : capable /  canger : changer / les orelles : les oreilles / jeuer l'grand mimile : jouer le rôle d'un personnage important, faire des esbrouffes / pétête : peut-être / l'mitan : la moitié / avoir du mau : avoir mal / nettier : nettoyer / cacher : chercher / l'mareonne : le pantalon / ein carnarin : un canari / eine fameusse trotte : une longue distance / les sorlets : les souliers / l'élestrique : l'électricité / l'quémin ou le qu'min : le chemin / eine feos : une fois / ceulle : cette / des tchiens : des chiens / à m'mote : selon moi, à mon idée / eine pache : une page / eine tranque : une tranche / mette les preones dins les quertins : littéralement mettre les prunes dans les paniers prévus à cet effet, parler de façon empruntée, on dit aussi "faire des m'noules" / intasser : entasser / la qu'misse ou l'quémisse : la chemise / ein visin : un voisin).

S.T. décembre 2015.

Tournai : la lente évolution de la place Paul-Emile Janson

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Un peu d'Histoire.

1969 Tournai place des Acacias (2).jpgLa rénovation de la place Paul-Emile Janson, qui s'étend au pied de la cathédrale, du côté Nord, vient de se terminer. Jadis appelée la "place des Acacias" en raison de la présence d'arbres de cette essence lui apportant une touche appréciée de verdure, cette place était un lieu animé surtout le samedi, jour de marché hebdomadaire. Sa situation géographique sur l'axe allant de la gare à la Grand-Place a toujours fait d'elle un lieu de passage fort fréquenté. Hélas, le long chantier de rénovation du quartier cathédral a, depuis quelques années, transformé celle-ci en une impasse réduite à recevoir la circulation locale.

Avant d'être un emplacement dévolu au marché aux fruits et aux légumes qui s'y tint jusque dans les années quatre-vingt, la place abrita, dès le Moyen-Age, le marché aux volailles, aux œufs, beurre et produits de la ferme qu'apportaient les paysannes des villages voisins au moyen de carrioles ou de charrettes tirées par des ânes. Elle était alors désignée sous le nom de "Monchiel" ou "Moncheau" (qui en langue romane désigne un monceau, un tas, un entassement).

En 1463, Louis XI y logea chez le chanoine Jean de Manny. En 1513, au lendemain de la reddition de Tournai aux Anglais, Henri VIII l'imita en logeant chez maître Simon Geland. En 1549, lors de la visite de Charles-Quint, les reines douairières de France et de Hongrie s'installèrent chez le chanoine Cottrel qui y demeurait. Durant une brève période, sous Louis XIV, le Marché aux Volailles prit le nom de "Marché au Charbon".

La porte Mantille donnant accès à la cathédrale débutait alors à front de la rue du Curé Notre-Dame, un premier palier menait au grand escalier actuel. De chaque côté de celui-ci se trouvaient le cloître des chanoines et le cimetière. Celui-ci allait disparaître en 1812. L'église de la paroisse Notre-Dame qui était accolée au déambulatoire Nord de la cathédrale sera bombardée lors de la seconde guerre mondiale et ne sera jamais reconstruite.

De profondes modifications.

Depuis la seconde guerre mondiale, cette place a subi de nombreuse modifications. L'appellation actuelle a remplacé celle de place des Acacias, en mémoire de Paul-Emile Janson, avocat bruxellois affilié au parti libéral qui a été le onzième premier ministre belge de novembre 1937 à mai 1938 et qui est mort en 1944 à Buchenwald.

L'Office du Tourisme.

L'immeuble situé au n°1, à l'angle de la rue de la Lanterne, abrite depuis le mois d'avril 2013, "l'Office de Tourisme". Les témoignages concernant ce lieu remontent jusqu'au XIIe siècle lorsqu'un certain Gedulphe ou Gedulf a offert un bâtiment lui appartenant aux religieuses de l'ordre des Sœurs hospitalières afin d'abriter des pauvres gens. C'est à ce moment que naîtra "l'hôpitalcapitulaire Notre-Dame". Lorsque les religieuses installeront celui-ci plus bas dans la rue éponyme, la maison deviendra propriété du chapitre de la cathédrale et servira d'habitation à différents chanoines. Au début du XXe siècle, l'immeuble porte le nom "d'Hôtel Delmarle", hôtel particulier de Charles Delmarle et de son épouse Marie-Roseline Brunfaut. En 1914, la propriété est rachetée par le couple François Sohest-Clotilde Pauwels. Ancien restaurateur et cuisinier militaire, le nouveau propriétaire le transforme en hôtel-restaurant. C'est de cette époque que date le style Louis XVI qu'on peut encore admirer actuellement.

Les transformations à peine terminées, au moment du premier conflit mondial, les Allemands occupent Tournai et réquisitionnent le bâtiment pour en faire la "Kommandantür". Après ce premier conflit mondial, la fille des propriétaires, Jenny Sohest et son époux Marcel Dozot succèdent à leurs parents et lui donnent l'appellation sous laquelle il deviendra très connu dans la cité des cinq clochers : "Le Grand Hôtel de laCathédrale". Hélas, en 1940, les Allemands reviennent et installent, une fois encore, leur Kommandantür en ses murs. Parmi les clichés pris au moment de la libération, un des plus connus est probablement celui où on voit le bourgmestre Louis Casterman saluer la foule en liesse depuis le balcon de cet hôtel. Dans le courant des années cinquante, l'Hôtel de la Cathédrale deviendra la propriété de Gaston Horlait, administrateur de la Grande Brasserie du Lion et mécène de la Royale Union Sportive Tournaisienne. Il fermera ses portes à la fin des années soixante.

Dès ce moment, différents organismes financiers vont en faire leur siège régional : "la banque de Paris et desPays-Bas", devenue par la suite la "Paribas" et, plus tard, la banque "Dexia". Les nombreuses restructurations intervenues dans le monde de la finance sont à l'origine de l'abandon de ce magnifique bâtiment au début des années deux mille. L'Administration communale de Tournai décide alors de le racheter et de le transformer afin d'y installer l'Office du Tourisme. Sous le bâtiment, servant de lieu pour des expositions, une crypte date de l'époque de l'hôpital Notre-Dame avec voûtes d'arête construites en moellons, reposant sur un rang de colonnes, au centre et sur des culs de lampe engagés dans les murs latéraux. La cave est en style roman du XIIe siècle.

L'hôtel de Cordes.

Voisine du Grand Hôtel de la Cathédrale, la maison de Cordes était un hôtel particulier qui faisait le pendant architectural du bâtiment mitoyen. Il s'agissait d'un bel hôtel de maître de style Louis XVI tardif construit au début du XIXe siècle. On l'a vu pour l'hôtel Monnier, à la rue Saint-Martin, l'édilité tournaisienne durant les années septante et quatre-vingt ne souhaitait pas tellement conserver ces témoignages d'une vie bourgeoise qu'avait connue jadis la cité des cinq clochers. Des promoteurs avides de construire leurs bâtiments d'une architecture relativement pauvre (en briques et béton) furent donc courtisés par le premier magistrat de l'époque. En 1979, la Ville accorda le permis de démolition du vénérable immeuble situé à l'angle de la rue de l'Hôpital Notre-Dame. En mars 1987, malgré les protestations d'associations de défense du patrimoine tournaisien, comme l'asbl Pasquier Grenier, le permis de construire un nouveau bâtiment fut accordé.

Que reprochait-on à l'époque à celui-ci ?

- Son gabarit tout d'abord, beaucoup trop important par rapport aux immeubles voisins, ce qui provoquait une mauvaise intégration dans le site.

- Ses corniches dépassant celles des constructions adjacentes.

- La répétition monotone dans la façade de petites ouvertures carrées ou rectangulaires qui ne s'intégraient pas aux ouvertures cintrées de l'immeuble voisin.

Ces remarques furent balayées d'un revers de la main par un premier magistrat de la ville qui avait le défaut de ne souffrir aucune remise en question de ses choix personnels, lui qui semblait tout acquis au modernisme architectural. Mieux même, lors de la construction, les plans initiaux ne furent pas respectés et un étage supplémentaire fut construit sous toiture. La vue sur la cathédrale que découvraient les visiteurs venant de la gare ou emprutant le passage de l'hôtel des pompiers était irrémédiablement cachée.

Le temps a passé. Par habitude, le Tournaisien ne voit plus ce coup de poing asséné à l'harmonie de la place. L'enlèvement récent des structures métalliques posées sur la façade et la pose de grilles de balcons travaillées a légèrement amélioré la vision de cet immeuble. En 2014, le bâtiment a été victime d'importants dégâts consécutifs à la rupture d'une grosse conduite d'eau, ce qui a provoqué l'évacuation de tous ses habitants et, en raison des éternels (on pourrait même dire habituels) conflits entre experts des assurances, les réparations ont tardé à être exécutées.

L'immeuble du Courrier de l'Escaut.

1962 Tournai neige place des Acacias.jpgCet immeuble, jadis occupé par l'imprimerie et les bureaux du journal tournaisien repris par le groupe namurois Vers l'Avenir, est inoccupé depuis les années nonante. Un projet de démolition et de construction d'une résidence à appartements a déjà été présenté à deux reprises par un promoteur mais l'Administration communale lui a demandé d'alléger une partie de façade aveugle donnant vers la place. Depuis lors, plus rien ne bouge et des panneaux de bois, du plus bel effet, ont été placés sur les châssis du rez-de-chaussée pour éviter toutes dégradations (photo ci-contre du"Courrierdel'Escaut" représentantses locaux en 1962). 

L'espace Pic-Puce.

Dernier bâtiment à se trouver sur la place, au moment où débute la rue du Curé Notre-Dame, il est entré dans la légende tournaisienne lorsque des rumeurs, probablement infondées, y ont situé l'appartement tournaisien de Gérard Depardieu. Au rez-de-chaussée, une galerie commerciale comprend une agence immobilière dont on dit que l'acteur français est associé au gérant.

L'ancienne bibliothèque.

Le bâtiment situé à l'Ouest de la place est inoccupé depuis le départ du service des "Archives de l'Etat"à la rue des Augustins. Précédemment, il abritait la bibliothèque communale. De nombreux projets de réhabilitation ont été présentés ces dernières années : une extension de la section "architecture" de l'école Saint-Luc à Ramegnies-Chin dont les responsables ont fait un autre choix en raison du manque de fonctionnalité ou un pôle muséal mettant en valeur, au pied de la cathédrale, les différents musées tournaisiens. Actuellement, il est évoqué sa transformation en centre d'entreprise, d'interprétation et en une vitrine dédicacée aux nouvelles technologies.  

Du piétonnier à la rue Soil de Moriamé.

A l'Est de la place, les deux bâtiments érigés entre le piétonnier de la Croix du Centre (tel qu'il fut appelé lors de sa création mais dont l'appellation ne semble plus guère utilisée aujourd'hui) et la rue Soil de Moriamé étaient jadis occupés par deux tailleurs (la Maison Lambert et le tailleur Meurant). Le rez-de-chaussée de ce dernier immeuble est désormais dévolu à un magasin de nuit dont l'étalage se compose des traditionnels pots de tabac, canettes et bouteilles d'alcool. (Voir la photo du haut représentant l'enlèvement des Acacias en 1972 avec dans le fond l'immeuble du tailleur Lambert - photo "Courrier de l'Escaut").

Et maintenant ?

La fin des travaux de la place Saint-Pierre ont permis le rétablissement de la circulation automobile sur la place Paul Emile Janson dans le sens de la rue de la Lanterne vers la rue du Curé Notre-Dame. La partie piétonne n'est cependant pas une zone totalement sécurisée pour les personnes qui s'y promènent, en effet, certains automobilistes descendant la rue de Paris, y débouchent pensant rejoindre la rue de Courtrai, aucun obstacle, aucun panneau de signalisation n'empêchent ces conducteurs d'arriver jusqu'à cette esplanade au pied de la cathédrale.

Depuis la disparition des acacias qui lui avaient donné son nom, et du jardinet qui longeait l'ancienne bibliothèque, la place est désormais uniformément minérale, plus la moindre touche de verdure, ce qui est regrettable à une époque où la voix des défenseurs de la nature se fait entendre. Certains architectes rament encore à contre-courant !

Le monument des Aveugles a été provisoirement retiré pour éviter les dégâts qui pourraient être occasionnés lors des travaux en cours du transept nord de la cathédrale.

Sur la partie libérée par le chantier, les animations reprennent peu à peu, un marché fermier y est organisé, le vendredi soir, du printemps à l'automne, des chalets y sont érigés pour la période des fêtes de fin d'année.

(sources : "Tournai, Ancien et Moderne" de A.F.J Bozière, ouvrage paru en 1864 - "L'habitation tournaisienne, architecture desfaçades" de E.J. Soil de Moriamé, ouvrage paru en 1904 - Bulletins trimestriels de l'ASBL Pasquier Grenier - "Tournai perdu, Tournai gagné" de Béatrice Pennant, ouvrage paru en 2013 - presse locale "Courrier de l'Escaut et Nord-Eclair").

S.T. décembre 2015.

Tournai : expressions tournaisiennes (340)

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Décimpe, l'pus bieau des meos d'l'ainnée (1) !

Quanç'que j'éteos acore ein p'tit rotleot, l'dernier meos d'l'ainnée, ch'éteot l'ceu qu'i-m'tardeot l'puque d'vir arriver. A l'fin du meos d'novimpe, j'éteos d'jà tout in foufielle d'savoir que Saint-Nicolas alleot béteôtdéquinte du ciel. A partir de l'mitan du meos, on commincheot à vir les jouets dins les vitrines des magasins, chez Ménart à l'rue des Cap'liers ou bin à l'maseon Monnier dins l'bas de l'rue Saint-Martin. Des p'tits soldats in pleomb, des catieaux-forts, des habits d'cow-boy, des trains élestriques, des p'tites auteos pou les garcheons, et pou les files, des dînettes, des perles à infiler ou des poupées aux bieaux ch'feux bleonds. I-aveot aussi des trottinettes, des poussettes, de bieaux véleos ou bin des jeux d'l'oie, des jeux d'dames ou de p'tits qu'vieaux.  

A l'fin du meos d'novimpe, on preneot s'pus belle pleume pou écrire s'letteà Saint-Nicolas et li d'minder ce qu'on vouleot orchevoir, bin seûr, pou n'pos dépasser l'budget des parints, on éteot aidé pa l'mamère, sans l'savoir. Alfeos, on li ormetteot no p'tit meot directemint quanç'qu'on l'rincontreot su ein treône dins ein magasin,   

Infin, l'grand jour i-arriveot. L'velle au soir, i-d'aveot qui parteot'ent à leu lit pos treop rasseurés, pasque si l'grand saint i-passeot, pindant l'nuit, pa l'quémeinée, i-n'éteot pos seul'mint accompagné pa s'baudet, i-aveot aussi, pou les ceusses qui n'aveot'ent pos été saches, l'Père Fouettard et s'martinet.

L'soir, on aveot mis eine carotte et des navieaux dins ein panier in osier, i-falleot que l'baudet i-orprenne des forches pou continuer l'tournée et ch'éteot aussi ein façeon comme eine eaute d'l'ormercier. Au matin, avant même que l'solel i-n'soiche levé, on veyeot que l'biête elle aveot mordu d'dins, on n'imagineot pos, su l'momint, que croquer dins ein navieau, cha n'deveot pos ête fort beon pou les parints.  

Alors, dins toutes les maseons, des pus riches ou pus paufes, ch'éteot partout parel. Les infants découvreot'ent ce que Saint-Nicolas i-aveot déposé et on intindeot les rires et les cancheonnes meonter. Su l'tape, i-aveot aussi des oranches rimplies de vitamines et, pou l'prumière feos dins l'ainnée, des mandarines. Dins des familes, on f'seot même berler l'infant prés de l'quémeinée pou que l'heomme à l'grande barpe blanque i-soiche ormercier.

L'fiête de Saint-Nicolas, pou mi cha a toudis resté, eine des pus belles raminvrances du temps passé !

Malhureus'mint, comme direot Charles Aznavour, j'vous parle d'ein temps que les moinse de vingt-ans ne peuvent pos connaîte.

Asteur, comme pou tout l'reste, l'fiête elle est commerciale, faire bramint d'liards ch'est dev'nu tell'mint banal. Ch'est à peine si Saint-Nicolas i-n's'imberlificote pos dins ceulle fiête d'Haloween que d'Amérique on a importée pou faire des affaires inter l'rintrée des classes et les fiête de fin d'ainnée.

Asteur, chez beauqueop d'gins, on va ave l'infant querre l'jouet au magasin, on évite ainsin l'visite à l'maseon du grand saint. Ceulle traditieon, i-paraît même, d'après certains "psys", que les parints qui voudreot'ent la maintenir, i-n'feont, tout simplement, qu'apprinte à l'infant à mintir. Ces mêmes psys i-n'se rintent même pos queompte que, passant des heures pa d'vant s'jeu élestronique, l'gosse i-va vite printe du plaisi à tuer et après on est tout paf quanç'qu'on veot alfeos qui ce qui passe, ein bieau jour, dins l'réalité.

Si pindant l'ainnée les infants i-n'ont pos été saches, i-a pos dinger, l'Père Fouettard i-a été mis au chômache. Su eine tierre qui est dev'nue totalm'int matérialiste, faire pourméner ein noir ave ein martinet, ch'est raciste. Saint-Nicolas i-est acore, pa eine directrice d'école, toléré à conditieon que l'creox su s'capieau elle soiche inl'vée. Cha n'm'éteonnereot même pos qu'ave eine mintalité comme cha, ein jour ou l'eaute on l'appelle tout simplemint : Nicolas.

D'nos jours, on n'a pus de poésie, on n'fait pus rêver les infants et on s'éteonne de les vir mal tournés alors qu'i-n'ont pos 'cor vingt ans. Aux liards pou partir in vacances ou acater des cosses inutiles i-faudreot ein peu moinse busier et commincher, si ch'est acore possipe, à ortrouver ein vie d'famile que, peu à peu, on a obliée.

(lexique : décimpe : décembre / quanç'que : lorsque / eine rotleot : un roitelet, désigne amicalement un enfant / vir : voir / novimpe : novembre / ête in foufielle : être en émoi, dans tous ses états / béteôt : bientôt / déquinte : descendre / l'mitan : la moitié / l'rue des Cap'liers : la rue des Chapeliers / ein catieau-fort : un château-fort, pas d'accent circonflexe sur ce mot en patois / élestrique : électrique / les ch'feux : les cheveux / l'pleume  : la plume / l'lette : la lettre / orchevoir : recevoir / bin seûr : bien sûr / l'mamère : la mère / alfeos : parfois / l'treône : le trône / l'velle : la veille / l'quémeinée : la cheminée / l'baudet : l'âne : les ceusses : ceux / saches : sages / les navieaux : les navets / orprinte : reprendre / les forches : les forces / ormercier : remercier / paufes : pauvres / parel : pareil / les cancheonnes : les chansons / l'tape : la table / les oranches : les oranges / berler : crier / l'barpe blanque : la barbe blanche / les raminvrances : les souvenirs / asteur : maintenant / bramint : beaucoup / les liards : l'argent / s'imberlificoter : s'empêtrer, s'embrouiller / inter : entre / querre : chercher / se rinte queompte : se rendre compte / ête tout paf : être fortement surpris / l'chômache : le chômage / pourméner : promener / l'creox : la croix / l'capieau : le chapeau / acater : acheter / des cosses : des choses / busier : penser / commincher : commencer / oblier : oublier).

S.T. décembre 2015.   

  

Tournai : la ville en statistiques.

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Les chiffres apportent parfois une meilleure vision qu'un long discours.

Une ville peut être présentée avec des mots, les exploits de ses habitants peuvent être contés avec lyrisme, son histoire peut-être racontée en long et en large mais il parfois nécessaire de faire appel aux chiffres pour mieux la définir.

Voici la carte d'identité de la cité de Clovis.

Nom : Tournai qui se traduit en néerlandais par Doornik.

surnoms : la cité aux cinq clochers, la cité de Clovis.

La ville de Tournai est considérée comme la capitale de la Wallonie Picarde (ancien Hainaut occidental). 

Age : près de 2.000 ans d'existence (période gallo-romaine).

Superficie : 213,75 km2, ce qui en fait la commune la plus étendue du royaume.

Subdivision de la superficie: environ 70% de terres agricoles, 23% de terrains bâtis et 5 % de terres non cultivées.

Nombre de communes rattachées suite à la fusion de 1976 : 29.

Voies de communications : fluviale : l'Escaut.

Ferroviaires : lignes vers Liège, Bruxelles, Lille, Mouscron et Courtrai.

Routières : liaisons autoroutières vers Liège et l'Allemagne (E42), vers Bruxelles (A8/E429), vers Lille (E42) et vers Courtrai et Bruges (A17/E403).

Aéroport à proximité : Lille-Lesquin (F) à 25 km.

Grandes villes à proximité : Lille (25Km), Courtrai (25km), Douai (32 km), Valenciennes (35km), Mons (50 km), Bruxelles (85 km).

Nombre d'habitants : 69.204 Tournaisiens (septembre 2015),  approximativement 48 % d'hommes et 52 % de femmes, +/- 10% d'étrangers.

Subdivisions des habitants: 37.500 habitants demeurent dans le centre-ville et les faubourgs immédiats.

36% de ceux-ci vivent à l'intérieur des boulevards périphériques, zone qui est considérée comme étant le centre-ville, soit : +/- 13.500 habitants.

45%  de ceux-ci habitent les faubourgs de Maire, de Lille, Saint-Martin, de Valenciennes et Warchin soit 16.875 habitants.

19% habitent l'ancienne commune de Kain soit 7.125 habitants

Environ 31.700 habitants demeurent dans les vingt-huit autres villages.

Gaurain/Ramecroix avec 3.600 habitants est le plus peuplé et Hertain avec +/-250 habitants, le moins peuplé.

Enseignement : 16.900 élèves et étudiants fréquentent les établissement scolaires de la ville.

Les établissements de la rive gauche en accueillent : 9.500, ceux de la rive droite : 5.500, Kain : 1.900. Avec ses 1.777 étudiants, la Haute Ecole de la Communauté Française est l'établissement le plus peuplé. Notons également les 1.195 étudiants qui fréquentent l'Institut d'Enseignement Professionnel Provincial de la chaussée de Lille et les 907 du Collège Notre-Dame. L'arrivée de Saint-Luc en 2016 dans le quartier Saint-Jean représentera environ 550 étudiants supplémentaires.

Emplois : la ville génère 20.000 emplois dont 11.000 se situent dans le centre-ville (commerces, PME, services, administrations, enseignement).

La zone d'activité économique de Tournai-Ouest implantée sur les villages de Marquain, Blandain, Orcq et Froyennes offre environ 2.500 emplois. 

Les zones commerciales des Bastions (430) et de Froyennes (400) ainsi que Kain (200) complètent ce tableau. Suite à l'extension des Bastions de nombreux emplois seront créés en 2016.

Taux de chômage : il est d'environ 15 % de la population.

Langues parlées : le français et le patois picard qui revient à la mode après avoir été snobé par la bourgeoisie qui, au début du XXe siècle, le trouvait vulgaire ! 

Culture :

Monuments à visiter: la cathédrale Notre-Dame du XIIe siècle (inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco), le beffroi du XIIe siècle, le plus ancien de Belgique (inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco), le Pont des Trous (fin du XIIIe - début du XIVe siècle), la Halle-aux-Draps érigée au XIIIe siècle mais reconstruite en 1610, le fort rouge, le séminaire de Choiseul, l'Hôtel de Ville construit à l'emplacement de l'abbaye de Saint-Martin, les souterrains de la citadelle, les églises Saint-Jacques (fin XIIe - début XIIIe), Saint-Quentin (XIIe), Saint-Piat (XIIe), Saint-Brice, Saint-Jean Baptiste...

Les musées: Musée d'Histoire et d'Archéologie, Musée militaire, Musée des Beaux-Arts, Musée de la Tapisserie et des Arts du Tissu, Musée de Folklore, Musée d'Histoire naturelle, Musée des Arts décoratifs, Centre de la Marionnette de la communauté française.

Salles de spectacles: Maison de la Culture, salle La Fenêtre, Halle-aux-Draps, salle Saint-Lazare, La Petite Fabriek (Froyennes), la Gueulière (Froyennes), le Foyer Saint-Eloi (Froyennes), cinéma Imagix.

Tournaisiens célèbres : Childéric, Clovis, Christine de Lallaing, Rogier de le Pasture (Van der Weyden), Jacques Daret, Robert Campin, Pasquier-Grenier (tapissier, fournisseur de la Maison de Bourgogne), Louis Gallait (peintre romantique), Barthélémy Dumortier (homme politique), Jean Noté, Georges Rodenbach, Hélène Dutrieu (aviatrice), Jules Bara (homme politique), Gabrielle Petit (résistante et espionne), Georges Grard (sculpteur), Frank Olivier Bonnet (comédien), Henri Vernes (le père de Bob Morane), Bruno Coppens (humoriste)...

(sources : Administration communale de Tournai - PV du collège communale - plan communal de mobilité - résumés des articles parus dans le blog Visite Virtuelle de Tournai)

S.T. décembre 2015.

 

Tournai : expressions tournaisiennes (341)

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Des nouvelles d'Edmeond et Fifinne.

On dit, alfeos, "cang'mint d'pâturache réjouit les vieaux" (ou bin les bués, je n'sais pus l'meot qu'on utilise mais vous m'avez compris), ichi, on n'peut pos dire qu'Edmeond et Fifinne i-ont bin étrenné leu nouvel habitatieon. J'l'ai sintuquanç'que j'ai été leu rinte eine pétite visite ceulle sémaine.

"Alors, les amisses, on s'habitue dins l'nouvieau log'mint ?" que j'ai d'mindé.

A vir l'tiête d'Edmeond, j'ai vite compris que ch'n'éteot pos facile. Fifinne, elle m'a dit ainsin :

"Bé ahais, quoisque te veux, i-feaut bin, j'sus toute l'journée ave m'wassinqueà m'main, ave les travéaux qui a dins les rues, m'heomme i-orvient ave ses sorlets rimplis d'bédoule ! Ch'est treop bieau pou nous eautes, ein parel catieau, tout i-est cangé et on est bin treop vieux pou apprinte commint qu'on deot s'servir de tous ces nouvieaux machins. L'prumière feos qu'Edmeond i-a voulu faire cuire eine séquoi au micro-ondes, i-l'a imblavé comme ch'est pos possipe ".

"Ah cha, si te mets eine affaire qu'on n'peut pos d'dins, cha pète et i-d'a partout" que j'li ai fait.

"Mo bé, i-m'a fallu eine demi-journée pou tout nettier, ch'éteot incrapé. L'agozil, i-pinseot faire des ouèsà l' coque, eine minute après, cha orsanneotà eine omelette norvégienne qui aveot tapissé toutes les parois du four.

Edmeond, l'plafieu, i-n'éteot pos fier mais i-a vite ortrouvé les meots pou s'orvinger.

"T'oblies d'parler du morcieau d'pourchéau que t'as cuit dins l'four et qu'on a ortrouvé tout carbonisé".

"Ch'est vrai mais... à l'rue Montifeaut, j'aveos m'pétit four au gaz que j'aveos eu à m'mamère, mais ichi ave l'élestrique, cha va beauqueop pus vite et in puque, j'n'ai jamais ouvré ave ein thermostat, j'veyeos à l'ouèl si l'viante elle éteot cuite à point. J'ai bin du mauà m'habituer à tous ces bazars modernes. Même pou l'buée tout i-est cangé. Tins, tous les lindis, j'feseos eine battée et après j'alleos mette curer m'linche sur l'hierpe du gardin. Quanç'que j'l'orpreneos, i-sinteot beon l'fraîque. Ichi, in ville, on met, à l'avanche, l'parfum du fraîque dins l'poudre que t'acates au magasin, mais cha n'a pos l'même naque, ch'est pos naturel et l'linche i-est séqué dins eine eaute machine, ch'est de l'buée industrielle !".

J'ai voulu les consoler comme j'ai pu :

"Bah, vous allez béteôt avoir la main, éné, on dit toudis qu'i-feaut ête apprinti avant d'ête macheon".

Fifinne elle a rajouté :

"Ch'est l'même cosse dins l'salle de bain ! A l'rue Montiféaut, on cauffeot l'ieau dins eine cuvelle in fier su ein biecà gaz mais, ichi, l'prumière fois que l'andoule i-a voulu alleumer l'cauffe-bain, cha a tell'mint buqué que cha a foutu l'esquite au visin, s'feimme m'a dit que l'malhureux, d'saisissurte, i-aveot été à l'drisse deux jours tout plein. I feaut dire qu'i-est traumatisé à vie, i-a habité, i-a pus d'vingts ans, à l'rue d'la Ture et i-aveot vu esploser l'maseon d'Monseigneur Lecouvet à l'rue Garnier".

D'puis qu'i-est arrivé, Edmeond i-a trouvé eine distractieon, i-a mis eine cayère près de l'ferniête et i-ravise passer les baquets su l'Esqueaut.

"Quanç'qu'i-a des greos batieaux qui ormeontent l'courant, l'moteur i-fait tranner l'maseon, dins l'verrier les verres i-danse'tent l'carmagnole. Comme te l'veos, ch'est tout c'que j'fais au leong d'eine sainte journée. Là-vas, j'aveos des occupatieons. Tous les matins, dins l'cuisine, ch'est mi qui allumeot l'feu au carbeon. L'papier journal, l'beos et l'boulets quand cha commincheotà printe, cha f'seot eine finquée d'tous les diapes dins tout l'quartier. Asteur, ch'est l'opératieon presse-bouteon, te n'as pus d'ouvrache, ch'est comme si te t'ortrouveos au chômache". 

Pindant qu'on écangeot ces meots, Fifinne elle est rintrée dins l'pièche :

"Te vas boire eine jatte d'noir jus ave nous eautes, ch'est du chéribeon ?".

"Mi, j'veux bin mais seul'mint si te ne l'fais pos au percolateur, fais-le puteôt au marabout comme dins l'temps" qui a supplié Edmeond.

"Milliards, te vas ichi nous faire passer pou des riches biec-beos mais... ch'est vrai qu'in passant su l'minute ave l'boulard, l'café i-est quand même meilleux".

Edmeond i m'a orwettié et i-a dit bin héaut :

"Ave l'café d'Fifinne, te n'risques pos d'avoir l'trannette, elle a toudis fait du véritape jus d'cauchette".

Adeon, comme je n'vouleos pos foute l'broule dins l'ménache, j'ai cangé d'conversatieon. Comme vous l'adveinez ch'n'est pos cha qui les a impêché d'ête, acore eine feos, à l'tiête de l'ein l'eaute.

"Vous avez été au Marché d'Noë ?".

J'saveos que l'période de Noë, elle aveot l'deon d'raccomoder les gins. A l'air de Fifinne, j'ai bin vite compris que cha, aussi, j'areos fait mieux de n'pos l'mette su l'tapis.

"J'areos mieux fait d'aller tout seu pasque'ave ceulle canule j'deos toudis m'attinte au pire. Cha n'a pos fait ein pli. A peine arrivé, i-a comminché pa boire ein verre d'vin quieaud".

Edmeond i-m'a orwettié ave les is d'ein galfard in m'disant :

"I-éteot beon, sais-te, i-aveot de l'cannelle d'dins, on areot dit du pipi d'pétit Jésus dins t'bouque".

Fifinne elle a fait l'ceulle qui n'aveot rien intindu :

"Après, ch'est à l'fondatieon Damien qu'i-s'a arrêté pou chiffler pos eine mais deux Four Chapitre".

Edmeond i-a cru beon de s'justifier :

"Quanç'que l'bière elle est beonne, ch'est ein scandale de n'in boire qu'eine, on n'ortourne pos su eine gampe, rimplissez nos verres sans faire d'lisière...".

Fifinne elle li a dit : "Cha va on conneot l'cancheonne" et elle a continué à s'délaminter.

"Pindant que j'parleos ave l'garcheon qui m'moutreot ses chucolats et ses confitures, mon heomme i-a disparu et j'l'ai ortrouvé, eine demi-heure pus tard, au club Richelieu in train d'boire ein verre de champagne ave l'toutoule qui habite ichi pos leon. I-feaut vir cha, i-a des jeones, toudis différints, qui s'aboule'tent chez elle su l'bord du soir, j'n'osereos pos imaginer quoisqu'i-'s'passe là".

"D'abord, j'ai bu pa charité, les bénéfices ch'éteot pou des malhureux et insuite, l'toutoule comme te dis, te n'es qu'eine mauvaisse lanque pasque ceulle file elle est professeur d'mathématiques et elle deonne des cours particuliers, à s'maseon, aux étudiants qui ont des difficultés, j'me suis rinseigné".

"A pasqu'à t'n'âche, te vas apprinte les mathématiques, te n'sais d'jà pos faire ein carcul sans faire d'erreur !".

L'queompte des esploits d'Edmeond n'éteot pos fini.

"I-n'a pos bin leon de l'Grand-Place au quai mais... cha a acore été ein sapréqu'min d'creox pou y arriver. J'ai 'cor bin eu des russes. Mossieu chanqu'lieot tous les chinq mètes et i-canteot l'pétit Papa Noël, à tue-tiête, a faire s'infuir l'brafe Tino Rossi dins l'fin feond de s'paradis. Au coin de l'rue d'Courtrai, on a rincontré l'greos Gaston qui d'meureot à l'rue Montiféaut et mon Edmeond i-li a raqueonté...".

"Que j'aveos bu ein verre ave l'Père Damien et ch'est vrai !"

"I-n'feaut pos l'acouter que j'ai dit à Gaston mais l'capenoul i-li a répeondu que li aussi i-l'aveot vu".

Fifinne elle a cru dev'nir folle quanç'que j'ai mis m'grain d'sel in li disant :

"L'Père Damien, bé...je l'conneos bin, ch'est ein d'mes amisses, i-est à la Halle-aux-Draps chaque ainnée et i-vind même des confitures ave ein incien Père Fouettard".

Elle m'a d'mindé ce qu'j'aveos bu avant de venir à s'maseon :

"Mo Dieu, ti aussi t'es su l'zinc, te fais des queontes de seot, à m'mote qu'à Edmeond te peux deonner l'petit deogt"".

"Je n'beos pos mais tous les gins qui veont au Marché d'Noë à la Halle-aux-Draps, i-ont d'jà vu eine feos au moinse l'Père Damien, ave s'barpe, s'canne et s'capieau d'palle".

Edmeond i-a copé court à l'étalache de s'vie d'quervassin et, pou dire eine séquoi, i-a pris la parole :

"Beon, parler lommint cha deonne seo, on va in boire eine, hein l'Optimiste. Pou fiêter l'fin d'l'ainnée, j'vas aller querreà l'cave, eine boutelle que te m'in diras des nouvelles, te vas voir, ch'est pos de l'biscurisse".

"I-n'feaut pos mette d'verre pou mi, j'ne beos pos" qu'elle a dit sèqu'mint Fifinne.

"Milliards, on direot ein tchien qui groule, elle berteonneot d'jà à l'rue Montifeaut mais ichi ch'est l'bouquet !".

Quoisque j'diseos in qu'minchant m'n'artique ? Ahais, cang'mint d'pâturache... pou eusses cha n'est pos d'applicatieon pasque ch'est vraimint deux cas désespérés.

J'vous souhaite d'jà à tertous eine beonne fiête d'Noë et pou les jeones mariés, attintieon... si vous mettez l'pétit Jésus dins l'crèche. J'in conneos eine que l'prumière feos qu'elle a intindu ceulle espressieon, elle se d'mindeot bin ce que cha vouleot dire.

(lexique : alfeos : parfois / ein cang'mint : un changement / les vieaux : les veaux / les bués : les bœufs /  intu : senti / quanç'que : lorsque / rinte : rendre / ceulle : cette / les amisses : les amis / vir : voir / ainsin : ainsi / ahais : oui / quoisque : qu'est-ce que / l'wassinque : la serpillière / orvenir : revenir / les sorlets : les souliers / l'bédoule : la boue / nous eautes : nous autres / ein parel catieau : un pareil château / canger : changer / apprinte : apprendre / eine séquoi : quelques chose / imblaver : salir / possipe : possible / d'dins : dedans / nettier : nettoyer / incrapé : encrasser / l'agozil : le balourd, le rustre / des ouès : des œufs / orsanner : ressembler / l'plafieu : le maladroit, le gauche / s'orvinger : se revenger / oblier : oublier / l'morcieau d'pourchéau : le morceau de cochon, un rôti de porc / m'mamère : ma mère / l'élestrique : l'électricité / in puque : de plus / ouvrer : travailler / l'ouèl : l'œil / avoir bin du mau : avoir bien du mal, avoir des difficultés / l'buée : la lessive / l'battée : le contenu d'une machine à lessiver / curer : mettre (le linge) à blanchir / l'linche : le linge / l'hierpe : l'herbe / l'gardin : le jardin / sintir l'fraîque : sentir le frais / à l'avanche : à l'avance / acater : acheter / l'naque : l'odeur, le parfum / séquer : sécher / béteôt : bientôt / éné : n'est-ce pas / ein apprinti : un apprenti / ein macheon : un maçon / l'cosse : la chose / cauffer : chauffer / l'fier : le fer / l'biec : le bec / ichi : ici / l'andoule : l'andouille / alleumer : allumer / buquer : frapper, ici dans le sens de faire un bruit d'explosion - l'caneon i-buque / foute l'esquite : faire peur, effrayer profondément / l'visin : le voisin / d'saisissurte : de saisissement, d'émotion, de peur / aller à l'drisse : avoir la diarrhée / eine cayère : une chaise / eine ferniête : une fenêtre / raviser : regarder / les baquets : les bateaux / l'Esqueaut : l'Escaut, le fleuve qui traverse Tournai / tranner : trembler / l'leong : le long / l'carbeon : le charbon / commincher : commencer / printe : prendre / eine finquée : une fumée / les diapes : les diables / asteur : maintenant / eine jatte d'noir jus : une tasse de café noir / du chéribeon : une excellent café, un café bien fort / puteôt : plutôt / l'marabout : la cafetière / des biec-beos : des naïfs, des gens dénués de bon sens / l'minute : filtre à café en tissu avec un cercle de métal / l'boulard : la bouilloire avec couvercle, bec et anse / meilleux : meilleur / orwettier : regarder / avoir l'tranette : avoir la tremblote / du jus d'cauchette : littéralement du jus de chaussette, mauvais café très léger / adeon : donc / foute l'broule : brouiller / adveiner : deviner / tout seu : tout seul / eine canule : un incapable, un idiot / attinte : attendre / quieaud : chaud / les is : les yeux / ein galfard : ein gourmand / l'bouque : la bouche / chiffler : siffler, boire d'une traite un verre de bière / eine gampe : une jambe / l'cancheonne : la chanson / s'délaminter : se lamenter, se plaindre / l'chucolat : le chocolat / eine toutoule : une femme de mauvaise vie, femme aux mœurs légères / pos leon : pas loin / s'abouler : accourir, arriver / l'lanque : la langue / l'file : la fille / l'âche : l'âge / l'carcul : le calcul / l'queompte : le compte / ein sapré qu'min d'creox : un sacré chemin de croix / avoir des russes : avoir de misères, des difficultés / chanqu'lier : chanceler, tituber / canter : chanter / acouter : écouter / ein capenoul : un lâche, un niais, un innocent, terme surtout utilisé dans le Nord de la France / vinte : vendre / ête su l'zinc : être sur le bord de l'ivresse / des queontes : des contes / à m'mote : selon moi / au moinse : au moins / l'barpe : la barbe / l'capieau d'palle : le chapeau de paille / coper : couper / l'étalache : l'étalage / l'quervassin : l'ivrogne / lommint : longtemps / querre : chercher / l'biscurisse :  décoction de réglisse, mot qui s'utilise pour désigner une mauvaise bière / sèqu'mint : sèchement / ein tchien qui groule : un chien qui gronde / bertonner : grommeler, parler entre ses dents / qu'mincher : commencer / ein artique : un article / eusses : eux / tertous : tous).

S.T. décembre 2015.           

 

Tournai : expressions tournaisiennes (342)

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Béteôt ein nouvieau calinderrier !

Nous ov'là d'jà arrivés à l'fin du calinderrier 2015 et i-va bétêot falloir mette pinte l'nouvieau au mur d'no cuisine. A l'maseon, ch'est l'ceu des heommes du feu dessiné pa Serdu, rasseurez-vous, mes gins, chez nous, l'pompier tournisien n'pose pos acore tout nu ! 

I-a pos à dire mais eine ainnée cha n'fait qu'ein tour, ch'est vite foutu l'camp Quanç'que j'busie, on direot bin que ch'est avant-hier qu'on s'a mis in beonan.

Pou bramint d'gins, ch'est acore eine ainnée à oblier au pus vite pasqu'ave tout ce qu'on a connu, on est bin hureux d'vir l'bout.

Les attintats, les catastrophes, les inondatieons, les trimblemints d'tierre, les guerres, les glich'mints d'terrain, l'récauff'mint climatique, l'été in plein hiver... l'meonte i-perd l'boule et on rinconte asteur bin des maboules.

Vous l'avez ormarqué, à l'fin du meos d'décimpe i-a eine traditieon, ch'est l'momint dusque les astrologues i-feont des prédictieons.

J'ai laiché dire qu'i-n'falleot pos avoir d'diplôme ou n'pos ête fort malin, pou anneoncher quoisqu'i-va s'passer l'ainnée qui vient. I-paraît que ch'est ein deon, adeon, mi aussi, pou no beonne ville d'Tournai, j'vas ichi faire mes prévisieons.

L'lindi 11 janvier, si vous êtes né sous l'signe chinois du lapin, restez bin muché dins vo clapier sous l'foin et les crottins pasque ch'est l'lindi parjuré et pou les Tournisiens, l'ceu qui n'a pos d'lapin n'a rien. L'mardi 2 féverrier, ch'est l'Candeleur, n'obliez surtout pos d'faire des coucoubaques pou souper pasque l'ceu qui n'in minge pos i-va pisser tout creon tout l'ainnée.

I-ara acore des travéaux dins no ville pindant douze meos, asteur, on est habitué, cha n'cange pos, i-ara toudis des tréos dins l'montée de l'rue Saint-Martin pou nos voitures acore caire d'dins et su l'Grand'Plache i-faudra toudis raviserdusqu'on met les pieds pou arriver à beon port et n'pos chanqu'lier. In ville, i-ara des magasins qui veont s'ouvère et d'eautes qu'on va serrer ch'est pos comme cha qu'on va rincontrer, à nouvieau, des passants dins l'pietonnier. Dins les banques i-ara moinse d'imployés et ch'est ave des machines qu'on va devoir parler. Les tasques elle ne veont pos diminuer, ceulle prédictieon, j'sus seûr que vous avez adveinée.

Nos cintrales nucléaires elle s'reont acore bin patraques, comme in 2015, elles areont toudis hic et hac, des fuites d'ieau, des incendies, des fissures, i-va acore avoir de l'tablature. Comme no minisse tournisienne elle a acouté l'doux cant de leu portefuèle, elle a fait l'part belle à tous les dirigeants d'Electrabel, du momint qu'i-orchoivent bramint d'argint, i-s'foutent pos mal de l'sécurité des gins. Pindant c'temps-là, on intind tertousberler : i-feaut arrêter l'nucléaire pasqu'on est in dinger mais on n'veut pos eine seule éolienne pou n'pos ête déringé. I-feaut acroire que l'paysache qui est dins no voisinache, i-est à no seul usache et même pou l'élestrique, on ne veut pos qu'on l'partache.

Les trait'mints et salaires i-veont rester bloqués, les banques elles ne veont pus deonner d'intérêts. Les liards qu'on ara su s'queompte i-va falloir payer pou pouvoir les ortirer. Les prix i-veont continuer à aurminter.

On va acore parler d'l'élargiss'mint d'l'Esqueaut mais i-passera acore beauqueop d'ieau sous no vieux Peont des Tréos avant qu'on n'veot commincher les prumiers travéaux.

In bas de l'cathédrale, on va ormette l'gibet pou moutrer aux gins les loleos qui passe'tent leu nuit à taguer.

In Belgique, i-d'a ein qui, ave l'arrivée des migrants, va devoir canger d'neom pou bin moutrer s'neutralité, ch'est l'minisse de l'intérieur, Jan Jambon, et ainsin, pa eximpe, Jean Roty on pourreot l'app'ler (ch'est ein neom bin d'chez nous eautes) et à Vaulx i-peut toudis v'nir habiter.

I-a pos d'problème ave l'météo, l'hiver i-s'ra quieaud, i-va caire de l'pluèfe in avril et mai et on va avoir de l'caleur in été, les heommes pourmènereont in jupeonà l'Toussaint et à l'Noë, i-n'faudra pos faire cauffer l'vin. Je n'veos pos ein seul flocon d'neiche dins m'boule de cristal, ni du noirglas su nos routes nationales, provinciales ou communales. Mais j'veos que vos pneus d'hiver i-veont largemint souffère.

Tout cha, vous allez m'dire, n'est pos fort gai mais i-ara toudis les Fichelles Picartes, l'Bistreot Tournaisien et L'Cabaret pou nous faire rire et printe la vie du beon côté.

A tertous, j'vous souhaite :

                             

                                Einebeonneethureusseainnée2016 !

 

Qu'elle soiche pou vous eine année d'paix ave mille et eine joies et surtout eine beonne santé !

Et.. mettez vo main à vo saclet et n'orwettiez pos ç'que vous donnez !

(lexique : béteôt : bientôt / ein calinderrier : un calendrier / ov'là : voilà / pinte : pendre / l'ceu : celui / acore : encore / foute l'camp : déguerpir, fuir /  qaunç'que : lorsque / busier : penser, réfléchir / mette in beon an : présenter ses vœux / bramint : beaucoup / oblier : oublier / l'glich'mint : le glissement / l'récauff'mint : le réchauffement / l'meonte : le monde / asteur : maintenant / ormarquer : remarquer / décimpe : décembre / l'momint : le moment / laicher : laisser / anneoncher : annoncer / adeon : donc / ichi : ici / mucher : cacher, dissimuler / pasque : parce que /  les coucoubaques : les crêpes / pisser tout creon : expression tournaisienne pour uriner de travers, faire sur son pantalon / toudis : toujours / des tréos : des trous / caire : tomber / raviser : regarder / dusque : où / chanqu'lier : chanceler, tituber en se tordant le pied / s'ouvère : s'ouvrir / serrer : fermer / moinse : moins / les tasques : les taxes / adveiner : deviner / avoir hic et hac : avoir toujours quelques chose / avoir de l'tablature : avoir des soucis / acouter : écouter / l'cant : le chant / l'portefuèle : le portefeuille / orchevoir : recevoir / tertous : tous / berler : crier, hurler / acroire : croire / les lierds : l'argent / l'queompte : le compte / ortirer : retirer / aurminter : augmenter / commincher : commencer / moutrer : montrer / ein loleo : un simple d'esprit / canger : changer / quieaud : chaud / l'pluèfe : la pluie / l'caleur : la chaleur / pourméner : promener / l'jupeon : appellation donnée au veston d'un homme / l'noirglas : le verglas / souffère : souffrir / l'saclet : la bourse, l'aumonière, cette expression était jadis utilisée pour réclamer les étrennes au moment du nouvel an).

S.T. décembre 2015   

Merci à ceux et à celles qui, depuis le mois d'avril 2008, lisent régulièrement ce blog, merci à ceux, qui l'ayant découvert récemment, l'ont placé parmi leurs favoris. Tous ont permis à ce blog d'enregistrer près de 800.000 visites et de compter près de 1.200 commentaires. L'Optimiste espère retrouver ces amoureux de la cité des cinq clochers, toujours en pleine forme, durant l'année 2016 !   


Tournai : les deux Michel et les cinq clochers !

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Le départ de deux grands artistes.

A deux jours d'intervalle, les 2 et 4 janvier, deux artistes nous ont quittés : l'un était chanteur, l'autre comédien. Tous les deux étaient venus dans la cité des cinq clochers.

Michel Delpech.

C'est le 8 novembre 1996 que nous avons vu, pour la première fois sur scène, à la Maison de la Culture, MichelDelpech. Il était la vedette principale d'une soirée de gala organisée par le Comité des jeunes de la Royale Union Sportive Tournaisienne. Si la salle Jean Noté n'affichait pas complet, les six spectateurs présents furent subjugués par son charisme et par cette voix qui rappela tant de souvenirs liés aux années soixante et septante. Des succès comme "Wight is Wight" ou "Que Marianne était jolie" furent repris en chœur par un public qui lui réserva une "standing ovation".

Durant l'été 2000, Michel Delpech allait revenir à Tournai et se produire sur un podium installé sur la Grand-Place. Cette fois, ils étaient près de 2.000 fans à l'accompagner dans son répertoire. De "Chez Laurette" au "Roi de rien" en passant par "Le Chasseur", "Les Divorcés", "Quand j'étais chanteur" (ma chanson préférée) et "Le Loir et Cher", pendant près d'une heure trente, il survola un répertoire que la majorité du public connaissait par cœur. Les rappels furent nombreux et l'artiste y répondit avec une extrême sympathie.

On sait également que Michel Delpech était venu se tremper dans l'ambiance hippie du Festival d'Amougies en 1969.

Michel Galabru.

Pour beaucoup de personnes, Michel Galabru restera l'adjudant Gerber, le supérieur de Louis De Funès dans la série des Gendarmes, mais sa carrière ne se limita pas aux 250 films et téléfilms dans lesquels on le retrouvait bien souvent dans des seconds rôles qu'il parvenait à magnifier. Michel Galabru, membre de la Comédie Française de 1950 à 1957, aimait aussi le théâtre et le contact direct avec le public.

La première fois que mon épouse et moi-même avons eu l'occasion de le rencontrer, ce fut le 12 mars 1997, à la Maison de la Culture, alors qu'il interprétait la célèbre pièce de Marcel Pagnol, "La Femme du Boulanger". Ceux qui y assistèrent se souviendront certainement de cette vague de fou-rire dont il fut à l'origine et qui dura de très longues minutes, lorsqu'il souleva la soutane du curé découvrant le short de l'interprète. Le rire débuta dans la salle et se transmit à tous les comédiens tandis que Michel Galabru gardait son sérieux ponctuant la scène de ses "oh" dont il nous avait habitués.

La seconde fois que nous l'avons vu, c'est le 27 mars 1999, lorsqu'il tenait le rôle principal dans la pièce "Les Marchands de Gloire". A cette occasion, nous avons pu apprécier l'extrême simplicité de cet homme qui se mêla à la foule pour entrer dans le hall de la Maison de la Culture ignorant l'entrée des artistes. Il adressait un sourire ponctué d'un petit geste de la main à ceux qui l'avaient reconnu.

Michel Galabru revint encore le 9 mai 2008 dans la pièce "Monsieur Amédée".

A chaque fois, il reçut une longue ovation de la part du public.

Une liste déjà longue de disparus.

Les deux Michel viennent allonger une liste déjà longue d'artistes disparus qui se produisirent un jour à l'ombre des cinq clochers, nous les citons par ordre alphabétique :

Richard Anthony, André Aubert, Artus de Penguern, Pierre Bachelet, Barbara, Minouche Barelli, Ricet Barrier, Alain Bashung, Guy Béart, Gilbert Bécaud, Mike Brant, Georges Brassens, Jacques Brel, Anne-Marie Carrière, Carlos, Jean-Michel Caradec, Eric Charden, C. Jérôme, Dalida, Jean-Claude Darnal, Sophie Daumier, Georges Descrière, Raymond Devos, Sacha Distel, Léo Ferré, Claude François, Annie Girardot, Joël Holmes, Elie Kakou, Felix Leclercq, Jean Lefebvre, Paul Louka, Luis Mariano, Marcel Mouloudji, Georges Moustaki, Claude Nougaro, Pierre Rapsat, Fernand Raynaud, Yvan Rebrof, Serge Reggiani, Colette Renard, Demis Roussos, Henri Salvador, Charles Trenet, Georges Ulmer, Jean Vallée, Pierre Vassiliu, Jacques Villeret, John William... 

S.T. janvier 2016.  

 

 

Tournai : expressions tournaisiennes (343)

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On a inl'vé les décoratieons et éteint les illuminatieons !

Cha y est, ch'est fait, tout est infin orvenu normal, l'trève des confiseurs elle est asteur dins les annales!

Au comminch'mint du meos d'janvier, bin souvint, on intind bramint d'gins proclamer :

"J'sus fin bénaisse que les fiêtes elles soichent passées".

Ch'est vrai que l'sémaine inter l'Noë et l'Nouvel An, ch'est ein dreôle de momint, on direot que, pa ein queop d'baguette magique, tertous devreot'ent ête tout d'eine contints.

A l'télévisieon, on a pris l'habitude d'nous moutrer des jeones qui feont l'fiête dins les discothèques in buvant ein p'tit queop d'treop, in chifflant des pintes et in avalant, alfeos, des cosses qu'i-f'reot'ent mieux de n'pos printe. Vous m'comperdez, mes gins, j'pinse que je n'deos pos vous faire ein dessin. Ch'est hallucinant ! On direot qu'asteur, on n'peut pus s'amuser sans acater parelles pilules pou s'doper. Grâce à ces mélanches du diape, i-peuve'tent alors s'arlocher su des musiques de rintchinchin, sans jamais ête mate, du verdi au soir au lindi au matin. Ave eine mareonne à tréos, eine quémisse treop courte qui laiche aperchevoir leu boudaine et eine tiête qui, d'puis bin lommint, a oblié l'existence du shampoing pou les nettier et ch'est ainsin que beauqueop d'garcheons et files i-veont passer l'cap de nouvelle ainnée.

I-est bin leon l'temps dusqu'on alleot danser, l'soir de l'Noë ou de l'Saint-Sylvestre, ave eine binde d'amisses au Roi des Radis, chez Dudans ou à l'salle Provence. On attindeot l'momint des slows et des tangos pou serrer dins ses bras eine pétite mam'zelle qu'on n'aveot pos rincontrer seul'mint de l'velle. Si on f'seot ein twist ou bin ein rock, on éteot toudisà côté d'elle. On buveot d'l'ieau, de l'limonate ou bin eine bière, on s'amuseot d'façeon tout à fait naturelle, nous eautes pou avoir du beon temps, on n'aveot pos b'soin d'paradis artificiels. On rintreot bin tard de l'nuit ou au p'tit matin in cantant au leong de l'route les cancheonnes d'Johnny, d'Sylvie, d'Claude François ou bin acore d'Richard Anthony et on rincontreot, alfeos, ein quervassinétindu su l'bord du qu'minberlantà tue-tiête des queontes d'annochint. A travers l'ville, on s'sinteot tout à fait in sécurité, on pouveot rintré fin tranquileà s'maseon sans s'faire attaquer.

"J'sus fin bénaisse que les fiêtes elles soichent passées".

Ces meots i-seont prononcés pas l'pétite vielle qui au fin feond de s'maseon d'retraite sait bin qui n'ara perseonne qui viendra lui souhaiter eine beonne ainnée pasqu'i-a bin lommint qu'on l'a obliée et qu'on dit, pou s'escuser, que quanç'qu'on vient l'vir elle ne fait que berteonner. I-s'ra toudis bin temps d'pinser à elle, au moumint qu'elle ara quitter ceulle tierre et que les héritiers qu'on verra pétêtebraire s'ortrouvereont, infin, pa d'vant l'notaire.

"On est soulagé que les fiêtes elles soichent passées".

Ces meots i-seont prononcés pa l'mopère et l'mamère qui ont perdu, pindant l'ainnée, ein garcheon qui a quitté ceulle tierre ein diminche au matin, allongeant eine feos d'puque l'liste des victimes d'accidints. Ces meots i-seont prononcés pa l'malate su s'lit d'souffrance, ein heomme in sursis pou qui la mort sera l'seule délivrance. Ces meots i-seont prononcés pa l'malhureux qui n'a même pos eu dreot à eine milette qui éteot cait des tapes de fiêtes.

Aujord'hui, dins l'caleur et l'confort d'nos maseons, on d'vreot tertous printe eine beonne résolutieon : tinte l'main, offère ein sourire,écanger eine parole, deonner eine piéchette pindant l'ainnée, aux pus paufes, aux pus malhureux qu'on va, forchémint, au détour de no quémin, alfeos rincontrer.

(lexique : asteur : maintenant / l'comminch'mint : le commencement / bramint : beaucoup / ête bénaisse : être heureux / soichent : soient / inter : entre / ein queop : un coup / tertous : tous / tout d'eine : subitement / moutrer : montrer / des jeones : des jeunes / chiffler : avaler d'une traite, faire cul sec / alfeos : parfois / des cosses : des choses / printe : prendre / vous m'comperdez : vous me comprenez / acater : acheter / l'diape : le diable / s'arlocher : se secouer, se trémousser / eine musique d'rintchibchin : une mauvaise musique / ête mate : être fatigué / l'verdi : le vendredi / eine mareonne à tréos : un pantalon troué / éine quémisse : une chemise / laisser aperchevoir : laisser apercevoir / l'boudaine : le ventre / lommint : longtemps / oblier : oublier / nettier : nettoyer / des garcheons et des files : des garçons et des filles / bin leon : bien loin / dusque : où / eine binde d'amisses : une bande d'amis / l'pétite mam'zelle : la petite demoiselle / l'velle : la veille / toudis : toujours / l'ieau : l'eau / nous eautes : nous autres / canter : chanter / des cancheonnes : des chansons / ein quervassin : un ivrogne / le qu'min ou l'quémin : le chemin / berler : crier / des queontes d'annochint : des contes d'innocent / l'maseon : la maison / quanç'que : lorsque / vir : voir / berteonner : bougonner, grommeler / l'moumint ou l'momint : le moment / ceulle ; cette / pétête : peut-être / braire : pleurer / pa d'vant : devant / l'mopère et l'mamère : le père et la mère / eine feos d'puque : une fois de plus / l'malhureux : le malheureux / l' dreot : le droit / eine milette : une miette / caire : tomber / l'tape : la table / l'caleur : la chaleur / tinte : tendre / offère : offrir / écanger : échanger / eine piéchette : une petite pièce / l'paufe : le pauvre / forchémint : forcément)

S.T. janvier 2016.     

Tournai : mystification au XIIIe siècle

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La clairvoyance des Tournaisiens.

L'histoire se passe au tout début du XIIIe siècle. Baudouin de Constantinople a perdu la vie en 1206 en affrontant les Bulgares près d'Andrinople.

Des gentilshommes qui l'accompagnaient eurent la vie sauve et revinrent au pays. La plupart d'entre-eux étaient désœuvrés, certains vivaient même en ermite. Bertrand de Rains, pèlerin revenu de Jérusalem vivait au sein du bois de Glançon, une forêt située entre Mortagne et Tournai. Il y avait érigé une misérable habitation faite de joncs, de branchages et de genêts à l'ombre d'un grand chêne.

On ne peut déterminer qui en était à l'origine mais une rumeur enfla dans la région, elle disait que Baudouin n'était pas mort et qu'il vivait en ermite pour la pénitence de ses fautes.

Dès cet instant débute une des plus grandes méprises de l'Histoire. 

Le rencontrant dans la forêt, un gentilhomme de Mortagne reconnait en Bertrand, en raison de sa taille et de son air noble, l'empereur de Constantinople. Il ne peut s'empêcher de le lui faire remarquer et l'attitude interdite de l'ermite face à cette constatation conforte le gentilhomme dans son jugement.

La nouvelle va rapidement se répandre et de nombreuses personnes vont aller en forêt de Glançon pour voir de leurs propres yeux cet ermite à la noble allure. Parmi elles, le comte de Namur, Bouchard d'Avesnes et un châtelain de Tournai nommé Evrard Radulf. Tous remarquent l'âge, la taille, le port, la physionomie et même le timbre de voix qui leur rappellent le comte de Flandre et de Hainaut. Comme lui, il porte barbe et longue chevelure (ce qui, ma foi, était l'image qu'offraient d'ordinaire les ermites). Bertrand de Rains eut beau affirmer qu'il n'était pas noble, qu'il n'était qu'un pécheur retiré du monde pour obtenir le pardon de Dieu, il ne parvint pas à convaincre ceux qui voyaient en lui Baudouin de Constantinople.

Arriva le "Blanc Dimanche" (on appelait ainsi le dimanche qui suivait la fête de Pâques), les sympathisants emmenèrent le prétendu Baudouin en ville. Là on lui donna un bain, on le rasa, on lui coupa les cheveux et on lui offrit de précieux vêtements. Véritables cadeaux du ciel pour un homme qui se nourrissait jusqu'alors de baies sauvages et buvait l'eau limpide du ruisseau qui coulait à proximité de sa hutte. Bertrand se prit au jeu et comme le clergé, la noblesse et le peuple ne doutaient pas de son identité, il accepta au plus profond de lui-même de devenir "Baudouin de Constantinople".

D'anciens croisés vinrent le rencontrer et formèrent sa cour. Ces hommes étaient-ils convaincus de l'identité prise par l'usurpateur ou bien avaient-ils choisi de le feindre afin d'obtenir une reconnaissance inespérée au retour de Terre Sainte ?

La cour commença à se déplacer dans toutes les villes du comté de Flandre et fut accueillie à Lille, Courtrai, Bruges, Gand... Une seule cité, fidèle au Roi de France, ne se laissa pas duper. Informés que le pseudo Baudouin se proposait de se rendre en cortège dans la cité des cinq clochers, les Consaux déléguèrent quelques représentants à une lieue des remparts afin d'avertir l'empereur et sa cour qu'ils n'étaient pas autorisés à entrer dans une ville fidèle à Louis VIII. Le "bon" empereur accepta sans protester et partit vers d'autres cieux beaucoup plus accueillants car la conduite affichée par Tournai ne fut pas adoptée par les autres cités.

Bien mal acquis ne profite jamais !

La comtesse Jeanne qui dirigeait le comté de Flandre trouva refuge à Tournai car tous les endroits visités par Baudouin lui devinrent hostiles. De nombreux nobles lui restèrent cependant fidèles : Rasse de Gavre, Gilles de Barbançon, Gauthier de Gistel... Elle se mit en rapport avec le roi de France Louis VIII et celui-ci partit pour Péronnes afin de démasquer l'imposteur. Aux questions de l'évêque de Beauvais, Bertrand alias Baudouin répondit avec pertinence mais lorsqu'on aborda des sujets bien plus précis, l'homme ne put répondre : quelle était la date de son mariage avec Marie de Champagne ?  Quand avait-il prêté allégeance à Philippe-Auguste ? Quand avait il était fait chevalier ? Bertrand de Rains ou Cordel fut ainsi démasqué, on le condamna à sortir du royaume endéans les trois jours (aujourd'hui on parlerait d'un ordre de quitter le territoire). Comme le font encore aujourd'hui ceux qui reçoivent pareil ordre (qui depuis des siècles reste sans effet), il n'obtempéra pas et fut appréhendé quelques temps plus tard en Bourgogne. On le ramena à Lille où il fut jugé par la cour de la comtesse Jeanne. On le condamna à être promené par la ville monté sur un cheval et ensuite à être pendu entre deux chiens, avec un masque, symbole de l'imposture, à ses pieds. Son corps fut ensuite attaché à la fourche (au gibet) de Loos.

Pendant bien longtemps, le peuple crut qu'on avait sacrifié le bon comte Baudouin, empereur de Constantinople.

Qui était le vrai Baudouin ?

Baudouin de Constantinople, comte de Flandre et de Hainaut, était né en 1171 à Valenciennes, fils de Baudouin V, comte de Hainaut et de Marguerite d'Alsace, comtesse de Flandre. Il part en l'an 1200 pour la croisade en compagnie notamment de Thibaud de Champagne et de Louis de Blois. En 1204, il prend Constantinople dont il est élu empereur avec l'appui des Doges de Venise. Il serait mort à Tarnovo en Bulgarie en 1206 après avoir été fait prisonnier.

D'autres précisions afin d'être impartial.

Le récit qui vient d'être fait est tiré de "L'Histoire de Tournai et de Tournésis"écrite par le Tournaisien Alexandre Guillaume Chotin et parue en 1840. Suivant certaines sources françaises, il est dit que les faits se seraient déroulés en 1225, soit dix-neuf ans après la mort de Baudouin, que l'ermite s'appelait Bertrand Cordel, que Baudouin fut acclamé à Tournai (!!!), que la comtesse Jeanne se réfugia au Quesnoy, que Baudouin avait été reconnu par le roi d'Angleterre Henri III et que son interrogatoire fut conduit par l'évêque de Senlis... 

Tout cela doit nous mettre en garde car en consultant diverses publications et en les mettant en parallèle, il y a longtemps déjà que je me suis fait la réflexion qu'il y avait autant "d'Histoire" qu'il n'y avait d'historiens.

S.T. janvier 2016.

Tournai : ils commençaient sérieusement à nous manquer !

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Les fêtes sont terminées, le Lundi Perdu les a clôturées ! Peu à peu, les rues de Tournai ont été dépouillées de leurs habits de lumière et les engins de chantiers ont repris, comme par habitude, leurs quartiers dans la cité des cinq clochers. On va presque dire que c'est heureux car les Tournaisiens sont à ce point habitués à voir évoluer ces monstres d'acier depuis des années qu'on aurait certainement découvert chez certains d'entre eux les premiers symptômes d'un état de manque ! Que ceux-ci se rassurent, ils sont encore là et pour bien longtemps !

En périphérie.

Les travaux concernent la chaussée de Lannoyà Froyennes ainsi que le carrefour formé par celle-ci, la rue Saint-Eleuthère et l'avenue des Peupliers. Depuis plusieurs semaines, la circulation sur la chaussée est régulièrement alternée par des feux tricolores en raison de la pose d'impétrants.

Les travaux de voirie entamés il y a quelques mois dans les environs du nouveau Centre Hospitalier de Wallonie picarde progressent. Les rues du Général Piron (section comprise entre la chaussée de Willemeau et le cercle "Chez Nous") et des Sports ont reçu leur revêtement définitif. La rue de la Citadelle dans le tronçon compris entre la rue Allard l'Olivier et la rue de Barges est pratiquement terminée. Ce mardi 12 janvier ont débuté les travaux de la rue deBarges entre la rue de la Citadelle et le boulevard Lallaing. Dans quelques semaines, l'accès au nouveau centre hospitalier, opérationnel sous peu, sera beaucoup plus "roulant".

Au bout de la rue Général Piron, face à la cité du "Maroc", l'aménagement d'un parking destiné au personnel du centre hospitalier progresse, les fondations sont pratiquement réalisées, il restera à couler le revêtement hydrocarboné. Une centaine de véhicules trouveront place à terme.

En ville.

Cela fait des mois maintenant que des entreprises publiques ouvrent voiries et trottoirs afin d'enfouir câbles électriques ou téléphoniques, conduites de gaz ou éléments du réseau d'égouttage. Cette fois, c'est le quai Vifquin qui est concerné par la pose de ces impétrants.

tournai,travaux,chantiersDans le quartier cathédral, un premier chancre est, enfin, en voie de disparition, celui représenté par l'ancien siège du journal "le Courrier de l'Escaut" situé à l'angle de la rue du Curé Notre-Dame et de l'Hôpital Notre-Dame. Depuis ce lundi 11 janvier, le bâtiment est ceinturé par des barrières "Heras" protégeant un "matelas" qui empêchera, durant la démolition, les inévitables chutes de briques et pierres de détruire le tout nouveau revêtement de voirie terminé juste avant les fêtes de fin d'année. Il s'agit de la première phase d'un chantier qui en comptera trois : la démolition, l'étude du sol et la construction. Le nouvel immeuble comprendra neuf appartements répartis sur trois niveaux et un penthouse avec grande terrasse au dernier étage. Au rez-de-chaussée seront créées des cellules commerciales et des parkings. La durée des travaux est estimée à deux bonnes années, le chantier devrait se terminer, sauf surprise, à la fin de l'année 2018.

Hélas, un autre chancre vient de naître. Dans la rue du Curé Notre-Dame, juste à côté du chantier dont nous venons de parler, l'ancien espace "Pic Puce" devait abriter le bar à vins de Gérard Depardieu, la société qui devait être à l'origine de son ouverture vient d'être déclarée en faillite et on risque encore de voir très longtemps ce bâtiment inoccupé.

Sur la place de Lille, suite au déménagement dans l'immeuble voisin de la librairie Lenglez, les travaux de démolition du bâtiment ont débuté. Ce sera ensuite le tour du restaurant jouxtant l'église Sainte-Marguerite.

Imperturbablement, les travaux de la cathédrale Notre-Dame se poursuivent, ce sont les deux tours Nord qui font actuellement l'objet de rénovation. Avant la fin de cette année, on les verra peut-être dévoiler leur splendeur retrouvée aux visiteurs. 

2016, une nouvelle année dans le bruit, la poussière et la boue.

Si les travaux du quartier cathédral touchent à leur fin (il est cependant encore nécessaire de revoir l'éclairage, de coller le fil d'or et de placer le mobilier urbain), d'autres chantiers d'importance se profilent déjà à l'horizon. ils concerneront plus précisément la rive droite avec le réaménagement complet des quais Dumon et Saint-Brice ainsi que de la place du Becquerelle. Débutant le 1er février, ils devraient se terminer au milieu de l'année 2017 (ils sont prévus pour 220 jours ouvrables sans intempéries). Il ne s'agit pas d'un simple "rafraîchissement" mais bien d'une rénovation complète de ce quartier du Becquerelle dont la place sera totalement "relookée".

L'administration communale a également décidé la rénovation de la place Verte dont une partie est interdite à la circulation depuis plus de trois ans. Ce chantier qui comprendra l'égouttage, la réfection de la voirie et la remise en état des trottoirs est prévu pour une durée d'une année et devrait débuter durant le second semestre.

Des travaux de scellement de pavés seront aussi réalisés à la rue des Jésuites (entre l'église Saint-Piat et la rue d'Espinoy), tandis qu'une rénovation plus en profondeur concernera le tronçon entre la rue d'Espinoy et la rue du Chambge.

On scellera aussi les pavés de la place de Lille qui ont trop tendance à jouer le grand air des castagnettes lors du passage des véhicules et qui sont de véritables pièges pour les promeneurs.

Décidée en 2015, on ne parle plus dans ce plan de la réfection de l'avenue des Peupliers. Tout au plus est-il fait référence à une liaison cyclable qui sera créée entre celle-ci et la Chaussée romaine à Ere via le Chemin vert.

Notons que ces chantiers communaux sont indépendants de ceux qui pourraient être entrepris par la Région Wallonne dans le cadre de l'élargissement de l'Escaut. On évoque le début des travaux du Pont-à-Pont encore cette année !

Wait and see !

(sources : presse locale et infos personnelles - photo : "Courrier de l'Escaut" année 1962).

Tournai : expressions tournaisiennes (344)

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Conversatieon ave Edmeond.

J'sus à peu près seûr, mes gins, que tertous vous vous in souv'nez, l'dernière feos qu'j'ai vu Edmeond, ch'éteot jusse avant l'Noë. Adeon, j'sus allé les mette in beon an jeudi passé et on a parlé d'cosses et d'eautes pindant tout l'après-deîner.

"Te veos, l'Optimisse, quanç'qu'i-fait freod, je m'assis ichi pa d'rière l'cassis et j'ravise passer les auteos su l'quai, l'pus souvint à l'heure de midi. Milliards, te devreos vir comme i-a des rudes sauvaches comme chauffeurs asteur, i-roule'tent volle gaz alors que l'limite in ville elle est limitée à trinte kilomètes/heures. I-d'a bramint qui n's'arrête'tent pos au peont levant dusqu'on a mis ein  pannéeau "stop" pourtant. Ceulle sémaine, j'ai même vu ein autobus scolaire coper l'route à eine voiture prioritaire. Jusqu'ichi, j'ai intindu l'queop d'klaxeon rageur du conducteur et l'chauffeur du bus, à l'plache de s'escuser, i-li a fait ein bras d'honneur. Et dire qu'on confie l'vie des infants à d'parels albrans".

J'li ai répeondu que pos pus tard qu'hier, i-aveot ein radar dins l'rue Saint-Eleuthère. I-feaut vir les automobilisses qui prennent'ent pa l'avenue Minjean et l'résidince Carbonnelle pou éviter, à chinq heures, l'reond-point d'l'Europe et ses imbouteillaches traditionnels. Malgré que cha leu fait gagner du temps, i-déboule'lent à pus d'chinquante à l'heure pindant ces deux kilomètes, j'sus seûr qui d'a beauqueop qui veont orchevoir eine dreole d'surprisse dins leu boîte à lettes.

Edmeond i-m'a fait ormarquer :

"Mi, i-a eine cosse que je n'comprinds pos. Au meos d'sétimpe et d'octope, on a coulé des reonds in asphalte ave des grands trinte à l'heure à toutes les intrées de l'ville, l'limitatieon elle a été voté au meos d'décimpe pa nos édiles et on continue à rouler à plein tube dins l'traversée de l'ville. Pou mette eine séquoi in applicatieon, ichi, dins no cité, je n'sais pos ce qu'on attind, on a toudis eu des leonques preones et les nouvieaux élus, i-n'seont pos différints des inciens".

"Ahais, mais quanç'que ch'est décidé au conseil communal ein lindi au soir, i-feaut bin souvint des meos pou qu'cha d'vienne obligatoire. On a voté des budgets pou des travéaux au mitan d'l'ainnée passée et j'sus à peu près certain que les interprisses elle n'ont pos acore été interrogées. Contrair'mint au privé, dins les services publiques on est toudis débordé ou alors on n'a pos les moyens de s'politique".

Fifinnne elle a calmé l'jeu :

"I-est beon, allez, on n'va pos acore casser du chuque su l'deos des politiciens, on n'd'areot pos assez même in racatant les chuq'ries d'Fontenoy et d'Wez-Velvain".

On a cangé d'sujet et on s'a mis à parler de l'météo.

"Edmeond, t'as intindu à l'radio, on anneonche du freod ?".

"Ah cha, on dit toudis : l'hiver n'est pos bâtard, si on l'a pos teôt, on l'a su ein tard !".

"Mi, j'veux bin mais les asperchesà Kain, elle ont d'jà sorti leu tîete d'puis lommint et dins les gardins les bourgeons i-ont d'jà éclaté, ave l'gelée, te vas vir, tout i-va ête brûlé".

"T'areos connu les hivers d'no jeonesse, te peux ête seûr que t'areos eu freod à tes fesses. On s'méfieot avant tout du meos d'féverrier, ch'est l'pus court mais l'pus lourd et dins s'saclet i-aveot souvint pus d'ein tour. Eté comme hiver, on alleot à l'école in courtes mareonnes, on aveot les gampes toutes rouches et des gerçures su no visache mais on jeueot tout au leong du qu'minà batalles de boules de neiches ou on f'seot des richoires su l'noirglache. Quanc'qu'on bourleot, bin vite, on s'or'leveot et on n'éteot jamais malate. Asteur, dès qu'on veot arriver ein greos neuacheà l'horizeon, on fait ni eine, ni deux, on s'muche au pus profeond de s'maseon, on ormeonte l'cauffache et on ormet eine lainache. On est tertous tout ramolli et béteôt on va tertous passer tout l'hiver à s'lit. Dins no jeone temps, si on aveot, alfeos, l'malheur d'attraper des quen'tousses, pou no mamère, l'remède ch'éteot cataplasses et vintousses ".

Fifinne elle a rajouté in faisant eine grimace:

"Mi, ch'éteot puteôt cataplasses et chireop d'limace".

"Ahais, l'cataplasse à l'fareine de moutarte qu'on placheot su t'poitrine ou bin su t'deos, ch'éteot tell'mint quieaud qu'après on veyeot ein grand carré rouche su t'pieau. On diseot que ch'éteot tout à fait normal et que ch'éteot l' caleur qui f'seot partir l'mal. Les vintousses, elles, ch'éteot des p'tites boules de verre qu'on sorteot de leu boite à peu près tous les hivers. Pou faire l'vide, on brûleot ein morcieau d'ouate et quançqu'elle commincheotà bien coller à l'pieau, on diseot que cha f'seot effet, que l'mal, elle le chucheot".

"L'hiver, dins l'temps, ch'éteot pos treos jours que cha dureot, mais bin des semaines et des meos, i-f'seot moins dix ou bin moins quinze, i-geleot à pierre finte, i-aveot des candelles de glache qui déquindeot'ent des toitures, on metteot des chintes su les routes pou les voitures, on éteot obligé d'balayer l'neiche du trottoir tous les matins, on éteot ainsin seûr de n'pos vir caire les gins. Au momint dusque l'timpérature cayeot sous zéro, on metteot même aux arrêts d'autobus des braséros. On patineot au gardin d'la Reine et sur les près d'Maire ou bin on pourméneot su ein traineau saqué pa no mopère. On f'seot ein bieau bonheomme ave eine carotte, ein balai et ein vieux capieau et quanç'qu'i-éteot fini, ave des boules de neiche on l'galteot. On n'aveot vraimint pos b'soin d'aller faire du ski, on n'deveot pos queurir, comme aujord'hui, à Megève ou bin à Chamonix pou avoir du lari. Mi, pa d'vant m'ferniête, j'orwettieos danser les flocons, comme à regret, i-z'alleot'ent blanquir l'bieau tapis d'molleteon".

J'aveos acouté Edmeond sans l'arrêter, j'aimeos l'intinte ainsin raqueonter

"Asteur, ave l'récauff'mint climatique, l'hiver i-n'est pus aussi poétique. I-fait du vint et i-pleut toudis, i-fait ein temps d'tchien qui n'amuse pus qu'eine paire d'habitants d'no ville, les médecins et les pharmaciens".

"A propeos, in parlant d'médecin, t'as connu, ti, Ortaline, eine fille qui éteot née à Malines, qui aveot marié l'garcheon d'ein marchand d'pralines et qui resteot à l'rue Sainte-Catherine ?".

"Neon, je n'veos pos !".

"Mais si, elle aveot travaillé in usine, elle diseot qu'elle fabriqueot de l'paraffine"

"Ahais, l'feimme qu'on veyeot quanç'qu'on alleot boire eine pinte à l'Bancloque ?".

"Ch'est cha, bé... j'ai appris qu'elle aveot attrapé eine mauvaisse croque".

"Ah beon, dernièr'mint ?"

"Ahais, s'n'heomme i-l'a emmenée aux Urginces à nueve heures au matin et treos beonnes heures après elle a été vue pa ein médecin, i-a dit qu'elle aveot attrapé eine fameusse breongile et aussi ein début d'angile. On l'a trinsférée ein gériatrie tout cha pasqu'elle a eu soixante-chinq ans, mardi".

"Dis hardimint, on peut s'tenir aux branques, avec eusses on s'reot vite inter quatre planques !".

Comme diseot ein d'mes amisses, pou aller in clinique asteur, i-feaut ête bin portant et surtout... avoir bin l'temps !

(lexique : j'sus seûr : je suis sûr / tertous : tous / l'feos : la fois / jusse : juste / l'Noë : la Noël / adeon : donc / mette in beon an : présenter ses vœux de nouvelle année / d'cosses et d'eautes : de choses et d'autres / l'après-deîner : l'après-midi / quanç'que : lorsque / freod : froid / pa d'rière l'cassis : derrière le châssis / raviser : regarder / vir : voir / asteur : maintenant / rouler volle gaz : expression utilisée jadis, venant du néerlandais signifiant rouler plein gaz / bramint : beaucoup / ceulle : cette / coper : couper / l'queop : le coup / à l'plache : à la place / d'parels albrans : de pareils mauvais ouvriers / pos pus tard : pas plus tard / à chinq heures : à cinq heures / les imbouteillaches : les embouteillages, les bouchons / orchevoir : recevoir / ormarquer : remarquer / sétimpe : septembre / octope : octobre / eine séquoi : quelque chose / toudis : toujours / des leonques preones : des lambins / ahais : oui / au mitan : au milieu / des interprisses : des entreprises / du chuque : du sucre / racater : racheter / eine chuqu'rie : une sucrerie / canger : changer / anneoncher : annoncer / les asperches : les asperges / lommint : longtemps / les gardins : les jardins / no jeonesse : notre jeunesse / féverrier : février / ein saclet : un petit sac, une bourse / les courtes mareonnes : les courtes culottes / les gampes : les jambes / l'visache : le visage / jeuer tout au leong du qu'min : jouer tout au long du chemin / des richoires : des glissades / l'noirglache ou noirglas : le verglas / bourler : tomber / les neuaches : les nuages / s'mucher : se cacher / ormeonter : remonter / l'cauffache : le chauffage / ormette ein lainache : remettre une petite laine / béteôt : bientôt / des quenn'tousses : des quintes de toux / ein cataplasse : un cataplasme / des vintousses : des ventouses / du chireop : du sirop / l'fareine de moutarte : la farine de moutarde / placher : placer / quieaud : chaud / rouche : rouge / l'caleur : la chaleur / ein morcieau : un morceau / commincher : commencer / chucher : sucer / geler à pierre finte : geler à pierre fendre / les candelles : les chandelles / déquinte : descendre / des chintes : des cendres / caire : tomber / dusque : où / pourméner ou porméner : promener / saquer : tirer / l'mopère : le père / galter : lapider / queurir : courir / avoir du lari : avoir du plaisir, avoir une bonne ambiance / pa d'vant : devant / orwettier : regarder / blanquir : blanchir / acouter :écouter / intinte : entendre / raqueonter : raconter / ein temps d'tchien : un temps de chien / l'garcheon : le garçon / attraper eine mauvaisse croque : avoir une sérieuse maladie, être gravement malade / nueve heures : neuf heures / eine breongile : une bronchite / eine angile : une angine / les branques : les branches / inter : entre / les planques : les planches / mes amisses : mes amis).

S.T. janvier 2016.         

Tournai : Henri Sanctorum à l'école des sorciers ?

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Tournai n'est pas Poudlard et Henri n'est pas Harry !

Un procès du XVIIe siècle.

Après avoir récemment étudié une mystification survenue au XIIIe siècle, nous nous penchons sur un procès qui eut pour cadre la cité des cinq clochers et se déroula entre 1639 et 1641, ceci grâce à une étude réalisée par Marie-Sylvie Dupont-Bouchat parue en 1982.

Qui est Henri Sanctorum ?

C'est un homme respectable et bien considéré à Tournai, travaillant au Mont-de-Piété, cet organisme de prêts situé à la rue des Carmes. S'il est nulle part fait référence à sa date de naissance, on sait, par contre, qu'il a épousé, en l'église Notre-Dame, le 17 avril 1634, une Gantoise du nom d'Isabelle Lamzoettte, une jeune fille venue dans la cité des cinq clochers pour apprendre le français. On apprend également que le couple a eu trois enfants : Pierre, baptisé le 8 avril 1635, Guillaume, le 8 septembre 1636 et Jean, le 17 janvier 1638. Henri Sanctorum est un homme cultivé qui connait plusieurs langues : le français, le flamand, l'italien et le latin. Il est certifié par le curé de Saint-Jacques, Jacques de Castillon, qu'il est un bon chrétien fréquentant régulièrement les sacrements et un membre de la confrérie de la Vierge.

Que lui est-il reproché ?

Nous sommes à l'époque de la répression de la sorcellerie dans une région alors gouvernée par les Archiducs Albert et Isabelle. Les tribunaux civils pourchassent tout individu soupçonné de s'adonner à la sorcellerie tandis que les autorités religieuses, dans le but de restaurer "la pureté des mœurs" et de "christianiser en profondeur" tentent d'extirper ces relents de superstition et de magie toujours présents parmi la population. Un homme est à la base de ce procès : l'évêque de Tournai, Maximilien Villain.

Qui est cet évêque de Tournai ?

Jacob Maximilien Villain de Gand, né en 1569, est issu d'une famille de l'aristocratie catholique, il est le fils du baron de Rassenghien. Il a fait des études de philosophie à Douai et en Lorraine et a été ordonné prêtre en 1597. Nommé chanoine en 1613, il jouit d'une excellente réputation au sein du chapitre qui voit en lui un homme pieux et charitable. Dans sa lutte pour la "correction des mœurs", il se montre intraitable et fait preuve d'un tel zèle  qu'il refuse même de se soumettre aux juridictions supérieures : celle de l'archevêque de Cambrai et du nonce apostolique. Le vice-nonce Pauli-Stavius le décrira de la manière suivante : "Sa superbe innée et son ambition de dominer le diocèse l'empêchent de reconnaître l'autorité du Saint-Siège, celle de la nonciature ou de sonmétropolitain, l'archevêque de Cambrai". Il ignore également le pouvoir du magistrat de la Ville. Il mourra en novembre 1644.

Les origines du procès.

Henri Sanctorum a distribué à tous ceux qui venaient le consulter au Mont-de-Piété des billets pour guérir les fièvres mais a arrêté cette pratique après en avoir été déconseillé par son curé. Informé, l'évêque voit en cela des pratiques de sorcellerie ou de magie et pour le faire condamner, il utilisera tous les moyens pour arriver à ses fins. De plus, Maximilien ne reconnaît pas la juridiction civile mise en place par les Archiducs et il va donc mener, de façon tout à fait abusive, sa propre enquête.

Le déroulement de l'affaire.

En 1639, l'évêque Maximilien dénonce Sanctorum au surintendant des Monts-de-Piété, Coobergher, à Bruxelles Celui-ci suspend le "suspect" de ses fonctions au Mont de Piété de Tournai. Coobergher conseille à Sanctorum de rencontrer l'évêque de Tournai afin de faire amende honorable. Maximilien refuse de le rencontrer et fait auditionner des témoins dans le courant du mois de juin. En juillet, Sanctorum est cité à comparaître pour répondre d'accusation en "matière de foi". A cette époque, on remarque que l'évêque n'évoque pas encore les mots de sorcellerie ou de magie. L'accusé répond à cette convocation, une fois encore, l'évêque refuse de le rencontrer. Sommé de le recevoir par l'archevêque de Cambrai à qui Sanctorum s'est adressé, Maximilien accepte enfin l'entrevue à condition que celui-ci se constitue prisonnier dans les prisons épiscopales. En novembre 1639, dans le cadre de ce conflit et suite à l'emprisonnement, l'évêque est cité à comparaître devant l'archevêque de Cambrai, son supérieur.

Le 14 novembre, le promoteur de Tournai en appelle au Saint-Siège, au pape, au nonce apostolique, à l'auditeur général de la nonciature dans les Pays-Bas, afin de justifier l'emprisonnement de Sanctorum. Il déclare que celui-ci est accusé d'avoir soigné publiquement les fièvres en utilisant des remèdes superstitieux et de guérir des maux de dents en introduisant un chalumeau entre les dents et en prononçant des paroles magiques. On n'est plus, cette fois, sur des accusations en "matière de foi", mais bien en matière de pratique de la magie. Maximilien évoque désormais la "correction des mœurs" proclamée par le pape Clément VIII quelques décennies auparavant. Ces accusations ne vont pas convaincre la nonciature qui échange, durant des mois, avec l'évêque de Tournai une abondante correspondance pour obtenir de multiples justifications.

Refusant de se soumettre aux diverses demandes de la nonciature, le promoteur délivre un nouveau décret d'arrestation à charge de Sanctorum justifié, selon lui, par la découverte d'un livre intitulé "Théophile" et d'un crochet de fer au Mont-de-Piété. Cette fois, l'accusation porte sur la sorcellerie. Le 12 juillet, sous un fallacieux prétexte, Sanctorum est convoqué à l'hôtel de l'Etoile. A peine arrivé, des hommes de l'évêque le molestent et l'entraînent dans un cachot du palais épiscopal. Cette action va déclencher une série de violentes réactions. Tout d'abord, de la part du Magistrat de Tournai (juridiction civile) contre les officiers de l'évêque pour avoir appréhendé, sans mandat, un laïc. Loin de se laisser impressionner, Maximilien en appelle au Roi pour protester contre ce décret. Ensuite, c'est l'évêque de Cambrai qui lance un décret contre le promoteur qui a arrêté Sanctorum sans en avoir référer à son autorité. Le 17 juillet, il lance un décret frappant l'évêque de Tournai d'interdit et le promoteur d'excommunication si le prisonnier n'est pas relâché. Loin de s'exécuter, Maximilien, arrogant et bourru, en appelle à Rome et à Bruxelles. Face à cette attitude, le nonce lance un décret menaçant l'évêque de suspension.

La nonciature en appelle même au Conseil Privé de Bruxelles qui dessaisit l'évêque de l'affaire et ordonne le transfert du prisonnier Sanctorum à la prison des Croisiers. Maximilien s'incline enfin ! Le procès peut débuter.

(à suivre)

(sources : "le procès d'Henri Sanctorum, magicien et sorcier, Tournai, 1639-1641" par Marie-Sylvie Dupont-Bouchat, étude parue, en 1982, dans les mémoires de la Société Royale d'Histoire et d'Archéologie de Tournai, tome III).

S.T. janvier 2015.

Tournai : Henri Sanctorum à l'école des sorciers ? (2)

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Tournai n'est pas Poudlard et Henri n'est pas Harry mais... Maximilien, lui, semble être un religieux intégriste!

Le procès.

En août 1640, la réconciliation intervient entre l'évêque Maximilien et le vice-nonce. Le prélat tournaisien reconnait (enfin) l'autorité du Saint-Siège. Dès lors, le vice-nonce Richard Pauli-Stravius l'absout des peines décrétées contre lui, mais aussi contre l'official et le promoteur qui ont également fait soumission. L'affaire est confiée à l'official de Cambrai et au doyen de l'église métropolitaine qui sont nommés juges apostoliques.

C'est donc à Cambrai qu'on va aborder le fond de l'affaire. Parmi les intervenants, le promoteur, est l'homme d'église qui, dans la juridiction ecclésiastique, tient le rôle qu'exerce un procureur du Roi dans une juridiction laïque tandis que l'official est le juge ecclésiastique délégué par l'évêque pour exercer, en son nom, la juridiction. 

Le 3 octobre 1640, l'acte d'accusation est dressé : à charge de Sanctorum, on découvre des accusations contre sa personne qui portent sur son caractère et ses fréquentations, une accusation d'hérésie et de magie en raison des livres qu'il possède et une accusation de sorcellerie suite à la découverte de papiers trouvés dans ses poches lorsqu'il fut jeté en prison par les officiers de l'évêque de Tournai et d'hosties qu'il avait achetées.

Les accusation contre sa personne le décrivent comme un homme "mal vivant, jurant et blasphémant" ayant enlevé sa femme avant son mariage. Tous les témoins interrogés par le promoteur ont décrit, au contraire, un homme d'une réputation de respectabilité. En leur compagnie, il a été cherché sa futur épouse, en tout bien, tout honneur, dans sa famille. Il n'y a jamais eu d'enlèvement, les jeunes gens vivant séparément, dans le respect des convenances, jusqu'à la nuit de noce. En ce qui concerne ses fréquentations, on lui reproche la rencontre avec un prêtre vagabond qui lui aurait consacré des hosties dans le village d'Havinnes, celle avec un soldat italien qui avait une réputation, parmi ses collègues, de devin et celle avec un voleur, nommé "Blanche Tête", qui avait été pendu parce qu'il faisait "commerce avec le diable". Tout cela fut démenti par ses supérieurs hiérarchiques du Mont-de-Piété, par son curé et ses amis religieux (Henri Sanctorum était au mieux avec les Jésuites). Il apparut rapidement que sa réputation était inattaquable.

L'accusation de magie et d'hérésie porte principalement sur la découverte du livre écrit par Théophile de Viau, poète libertin, une œuvre d'un auteur condamné au bannissement en France, un ouvrage que beaucoup de Tournaisiens possèdent à l'époque. On reproche à l'accusé d'avoir aussi commandé d'autres livres suspects mais, selon Sanctorum, ceux-ci n'étaient que des traités de philosophie. L'homme apparait en effet comme un esprit curieux des nouveautés et des débats intellectuels de son temps.

L'accusation de sorcellerie repose uniquement sur les papiers suspects trouvés dans ses poches, sortes de formules magiques à porter par les hommes ou les animaux malades. Ces billets étaient écrits en français, en latin, en italien et en flamand. Il déclare les avoir eu en poche car il s'agissait d'un aide-mémoire pour ses confessions auprès de l'évêque qui l'avait convoqué à l'hôtel de l'Etoile. D'autres étaient des "billets de lombard" (pour rappel, Henri Sanctorum était employé comme prêteur sur gages au Mont-de-Piété) composés de formules pieuses invoquant les saints pour la guérison d'un mal. Ses défenseurs font remarquer qu'à Tournai, les Bénédictins distribuaient, eux aussi, de tels billets pour guérir les fièvres. Concernant les hosties, il fit remarquer qu'il les avait achetées au profit de personnes pauvres qui ne pouvaient se les payer. Ce n'est pas, non plus, parce qu'il avait fait une neuvaine pour une jeune fille malade et que celle-ci avait été guérie qu'on pouvait le suspecter de sorcellerie. Pour ses défenseurs, l'homme avait preuve, au contraire, d'une grande piété, en toutes circonstances.  

L'acte d'accusation se vida de sa substance et le procès n'apporta aucune preuve qu'Henri Sanctorum fut un sorcier ou un mage, aussi les juges délégués par le Pape décidèrent-ils de le relâcher et de l'absoudre.

Conclusions.

Avec le recul de l'Histoire, on peut dire que ce procès n'entacha pas la réputation d'Henri Sanctorum, un homme finalement modeste dont le nom n'est même pas resté dans la mémoire collective tournaisienne mais qu'il dressa une image bien sombre de Maximilien, le 79e évêque du diocèse de Tournai, un prélat incarnant la mentalité de cette époque, celle de l'esprit de la Contre-Réforme, du Concile de Trente, celle d'un souffle nouveau qui voulait restaurer, à tout prix, la "pureté des mœurs" et, surtout, donner à l'Eglise une réputation irréprochable faisant d'elle un bastion du pouvoir.

Ce procès nous fait aussi voir Maximilien comme un prélat imbu de sa personne, ne reconnaissant aucune autorité, ni civile, ni religieuse, un homme uniquement obsédé par un but à atteindre : "laver plus blanc que blanc" ! 

Plus positivement, Maximilien fut aussi l'évêque qui commanda, pour sa cathédrale, deux œuvres au peintre Pierre-Paul Rubens : "Le Triomphe de Judas Machabée" et "La Délivrance des Amesdu Purgatoire", livrées vers 1635 et payées par les deniers des Tournaisiens. Le premier tableau, qui se trouve actuellement dans le musée de Nantes, a été "volé" par les Révolutionnaires français en 1794 lors de leur présence destructrice du patrimoine dans la cité des cinq clochers. La Belgique a déjà introduit, auprès de l'Etat français, de nombreuses demandes de restitution mais celui-ci fait la sourde oreille préférant garder les trésors acquis par le pillage des hommes de Napoléon Bonaparte ou des Révolutionnaires lors de l'occupation de pays ou de régions. Les responsables français vont même jusqu'à évoquer le fallacieux prétexte que la Belgique n'existe que depuis 1830 ce qui, à leurs yeux, est suffisant comme argument pour ne pas restituer des œuvres acquises durant "la période française". Déplorons également l'extrême mollesse dont font preuve nos dirigeants dans ce dossier et, une fois encore, remarquons que pour eux, Tournai n'est pas Bruxelles, ni Anvers ou Liège.

L'évêque Maximilien Villain fut aussi celui qui restaura le château de Wez-Velvain en 1615, un lieu qui sera ensuite occupé par les séminaristes dans le courant de la seconde moitié du XVIIe siècle.

(sources : "Le procès d'Henri Sanctorum, Magicien et Sorcier, Tournai 1639-1641"étude de Marie-Sylvie Dupont-Bouchat, alors Chef de Travaux à l'Université Catholique de Louvain, parue dans le tome III des "Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Tournai" aux pages 33 à 55 - Cet article reprend le thème d'une communication présentée par l'auteur au Congrès de la Société d'Histoire du Droit dans anciens pays picards, flamands et wallons, qui s'est tenu à Tournai en mai 1973. Recherches personnelles en ce qui concerne la reconstitution de la biographie de l'évêque Maximilien Villain).

S.T. janvier 2016.


Tournai : expressions tournaisiennes (345)

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L'cang'mint, ch'est asteur !

Neon, neon, vous pouvez ête rasseurés, mes gins, ch'n'est pos les meots d'ein politicien, si j'vous parle, aujord'hui, d'cang'mint, ch'est pasque j'ai rincontré Edmeond, hier au matin.

"Bé milliards, comarate, au point d'vue local, on va pouvoir warder 2016 dins les annales, pasque, d'ichi à l'fin d'l'ainnée, i-a bin des cosses qui veont canger".

"A commincher pa les sapeurs-pompiers, i-a des casernes qu'on va serrer et les professionnels i-veont ête rapatriés. I-feaut avouer que ceulle déciseon elle n'fait pos qu'des hureux, sais-te, à l'anneonche, dins bramint d'villaches, les gins i-ont eu eine riche pépette. L'zone de secours, ch'est eine nouvelle situation aussi i-areot été nécessaire d'bin soigner l'communicatieon, quanç'qu'on deot présinter aux bourguémettes eine affaire parelle, i-n'feaut surtout pos commincher pa leu parler d'écolomiesd'éthielle. I-a bramint d'gins qui comprenne'tent tout au prumier degré et ainsin i-dise'tent que leu sécurité elle ne va pus ête asseurée. I-a même ein viel heomme d'Jollain que j'ai rincontré, ein jour, à ein intierr'mint qui m'a dit : eh bé, mes amisses, ave moins d'étchelles pou nos pompiers, te peux ête seûr qu'i-ara moinse d'perseonnes qu'on pourra sauver ! Conclusieon d'ceulle affaire : avant d'commincher à parler, ein responsape deot toudis commincher pa busier. I-feaut toudis tourner s'lanque, siept feos dins s'bouque, ch'est pos ave du vénaique qu'on attrape les mouques".

"Bah... tout cha va s'arringer, après i-n'ara pus d'contestatieons, les gins i-seont toudis mécontints quanç'qu'on évoque eine fusieon, cha a été l'même in fotbal, i-a bin eu des conversatieons au momint du mariache du Racine ave l'Unieon".

"Ahais, cha on peut dire que ch'est eine fameusse unieon, l'nouvieau club i-est pratiqu'mint à l'dernière plache in Promotieon et si a, ein jour, deux chints spectateurs pa d'rière les barrières, te vas vir l'binhureux trésorier lancher s'capieau in l'air !".

"Tins, in parlant d'fusieon et ch'nest pos ein pisseon, in avril, l'clinique La Dorcas elle va ête serrée et tout l'personnel su l'site de l'Unieon i-va ête transféré. Ainsin, i-n'va pus avoir qu'ein seul service des Urginces à Tournai et on a précisé ave l'même nombre d'perseonnes qui va ouvrer".

"Bé, cha promet, d'jà que t'attinds, alfeos, près d'eine demi-journée pou ti ête vu pa ein médecin et ête soigné, ichi, si te n'souffères pos de t'panche et que te n'deos pos ête à jeun, avant d'partir, te peux commincher pa rimplir ein cabas ave t'picotin". 

"Ah mais... on l'a dit, ch'est pou faire des écolomies d'éthielle et après i-va avoir tell'mint d'robots qu'on va ruer àl'cour du personnel. L'directieon qui a présinté l'nouvelle clinique, elle a dit que tout alleot ête automatique".

"Te vas rintrer dins eine pièche dusque te vas ête tout seu, eine caméra va t'raviser d'puis tes pieds jusqu'à tes ch'feux. A l'fin d'l'inspectieon, eine veox va dire dins ein micreo  : i-m'sanne que vous ête ein peu queop treop greos mais, rasseurez-vous, i-a pos d'problème, tout est prévu, cha va aller quand même. Là-vas, dins l'feond, vous veyez ein p'tit clavier, allez vous assir et comminchez pa taper vo n'idintité. Surtout n'faites pos d'feautes quanç'que vous écrivez, sineon, ch'est ein eaute qui, à vo plache, va ête opéré. Après, cha va ête eine veox comme l'ceulle d'eine hotesse qui va dire : mettez-vous à vo n'aisse, je n'vas pos ichitinter d'vous séduire, laichez vous tout simplemint indormir. Si jamais te fais de l'résistince, t'as tort, dins l'micreo te vas intinteberler eine veox comme Dark Vador : si vous n'voulez pos de l'méthode hypnotique, alors, on orvient au vieux système, on vous pique. Eine heure après te vas t'réveiller, orcousu, nettié et prêt à ortourner".

"Pourquoi, on n'est pus hospitalisé dins ein cas parel ?".

"Neon, neon, cha coûtereot treop tchierà l'Mutuelle, t'as pos acore compris : écolomies d'étchelle !".

"Et quoisqu'i-veont dev'nir tous les médecins ?

"Bé i-suive'tent d'jà des cours d'informaticien !".

"In puque, pou arriver au service des urgences, ch'est pa l'rue d'Barges que te viens in ambulance et, après l'opératieon, au moumint qu'te sors, ch'est in voiture ou ave les pompes funèbres que te prinds l'rue des Sports".

"Mi j'ai d'jà été ingagé comme pinsieonné, j'vas aller ouvrer eine demi-journée, j'vas accueillir les gins à l'intrée et, dins les kilomètes d'couloirs, j'vas les guider. Pou pouvoir deonner les beonnes indicatieons, cha fait asteur pus d'deux meos que j'sus in formatieon. J'conneos toutes les phrases par cœur, j'les ai répétées à Fifinne pindant des heures : Vous avez du mauà vos orelles, j'vous amène dins l'service ORL. Vous n'savez pus faire pipi, v'nez ave mi au service urologie, au contraire, si cha presse et que ch'est urgint, ortenez-vous, les toilettes i-seont d'l'eaute côté du bâtimint et si ch'est pou ein problème intestinal..."

"I-est beon, i-est beon, j'veos que te conneos t'leçon !".

Et les cang'mints, ch'est pos terminé, on va in parler pindant toute l'ainnée. On dit même que les feimmes elles veont pouvoir aller assister, l'dix-nuef mars, à l'Halle-aux-Draps, au p'tit cabaret. Alors là, si ch'est vrai, ov'là que cait l'dernier bastieon, même l'Cabaret Walleon i-n'respecte pus l'traditieon.

Si a des Tournisiens qui attindent l'cang'mint, ch'est nos brafes agints. Ils seont à l'étreot, ch'est pos eine nouvelle, dins leu commissariat "moderne" de l'rue du Becquerelle. A l'nouvelle ainnée, l'commissaire i-l'a dit : on posera pétête acore ceulle ainnée-chi, l'prumière pierre de leu nouvieau paradis.

In attindant  i-continuent à printe cha ave philosophie et, in saut'lant su plache, i- cantentinsanne toutes les nuits :

"Ah c'qu'on est serré au feond de ceulle boîte, cantent les sardines, cantent les sardines"...

(lexique : l'cang'mint, ch'est asteur : le changement, c'est maintenant / aujord'hui : aujourd'hui / warder : garder / les cosses : les choses / canger : changer / commincher : commencer / serrer : fermer / ceulle : cette / eine anneonche : une annonce / bramint : beaucoup / l'villache : le village / avoir eine riche pépette : avoir sacrément peur / bin : bien / quanç'que : lorsque / les bourguémettes : les bourgmestres (en Belgique), les maires (en France) / des écolomies d'éthielle : des économies d'échelle / ein intierr'mint : un enterrement, des funérailles / eine étchelle : autre mot pour échelle / ête seûr : être sûr / busier : réfléchir / toudis : toujours / l'lanque : la langue / l'feos : la fois / l'bouque : la bouche / l'vénaique : le vinaigre / les mouques : les mouches / toudis : toujours / l'mariache : le mariage / ahais : oui / pa d'rière : derrière / vir : voir / l'binhureux : bienheureux / lancher s'capieau in l'air : lancer son chapeau en l'air (pour montrer sa joie) / l'pisseon : le poisson / ainsin : ainsi / ouvrer : travailler / alfeos : parfois / si te souffères : si tu souffres / l'panche : le ventre / ein cabas : un sac à provision / ruer à l'cour : jeter dehors / eine pièche dusque te vas êtes tout seu : une pièce où (dans laquelle) tu vas être tout seul / raviser : regarder / eine veox : une voix / sanner : sembler / ein p'tit queop treop gros : littéralement un petit coup trop gros, un peu trop gros / là-vas : là-bas / vous veyez : vous voyez / s'assir : s'asseoir / à vo plache : à votre place / mettez-vous à vo n'aisse : mettez-vous à l'aise, détendez-vous / ichi : ici / tinter : tenter / laicher : laisser / intinte berler : entendre hurler / orvenir : revenir / orcousu : recousu / nettié : nettoyé / ortourner : retourner / parel : pareil / tchier ou tcher : cher / in puque : de plus / l'moumint ou l'momint : le moment / avoir du mau : avoir mal / ortenez-vous : retenez-vous / ov'là : voilà / caire : tomber / brafes : braves / ête à l'étreot : être à l'étroit / pétête : peut-être / saut'ler su plache : sauter sur place / canter insanne : chanter ensemble).

S.T. janvier 2016.      

Tournai : la lente évolution de la rue de la Tête d'Or.

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Introduction.

La rubrique " la lente évolution de la rue..." tente à prouver que le visage qu'offre une cité se modifie sans cesse, qu'il est loin d'être figé. La structure d'une agglomération évolue au gré des siècles, des modes et des nécessités économiques. Il y a cependant une distinction à faire entre les villes dites "modernes", nées au cours de ces derniers siècles dans la foulée de l'apparition de nouvelles industries (textiles, minières, sidérurgiques) et les villes à caractère "historique" apparues, il y a parfois, un ou deux millénaires. Ces dernières ont souvent la chance de posséder un riche patrimoine immobilier qu'il y a lieu de protéger pour les générations futures. Dans chaque quartier, dans chaque rue, on peut y découvrir un élément, témoin de notre passé, de notre Histoire.

Une association telle l'asbl "Pasquier Grenier" plaide depuis des décennies pour la conservation et la restauration d'éléments architecturaux d'une valeur, pas seulement sentimentale mais surtout historique. Au sein de la ville de Tournai, elle a mené de nombreux combats, certains ont été gagnés, d'autres perdus. Elle doit souvent s'opposer à la voracité de promoteurs qui n'hésitent pas à détruire un monument ancien pour y construire du neuf dans un but uniquement financier. La sauvegarde du patrimoine local est un combat honorable. En examinant l'évolution de la rue de la Tête d'Or, on rencontrera un de ces lieux qui ont disparu sous la pioche des démolisseurs.

Les origines.

Située sur l'axe de circulation qui relie le beffroi à l'église Saint-Brice (une des deux traversées Nord-Sud les plus directes de la cité des cinq clochers), la rue de la Tête d'Or présente un caractère pentu. Selon le dénommé Messire de Doignon, "en 1811, on en baissa le sol à tel point que plusieurs maisons faillirent s'effondrer". Primitivement, cette rue portait le nom de rue Capon. ce nom apparaît dans l'acte de vente d'une maison en l'an 1300. Le mot capon étant probablement une variation de "chapon", le lieu étant alors occupé par des rôtisseries.

Rapidement son surnom de rue de la "Teste d'Or" prendra le pas. Il fait référence à celui d'une hôtellerie située à l'emplacement de l'avant-dernière maison située à gauche en montant (terrain occupé aujourd'hui par le parking du Carrefour Market). Celle-ci avait accueilli de nombreux nobles au XIVe et XVe siècle.

Les siècles passent.

L'hôtel de la Tête d'Or sera remplacé à la fin du XVIe siècle par "l'hôtel du Singe d'Or". Celui-ci est situé en bas de la rue, sur la droite, aux numéros 5 et 7, à l'emplacement de l'actuel dancing "Les Arcades". De l'autre côté de la rue, on trouvait, l'hôtel Lefebvre, construit sur des plans de l'architecte Bruno Renard. A côté de celui-ci, au n° 22, un immeuble à l'enseigne "la Tête américaine" appartenait à la famille Wicart, négociants en tabac (voir l'article que nous avons consacré à cette famille).

Jusqu'au moment de la seconde guerre mondiale, la rue de la Tête d'Or ne se trouvait pas dans le prolongement de la rue de la Wallonie et ne permettait pas de rejoindre directement le beffroi, comme c'est le cas désormais. Au sommet de celle-ci, on empruntait, à droite, la rue de Paris pour rejoindre la rue des Chapeliers ou, à gauche, la rue Garnier pour rejoindre la place du Parc (actuelle place Reine Astrid).

Lors des bombardements de mai 1940, toute la partie de gauche, en montant la rue, où se trouvaient les services de l'Assistance publique (ancêtre du centre Public d'Aide Sociale) a été rasée. L'autre partie de la rue n'a pas été touchée et le magasin de vêtements "A la Vierge Noire" surmonté de son dôme (origine du nom du carrefour qui se trouve au bas de la rue de la tête d'Or) se dressait toujours fièrement parmi les ruines.

De 1950 à nos jours.

Cette période de soixante-cinq années a vu bien des changements au sein de la rue de la Tête d'Or. A la fin des années cinquante, les magasins "A la Vierge Noire" ont fermé leurs portes et ont été remplacés par la moyenne surface "Unic". Le rez-de-chaussée a ensuite abrité un magasin spécialisé en téléphonie et l'étage, le service des Finances. Au départ de celui-ci, cette partie de l'immeuble a été transformée en salle de fitness.

Le 28 décembre 1962, sur les anciens terrains de l'institut Saint-Luc, on inaugurait le "1961 Tournai Grand Bazar travaux (2).jpgGrand Bazar", premier supermarché tournaisien qui attirera, de ce fait, une importante clientèle signant également la mort des magasins emblématiques "Unic" et "Sarma" situés à proximité. La photo de droite montre les travaux de construction en 1961, en face on aperçoit le bâtiment de la RTT.

On raconte que le propriétaire de l'immeuble situé à l'angle de la rue de la Tête d'Or et du Vieux Marché au Beurre avait refusé l'offre de reprise qui lui avait été faite par les responsables du grand magasin souhaitant ainsi avoir une meilleure visibilité, dès l'arrivée des clients par la rue de la Wallonie. Cet immeuble, sans étage, abritait alors une lustrerie. Après quelques transformations intérieures, il fut ensuite occupé par le magasin de vêtements "Marvan".  La photo de gauche représente l'inauguration de la rue de la Wallonie en septembre 1951, on peut y voir, derrière la foule, à droite, (sous le drapeau) la lustrerie. Aujourd'hui, ce bâtiment sans aucun cachet architectural a été démoli et depuis quelques 1951.09 Tournai inaug. rue Wallonie.jpgannées s'élève, à la place, une résidence avec une pharmacie et un centre de bronzage au rez-de-chaussée.

La saga du Singe d'Or !

La partie de droite de la rue de la Tête d'Or, entre le magasin faisant angle de la rue Gallait et celui situé au coin de la rue de Paris, appartenait à la Régie des Téléphones et Télégraphes. On y trouvait trois bâtiments : le bâtiment principal qui abritait le central téléphonique mais aussi la sortie arrière du bureau principal de la Poste situé à la rue des Chapeliers et deux maisons occupées encore au XIXe siècle par l'Hôtel du Singe d'Or.

Ces deux immeubles sont acquis le 29 mai 1979 par le même promoteur qui avait été à la base de la démolition de l'ancien relais de poste de la rue de la Madeleine afin d'y construire une résidence sans véritable cachet architectural : un banal cube de béton et de briques comme on en voit dans toutes les villes, sur lequel sont apposées des pierres venues de France et qui n'ont rien à envier à la pierre bleue de Tournai. A la rue de la Tête d'Or, son projet est d'installer une galerie commerciale au rez-de-chaussée et des appartements aux étages, en assurant la restauration de la façade classée mais en démolissant la maison à la façade de style néo-classique non classée. Là aussi, dans cette construction, la pierre de France serait utilisée.

Malgré les protestations de l'AREE, de la fondation Pasquier Grenier, du CESAR et de la Société Royale d'Histoire et d'Archéologie, malgré les pétitions et émissions communautaires sur No Télé, le promoteur, installe, devant les protestataires et les caméras, des palissades et une grue alors que l'enquête est en cours et que le permis de bâtir n'est pas encore "officiellement" accordé. Il faut dire que l'homme au franc-parler, totalement allergique au dialogue, a un atout de poids dans sa manche, le soutien inconditionnel du bourgmestre Raoul Van Spitael qui préférait de loin le neuf à l'ancien et qui se rangea toujours à ses côtés pour démolir des témoignages immobiliers relatifs à notre passé (cfr : immeuble de Cordes à la place Paul Emile Janson).

Ainsi s'éleva la galerie "Les Arcades" qui abrite depuis lors une galerie commerciale en forme d'impasse, un dancing au sous-sol où une clientèle nostalgique des années soixante et septante vient danser, les dimanches après-midi, aux sons des platines du D.J. Jonathan Gray et des appartements de standing à l'étage. Finalement, les Tournaisiens se sont habitués et les nouvelles générations ne peuvent imaginer le style de bâtiment qui s'y élevait jadis.

Tout n'est pas argent à la Tête d'Or.

Entre le désormais magasin "Carrefour Market" et... le carrefour du Dôme, comme un peu partout en ville, les immeubles commerciaux changent souvent de propriétaire et de destination. On y a connu le café du "Singe d'Or", rappelant le souvenir de l'hôtel qui se trouvait en face, devenu, il y a quelques années, le "Pink Bar", un café à remettre depuis des mois. On a connu au n° 6, le magasin de "meubles De Sutter" et, presque voisin, le magasin d'articles pour enfants, "Bébérêve" tenu par Gaston Wuylens, deux maisons ayant pignon sur rue à Tournai qui fermèrent définitivement au moment de la retraite de leurs propriétaires, mais aussi le "Pick-Wick Bar", le "café du Dôme", des agences d'interim, des magasins de seconde main, des commerces qui durent ce que durent les roses, l'espace d'un instant !

(sources : "Tournai, Ancien et Moderne" d'A.F. J. Bozière - "Tournai perdu, Tournai gagné", ouvrage publié par l'asbl Pasquier Grenier - "Tournai sous les bombes" d'Yvon Gahide, la presse locale dont le Courrier de l'Escaut pour la photo concernant le Grand Bazar et recherches personnelles.  La photo concernant l'inauguration de la rue de la Wallonie m'a été transmise par Melle J. Driesens que je remercie particulièrement pour son soutien au présent blog).

Tournai : expressions tournaisiennes (346)

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Eine saprée gazette.

Je m'deminde alfeos pourquoi j'acateacore l'journal et que j'ravisetoudis No Télé. I-m'suffit simplemint d'aller chez Edmeond et Fifinne pou mi ête au courant de l'actualité d'no cité.

Edmeond i-sait toudis d'tout pasqu'i-fourre s'nez partout.

"I-n'a qu'cha à faire tout au leong de l'sémaine", ces meots ch'est pos d'mi, ch'est de s'feimme.

Adeon, mercredi, j'ai été, dins l'appartemint du quai Dumon, pou m'informer in acoutant Radio-Edmeond, l'seule radio qui n'fout pos d'cacoules et qui est au courant d'toutes les imbroules.

Dins in coin de l'pièche Fifinne aveot comminchéà tricoter.

"Alors, Edmeond, quoisqu'on dit dins les milieux autorisés ?".

"Mo... bé, j'd'ai acore appris des vertes et des pos mûres, on va ichi boire ein p'tit godet et j'vas tout t'raqueonter. Holà, feimme, laiche ein instant tes boules de laine, viens nous servir ein beon verre et surtout n'fais pos d'lisière".

"I-s'a passé bin des cosses d'puis l'début d'l'ainnée et cha n'fait même pos ein meos qu'elle a qu'minché. I-a eu l'accidint d'no bourguémette qui a gliché su eine marche et qui i-a cait d'tout son leong sous l'drache. i-a fallu l'transporter au CHWApi, sur le site de l'Dorcas, pou l'opérer in urgince in héaut de s'bras. Si-i-aveot attindu treos meos d'puque pou faire s'cascade mayorale, i-areot inauguré du queop, su l'site Unieon, l'tout nouvieau hôpital. A Marche-les Dames, i-a l'rocher fatal, asteurà Tournai, i-a l'escalier bancal. Aussi, quanç'que j'deos aller à no maseon communale, pou assister, l'lindi, au consel communal, j'passe pas l'inclos Saint-Martin, j'rinte pa l'porte in face du musée, là-vas, ch'est tout à plats pieds".

"On dit : ch'est d'plain-pied, ti, t'as bin de l'sanche de n'pos ête intindue pa Mamzelle Jacqueline. Elle lit m'blog presque tous les jours après l'souper et m'invoie ein mail quanç'qu'elle trouèfe eine feaute d'français. A propeos, mi, aussi, j'alleos souvint au concel communal et j'ai wardé l'ramivrance d'soirées pos banales, au moinse là, ch'est ein indreot dusque j'ai toudis eu du lari et, c'qui n'gâche rien, ch'est ein spectaque total'mint gratuit. Après les orprésintatieons de tous ces lascars, l'public devreot pouvoir attribuer des Césars, après tout, Polo et Ludivine i-ont d'jà bin, eusses deux, orchu ein... bieau p'tit Oscar. Eine feos qu'les treos queops i-ont été frappés, t'es parti pou treos heures rimplies d'bénaiss'té. A la fin, on a invie d'batte des mains pou applaudir ces merveilleux comédiens. I-in a qui orwettent les dossiers, d'eautes qui ravisent leu télépheone, i-in a qui seont toudis prêts à esploser, d'eautes qui vienne'tent là pou piquer ein somme, i-in a qui feont risette sans arrêt, d'eautes in train d'inveyer des textos ave leu i-phone, i-in a qui s'mettent à lire leu courrier, d'eautes qui sannent n'vir perseonne, i-in a qui seont prêts à bondir comme des mourdreux et d'eautes qui s'foutent alfeos dins des raches bleues.." ".

"Beon, continueons, si te m'arrêtes toudis pou des carabistoules, j'vas perte l'fil d'mes idées"

"D'jà qu'i-n'est pos fort solide, l'fil" qu'elle à dit Fifinne in arrêtant l'cliquetis d'ses aiwilles.

"J'ai été vir les travéaux d'démolitieon de l'incien bâtimint du Courrier de l'Escaut. Cha fait pus d'trinte ans asteur que j'sus abonné au journal. J'te jure que cha n's'a pos fait sans mal, les ouverriers i-ont décoper cha à l'méthode chirurgicale. Asteur, d'puis l'rue d'l'Hôpital, on veot, in intier, l'nef de l'cathédrale. Ch'est vraimint pos banal !".

"On a présinté, dernièr'mint, dins l'salon d'la Reine de l'Hôtel de Ville, l'projet d'élargiss'mint d'l'Esqueaut dins l'traversée d'no ville. L'populatieon tournisienne elle a été invitée à rincontrer d'véritapes espécialisses, des technocrates qui ont phosporé bin lommint pou dessiner les esquisses. Aux ceusses qui aveot'ent espéré ein débat, on leu a répeondu : i-a pos d'cang'mint, ch'est comme cha ! Adeon, on va garchenner l'mitan du quai Saint-Brice comme on a pu l'voir su l'plan présinté pa ces jocrisses".

"D'jà avant l'prochain hiver, on va qu'mincher à ouvrer au quai Taille-Pierre, i-paraît que ch'est la halte nautique qui va ête touchée l'prumière".

"Comme après on va commincher l'nouvieau Pont-à-Pont alors qu'on s'ra in train d'rénover l'plache du Becquerelle et l'quai Dumon, si te ouèfes in ville, quanç'que t'aras fini l'ouvrache, i-ara bin des déviatieons pou ti orjointe t'maseon".  

"Cha n'va pos d'treop su l'plan local et cha n'va pos mieux au national. No traditieons on peut les oblier, i-feaut canger no calinderrier. Pou éviter d'choquer certaines perseonnes, on est forché d'saquer no mareonne. Ainsin, t'as vu qu'on n'parle pus de l'Cand'leur, ch'est app'lé, l'journée nationale des crêpes, asteur. Béteôt, l'fiête de Pâques, cha s'ra l'journée nationale des oués, l'prumier mai, l'journée nationale du muguet, l'Toussaint, l'journée locale des waufes au chuque. Pus questieon, neon pus, d'parler, même à veox basse, du lindi parjuré, cha s'ra l'journée locale du lapin cuit ave des preones et des rogins. Même l'fiête de l'Noë, elle s'ra foutu à l'huche, à l'plache, cha s'ra l'journée nationale des buches. Dis hardimint, on fait bin des concessieons à les ceusses qui pinses autermint". 

Et ch'est ainsin que j'participe à tous les émissieons diffusées l'mercredi après-deîner pa Radio-Edmeond.

Comme i-répète toudis, ceul annochint, i-veaut mieux dire tout cha que d'dire du mal de s'visin.

(lexique : sapré : sacré / alfeos : parfois / acater : acheter / acore : encore / toudis : toujours / pasque : parce que / adeon : donc / acouter : écouter / foute des cacoucles : raconter des mensonges / des imbroules : des embrouilles / l'pièche : la pièce / commincher : commencer / laicher : laisser / des cosses : des choses / qu'mincher : autre mot pour commencer  / no bourguémette : notre bourgmestre (le maire en France) / glicher : glisser / caire : tomber / leong : long / d'puque : de plus / du queop : du coup / asteur : maintenant / quanç'que : lorsque / l'maseon : la maison / l'inclos : l'enclos / rintrer : rentrer, entrer / là-vas : là-bas / l'sanche : la chance / mamzelle : mademoiselle / elle trouèfe : elle trouve / warder l'raminvrance : conserver le souvenir / ein indreot : un endroit / avoir du lari : avoir du plaisir / ein spectaque : un spectacle / les orprésintatieons : les représentations / eusses : eux / orchevoir : recevoir / l'bénaiss'té : la joie / batte : battre / orwettier : regarder / raviser : regarder / faire risette : sourire (s'utilise surtout pour les enfants) / inveyer : envoyer / sanner : sembler / des mourdreux : des grincheux / eine rache : une rage / des carabistoules : des carabistouilles, des bêtises / les aiwilles : les aiguilles / les ouverriers : les ouvriers / décoper : découper / l'Esqueaut : l'Escaut (le fleuve qui traverse Tournai) / des espécialisses : des spécialistes / lommint : longtemps / aux ceusses : à ceux / l'cang'mint : le changement / ouvrer : travailler / te ouèfes : tu travailles / l'ouvrache : l'ouvrage, le travail / orjointe : rejoindre / oblier : oublier / canger : changer / l'calinderrier : le calendrier / saquer s'mareonne : retirer (baisser) son pantalon / l'Cand'leur : la Chandeleur / béteôt : bientôt / les oués : les œufs / les waufes au chuque : les gaufres au sucre (tradition de la Toussaint à Tournai) / l'veox : la voix / les preones et les rogins : les prunes et les raisins / l'fiête de Noë : la fête de Noël / foute à l'huche : mettre dehors, jeter dehors / à l'plache : à la place / après-deîner : après-midi / l'annochint : l'innocent / l'visin : le voisin).

S.T. Janvier 2016   

 

Tournai : une cité qui mérite plus de visibilité et même plus de respect !

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On ne prête qu'aux "riches"dit-on !

A la fin du siècle dernier, les gens qui nous gouvernent ont souhaité élever une ville au titre de "Capitale culturelle du Hainaut". La ville de Tournai avait espéré hériter de cette dénomination. Le choix des décideurs s'est porté sur Mons, chef-lieu de province. Rien de surprenant, dans les milieux politiques, le mot cumul des titres, fonctions ou mandats est d'une telle banalité que cela n'a choqué personne... et puis, la cité des cinq clochers, depuis la disparition de René Lefebvre, n'avait plus jamais eu un ministre pour la soutenir ou la défendre au niveau des différents niveaux de pouvoir.  

On sait depuis longtemps que la politique wallonne ne jure que par quatre grandes villes : Liège, Namur, Charleroi et Mons, ces cités ont trop tendance à se partager la gestion de toute la région wallonne, malheureusement, en se servant largement au passage. Les autres régions sont considérées par elles de la même façon, qu'en France, Paris snobe tout ce qui est provincial. Pour certains lecteurs, les termes utilisés vont, peut-être, paraître outranciers et pourtant, même les médias nationaux, la RTBf et surtout RTL-TVI en tête, ignorent le plus souvent l'existence de Tournai et leurs reporters n'envahissent nos rues que pour un fait délictuel très grave, une catastrophe ou pour dresser le portrait de Dodo la Saumure, une "réputation" dont on se serait bien passé ! 

Les arguments qui plaidaient en faveur de la ville.

Son riche patrimoine immobilier, témoin de l'Histoire :

La cathédrale Notre-Dame aux cinq clochers du XIIe siècle, mêlant style roman et gothique et possédant 2005 Tournai la Halle-aux-Draps.JPGun Trésor d'une grande richesse culturelle, ses nombreuses églises dont les plus anciennes datent des XIIe et XIIIe siècle (arguments probablement trop catho pour la mentalité qui prévalait), un beffroi de la même époque, rénové voici une vingtaine d'années, une Halle-aux-Draps du XVIIe siècle également restaurée, un Pont desTrous de la fin du XIIe et début du XIIIe siècle, une des dernières portes d'eau existant en Europe du Nord, la tour Henri VIII, toujours dans l'attente de rénovation tout comme les tours Marvis, vestiges de la dernière enceinte de Tournai mais aussi le Fort Rouge, la Tour Saint-Georges, la Tour de la Loucherie, la Tour du Cygne, les souterrains de la citadelle construite sous Louis XIV par de Mesgrigny sur des plans de Vauban, le Mont-de-Piété, le séminaire de Choiseul, l'Hôtel de Ville érigéà l'emplacement de la puissante abbaye de Saint-Martin, les maisons "art nouveau", dont la plupart sont situées dans le quartier de la gare et les maisons romanes du quartier Saint-Brice et les maisons gothiques de la rue des Jésuite.2006 Tournai St Brice maisons romanes (1).JPG

 

Son passé prestigieux :

Ville près de deux fois millénaire, Tournai est parfois appelée, le "berceau de la France" car Clovis, fils de Childéric 1er, y est né et y a vécu avant de rejoindre Paris (Lutèce) pour poser les fondations de la France. La cité royale peut s'enorgueillir d'avoir accueilli les plus illustres personnages de l'Histoire : Philippe-Auguste, Saint-Louis (Louis IX), Henri VIII d'Angleterre, Charles-Quint, Louis XIV... entre autres.

Parmi les documents les plus anciens retrouvés et conservés à Tournai figure notamment la "Messe de Tournai" la plus ancienne messe polyphonique qui soit parvenue jusqu'à nous, elle est reprise sur un document anonyme datant du début du XIVe siècle.

Ses enfants célèbres :

2006 Tournai statue de Louis Gallait.JPGDu peintre Rogier de le Pasture (Van der Weyden) né à Tournai en 1399 à l'actuel2005 Tournai monument Rogier de la Pasture.JPG humoriste Bruno Coppens, Tournai a vu naître, entre autres, le peintre primitif flamand Jacques Daret en 1404, le célèbre tapissier Pasquier Grenier en 1447, l'homme politique Barthélémy Dumortier, fondateur du Courrier de l'Escaut (le plus vieux journal de Belgique), impliqué dans la Révolution de 1830 et parlementaire né en 1797, le peintre romantique Louis Gallait né en 1810, le sculpteur Guillaume Charlier né en 1854, le poète symbolique et romancier GeorgesRodenbach, né en 1855, le baryton à l'Opéra de Paris, Jean Noté, né en 1858, le sculpteur Georges Grard, né en 1901, le sculpteur, peintre, graveur et céramiste Pierre Caille, né en 1911, le romancier, auteur de Bob Morane, Henri Verne, né à Ath en 1918 mais qui a vécu à Tournai pendant sa jeunesse et de nombreux auteurs qui ont donné à son patois ses lettres de noblesse (Delmée, Walter Ravez, Adolphe Prayez, Lucien Jardez, Albert Coens, EloiBaudimont). 

Ses musées :

la ville compte huit musées réputés :

le musée des Beaux-Arts, dont le bâtiment est l'œuvre de l'architecte Victor Horta. Il abrite des œuvres provenant en grande partie du legs d'Henri Van Cutsem et du fonds Gallait signées Edouard Manet, Claude Monet, Louis Gallait, Seurat, James Ensor, Pierre-Paul Rubens, Rogier de le Pasture, Pieter Brueghel le jeune, Jacob Jordaens, Léonce Legendre, Jules Bastien-Lepage, Georges Grard, Charlier, Piat Sauvage, Eliane de Meuse, Vincent Van Gogh (dessins), Delacroix, Van der Stappen, Roméo Dumoulin ou encore Jan Gossaert.

Le Musée militaire où on retrouve des collections d'armes et d'uniformes datant de la bataille de Fontenoy, du premier et du second conflit mondial et une pièce entière dédiée à la résistance.

Le Musée de Folklore dans lequel des personnages, mis en scène, présentent objets d'antan et traditions tournaisiennes, mais aussi le plan en relief de la ville de Tournai.

Le Musée d'Histoire Naturelle et son vivarium, un des plus anciens de Belgique.

Le Musée de la Tapisserie et des Arts du Tissu, Tournai étant jadis un lieu réputé pour sa tapisserie de haute lisse.

Le Musée des Arts de la table et décoratifs, où on retrouve notamment des porcelaines issues des ateliers qui firent la réputation de Tournai au sein des cours européennes.

Le Musée d'Histoire et d'Archéologie qui présente une très importante collection d'objets trouvés lors des nombreuses fouilles effectuées, à différentes époques, dans la ville. On peut notamment y voir un sarcophage bien conservé de l'époque gallo-romaine.

Le Musée de la Marionnette de la Communauté Wallonie-Bruxelles et son Créa-Théâtre présentent des marionnettes du monde entier.

Ses industries qui sont ou furent connues bien au-delà de nos frontières :

L'imprimerie Casterman, éditrice des aventures de Tintin, de Martine, de Quick et Flupke  qui remporta aussi, au travers de ses auteurs, de nombreux prix au festival BD d'Angoulême.

L'imprimerie Desclée-de Brauwer, éditrice de livres religieux et profanes.

Les entreprises Dufour spécialisées dans le levage, le transport, la manutention, la récolte des déchets... intervenant lors de travaux délicats ou de précisions en Belgique et à l'étranger.

Les actuelles éditions Wapica soucieuses de présenter le patrimoine tournaisien dans le plus bel écrin.

La biscuiterie Desobry, les nombreuses brasseries (la "Tournay", la "Saint-Martin"...), la fabrique de "Ballons deTournai", la maison Marquette spécialiste de la gaufre "Succès du Jour", la chaudronnerie lourde de chez Meura ou Carton ayant livré du matériel sur les cinq continents, les filatures Philippart et Wattiez, la fabrique de courroies Colmant et Cuvelier... des nom connus, un peu partout, comme l'étaient jadis la fabrique de Porcelaine ou la Manufacture Royale deTapis

Tournai est une ville fréquentée chaque jour par des milliers d'élèves et d'étudiants parmi lesquels un grand nombre de jeunes Français, de la maternelle aux hautes écoles en passant par l'enseignement spécialisé. 

Le "Culturel" et "l'Evènementiel".

Dans les années cinquante et soixante, il n'était pas rare d'entendre les Tournaisiens se plaindre du peu de distractions offertes par la cité des cinq clochers : "Tournai, ville d'art, ville en retard" entendait-on souvent. Quelques garçons et filles noyant leur oisiveté sur les banquettes du café "Le Moderne"à la rue de l'Yser tinrent même des propos qui traduisaient l'attente de la jeunesse, lors d'un rare reportage de la RTB sur la ville. Il est vrai que la majorité au pouvoir d'alors consacrait son énergie uniquement à la reconstruction d'une ville dont le centre avait été détruit par les bombardements de 1940 et 1944.

Tout a bien changé. Tout au long d'une année, les évènements culturels ou festifs se succèdent :

En janvier, on fête le "Lundi Perdu" en famille ou au restaurant, on se rend au salon "Bâtirama". Le cinéma Imagix est le lieu de rencontre des amateurs du "RamDam Festival", le festival du film qui dérange, les amoureux du patois se retrouvent en la Halle-aux-Draps pour les "Petits Cabarets" de la Royale Compagnie du Cabaret Wallon Tournaisien.

En Février, les meilleurs musiciens mondiaux envahissent la Maison de la Culture pour le "TournaiJazz Festival", Tournai-Expo abrite le salon "Déco et Jardins", le week-end du Laetare, c'est le "Carnaval de Tournai", avec son grand rassemblement en ville précédé par la Nuit des Intrigues.

En mars, le "Bistrot Tournaisien" convie ses inconditionnels à son spectacle patoisant et, tous les deux ans, Tournai devient la capitale mondiale des arts circassiens pour amateurs avec "LaPiste aux Espoirs".

En avril, ce sont "LesFilles, Celles picardes" qui donnent rendez-vous aux Tournaisiens et le "Festival européen des Quatuors à cordes" régale les mélomanes en invitant des musiciens venus des quatre coins de l'Europe.

En mai, le parking de l'Esplanade de l'Europe est envahi par la "Foire aux manèges" tandis que le quartier Saint-Pierre résonne aux accents du piano à bretelle pour la soirée "L'Accordéon, Moi j'aime".

En juillet, jeux pour enfants, stars de la chanson et orchestres animent la journée de la Fête nationale. En août, le hall de Tournai-Expo accueille les "Salon des Antiquités et belle Brocante".

En septembre, "la Kermesse" s'installe sur l'esplanade du Conseil de l'Europe tandis que le "Cortège desgéants" sillonne les rues de Tournai tout comme la grande "Procession historique" le fait depuis plus de 900 ans. La "Braderie" amène dans les rues bonimenteurs et amateurs de bonnes affaires. A la Halle-aux-Draps se déroule le "Tournoi de Jeu de fer", un tradition bien régionale, tandis que sous le chapiteau de la plaine des Manœuvres, un autre jeu tournaisien typique "le Jeu de Boule carréaulé" attire de nombreux spectateurs

En octobre, c'est le festival "Découvertes, Images et Marionnettes", c'est aussi le "Grand Cabaret et laRevue" de la Royale Compagnie du Cabaret Wallon Tournaisien et c'est encore "la Halle gourmande", le salon de la gastronomie des Amis de Tournai qui se tient en la Halle-aux-Draps. 

En novembre, la Maison de la Culture convie ses spectateurs au "Tour de Chauffe Festival" ouvert aux groupes musicaux de l'Eurométropole et, quelques jours plus tard, s'ouvre le "Next Festival", le rendez-vous des créations théâtrales en collaboration avec les villes de Valenciennes, Lille et Kortrijk. A la Halle-aux-Draps se déroulent les salons "Tournai, la Page", le rendez-vous des maisons d'édition et des auteurs et ensuite "Tournai-Toys", le salon du jouet.   

Décembre nous ramène les "Marchés de Noël", les illuminations des rues, le traditionnel "Gospel for Life" en l'église Saint-Jacques et le grand "Concert Viennois" de la Confrérie des Cinq clochers à la Maison de la Culture.

Durant la saison d'hiver, la "Chapelle Musicale de Tournai" comble les mélomanes grâce à une série de concerts qui accueillent les plus grands noms de la musique classique belge et étrangère.

Ajoutons à cela la programmation éclectique de la "Maison de la Culture" amenant les plus grands comédiens, les artistes de la chanson en tournée et les humoristes, les rendez-vous de la salle "La Fenêtre", de "la Petite Fabriek", de la "Guelière" ou du "Watermoulin". Rappelons les cycles de conférences de "l'Université du Temps disponible", d'Exploration du  Monde, de "Connaissance et Vie d'Aujourd'hui" ou des "Conférences-Santé".

la ville de Tournai organise également la "Triennale des Arts du tissu".

Avant que les intégristes de Gaïa ne viennent s'immiscer dans le monde du cirque et détruire le rêve de milliers d'enfants, Tournai fut visité par les plus grands cirques de Médranoà l'Américan Circus en passant par Althoff, le Grand Cirque de France, le cirque de Moscou, Jean Richard, Toni Boltini, Pinder, Bouglione... actuellement seul Alexandre Bouglione reste fidèle à la cité des cinq clochers car il ne présente plus d'animaux.

Tout au long d'une année, il y a des centaines d'événements au programme, peut-on, dès lors, encore dire que Tournai est une ville morte ? On ne prête qu'aux riches, disais-je en titre, Tournai a sans doute était considérée par certains qui n'y sont jamais venus comme une pauvre ville de province aux confins de la Flandre et de la France, aux habitants tristes et au paysage désolé. Il est temps de redorer son blason et d'attirer ce qui ignorent encore que cette ville vit, que son cœur palpite et qu'elle a tant à offrir à ceux qui veulent la découvrir.  

Voilà un article au ton un peu "chauvin" mais quand on aime sa ville natale, aucun argument n'est outrancier pour la défendre.

(S.T. janvier 2016).

Tournai : expressions tournaisiennes (347)

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Conversatieons de seots à l'tape d'ein bistreot !

"Hé, te viens boire eine pinte ave mi l'Optimisse",

 Ov'là c'que j'ai intindu, jeudi, dins l'rue Catrice. J'aveos orconnu l'veox dins d'mes inciens amisses.

"Cha fait d'z'ainnées, quoisque te fous ichi, l'Optimisse ?".

"Bé j'vas à Saint-Brice, printe l'bus, au pied d'l'églisse !".

"Normal'mint i-deot arriver à ving-six".

"Du queop, on a l'temps d'aller chiffler eine Trapisse !".

Maurice i-s'a laichécaire su eine vielle banquette et i-a comminché à débabeiner s'capl'let.

"J'viens jusse d'aller querre des liardsà l'banque su l'quai pasque l'sémaine qui vient on va orsaquer les pavés, i-veont orfaire l'plache du Becquerelle et l'quai Dumeon, aussi j'préfère bin mieux avoir m'n'argint à m'maseon".

"I-n'a pos d'dinger, va, tes liards, on n'va pos t'les voler, les bindits, in auteo, i-n'sareot'ent quand même pos passer".

"Neon, on va pidouler dins l'bédoule quanç'que l'pluèfe elle va caire et quançqu'l'temps i-s'mettra au sec on ming'ra de l'poussière. Pou mi ête informé j'n'acoute pus l'météo, j'orwette les dicteons et j'sais si i-f'ra bieau et quieaud".

Acoute me bin :

Quand l'pluèfe cait à l'Saint-Aubin (1er mars) te n'as ni palle, ni grain.

A l'Saint-Gauthier (9 avril) si mars i-a fait l'été, avril i-met s'pal'teot.

Si l'pluèfe elle cait à l'Saint-Bernardin (10 mai) te f'ras eine ainnée sans vin mais si l'solel i-luit à l'Saint-Germain (21 mais) t'aras du beon vin.

"Tout cha ch'est des cacoules d'innochint d'Bornibus comme diseot m'gramère, à tes dicteons te peux leu faire dire tout ou bin l'contraire".

Acoute me aussi :

A l'Sainte-Véronique (l'quate d'féverrier) fais bin attintieon à tes romatiques.

A l'Sainte-Yvette (l'treize de janvier), i-n'veaut mieux pos moutrer tes tettes et ch'est vrai aussi l'vingt du meos d'avril pou l'Sainte-Odette.

Oracheà l'Saint-Thiébaut (l'huit du meos d'juillet), beauqueop d'ieau dins l'tonnieau.

A l'Sainte Alice, n'traite surtout pos t'feimme d'belle in cuisses.

"Mo bé, dins queul almanach t'as trouvé tout cha ?".

"Bé, dins l'almanach de m'tiête espèce de colas !".

J'pinseos qui m'aveot bin compris quanç'que tout à n'ein queop i-m'a dit :

"T'es seûr qu'à l'Sainte-Véronique on orsint d'ses romatiques pasque mi d'puis avant-hier d'ein peu partout j'souffère".

I-est beon, va, on va canger d'conversatieon sineon jusqu'au soir au va rester su les dicteons.

"Tins in parlant d'dicteon, t'as pos ravisé su No Télé, d'l'Hôtel de Ville i-ont ortansmis l'dictée. J'ai tout d'suite compris que ch'n'éteot pos pou mi, pou l'écrire i-falleot ête ein artisse pasque d'jà dins l'tite t'aveos l'meot oaristys. "Conversation tendre-idylle", j'ai ainsin appris dins l'dictionnaire, ein meot pou dire in dansant à t'partenaire.

"Vins ichi m'pétit mimisse, j'sins qu'on va avoir eine oaristys?

T'in conneos bramint d'heommes qui, in amour, dise'tent cha à leu feimme pratiquemint tous les jours. 

"Mo Dieu, depuis que j'vous ai épousée, ma chère Alice, nous vivons insanne eine éternelle oaristys !".

L'ainnée prochaine, cha va canger, l'nouvieau "ortografe" i-a été décidé. On va tout écrire in "fonétique", comme su internet, pa d'zous les artiques. T'as d'jà vu, là d'zeur, les commintaires, bé, vraimint, i-n'a pos à ruers'capieauinl'air. J'vas t'raqueonter ichi eine affaire véridique, j'l'ai li pa d'zous eine artique su l'récauff'mint climatique qui éteot signé du préneom d'Monique. L'feimme elle aveot écrit, in français, du moinse ch'est c'qu'elle aveot supposé : les gens croivent tout ce qu'on leur dit. Ein eaute i-li a répeondu, jusse après, les gens croient, corrigeant ainsin l'feaute d'français. Aussi sec, elle l'a traité d'annochint et d'imblavé, ajoutant que ch'n'éteot pos l'verbe croitre (sans mette ein accint) mais bien l'verbe croiver. Elle éteot tell'mint seûre d'elle qu'elle li a dit d'activer s'pétite cervelle !".

L'ainnée prochaine Caroline et Jeanne-Marie, i-n'areot pos difficile de trouver de l'matière, pou l'dictée, ch'est désormais su internet que l'texte i-faudra aller l'querre. J'veos d'jà ichi l'sujet queusi pou l'orthographe : ma meuf, j'la kiffe grave. I-n'minqueot pus qu'cha : garchenner no belle lanque françaisse, Mossieu l'académicien on la truèfe mauvaisse. Dins vingt ans, on écrira : jé mi une chene à ma tronsoneuze pour abatre le vieu chene, on pourra dire : rien ke du boneur pou les idios, à l'otel de vile l'dikté sera la fware aux zozos.

J'areos bin continué mais m'bus i-est arrivé, j'n'ai eu que l'temps d'traverser, hureus'mint, à Saint-Brice,'i-a toudis eine file à l'arrêt.

Oblier l'trait d'unieon, passe acore mais inter eine file (fille) ou bin eine file (file), veyez comme ch'est important de n'pos treop simplifier. Quanc'que vous devez dire : j'ai fait l'file ave m'feimme, i-ara toudis quéqu'ein pou comprinte du prumier beond : "Tins i-ont deonné eine pétite sœur à leu garcheon !".

Au momint d'finir m'babillarte du saim'di, j'ai eine pinsée émue pou Mamzelle Jacqueline, fidèle lectrice de m'blog, qui défind l'belle lanque d'nos inciens, eine lanque qu'elle a inseignée à bramint d'pétit rotleots, béteôt elle ne pourra pus m'tirer les orelles si asteur j'écris "belle" ave ein seul l.

(lexique : l'seot : le sot / l'tape d'ein bistreot : la table d'un café / l'veox : la voix / les amisses : les amis/ printe : prendre / du queop : du coup, dès lors / chiffler : siffler, boire un verre d'une traite / s'laicher caire : se laisser tomber / commincher : commencer / débabeiner s'cap'let : littéralement débobiner son chapelet, raconter ses malheurs / jusse : juste / querre : chercher / des liards : de l'argent, des sous / pasque : parce que / orsaquer : retirer / orfaire : refaire / pidouler dins l'bédoule : patauger dans la boue / l'pluèfe : la pluie / quanç'que : lorsque / acouter : écouter / orwettier : regarder / quieaud : chaud / l'palle : la paille / l'pal'teot : le paletot, le manteau / des cacoules d'innochints d'Bornibus : des mensonges, des inventions / m'gramère : ma grand-mère / l'quate d'féverrier : le quatre février / les romatiques : le rhumatisme / moutrer ses tettes : montrer sa poitrine, être topless / orache : orage / l'meos : le mois / l'ieau : l'eau / ein colas : littéralement un geai (oiseau) mais en patois : un crétin, un niais, un naïf / tout à n'ein queop : tout à coup / seûr : sûr / orsintir : ressentir / souffère : souffrir / canger : changer / raviser : regarder / ortransmettre : retransmettre / l'tite : le titre / m'pétit mimisse : expression d'affection utilisée surtout pour les jeunes enfants / bramint : beaucoup / insanne : ensemble / pa d'zous les artiques : sous les articles / là d'zeur : là-dessus / ruer s'capieau in l'air : littéralement jeter son chapeau en l'air, grande liesse / raqueonter : raconter / l'récauff'mint : le réchauffement / du moinse : du moins / ein imblavé : un orgueilleux, un faiseur d'embarras / queusi : choisi / garchenner : abîmer, gaspiller / l'lanque : la langue / on la truèfe : on la trouve / toudis : toujours / acore : encore / inter : entre / quéqu'ein : quelqu'un / l'garcheon : leu garçon / m'babillarte du saim'di : ma lettre du samedi / mamzelle : mademoiselle / des rotleots : des roitelets (oiseau) mais aussi en patois terme d'amitié pour un enfant / béteôt : bientôt : asteur : maintenant).

S.T. février 2016. 

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